Élisabeth Borne : "Les CPER sont des outils de notre planification écologique"
Élisabeth Borne était dans le Tarn, jeudi, pour signer avec la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, le contrat de plan État-région, doté de 6,4 milliards d'euros entre 2021 et 2027. Un contrat qui place la "planification écologique" au coeur de ses préoccupation. Même si - comme tous les CPER en cours de signature - il est encore privé de son volet "mobilités". Celui-ci est renvoyé aux analyses du Conseil d’orientation des infrastructures et à des avenants prévus pour 2023.
"6,4 milliards d'euros, à parité entre l’État et la région. C’est plus du double que l’exercice précédent." En signant jeudi 1er décembre à Albi (Tarn), avec la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, le contrat de plan État-région (CPER) 2021-2027, Élisabeth Borne a salué un effort "exceptionnel par son ampleur" (à titre de comparaison celui de la région Aura dispose de 4,4 milliards d'euros). Cette signature est loin d'être la première et elle apparaît même bien tardive, mais la Première ministre a voulu apposer elle-même son sceau, avec le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoire, Christophe Béchu, comme pour montrer les résultats de la "nouvelle méthode, fondée sur le dialogue et la coconstruction entre l’État et les régions" impulsée lors du dernier congrès des régions, en septembre à Vichy (voir notre article du 16 septembre 2022). Une coconstruction qui n’a pas empêché quelques couacs, comme la suppression de la CVAE ou la mise au second plan des régions dans le chantier de France Travail. Sujets sensibles sur lesquels l’association Régions de France, présidée Carole Delga, se montre sur la retenue.
Ce contrat – premier signé par la région Occitanie en tant que telle, depuis la fusion du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées – "sera d'abord un outil déterminant pour la transition écologique", a souligné Élisabeth Borne. Pour la cheffe du gouvernement, les CPER sont un moyen de mettre en œuvre la planification écologique dans le cadre de la stratégie France nation verte qu’elle a dévoilée le 21 octobre (voir notre article du 21 octobre 2022). "Le principe : filière par filière, territoire par territoire, nous fixer des objectifs, un calendrier et des moyens. Les CPER sont donc des outils de notre planification écologique. Il ne s’agit pas seulement d’aménager le territoire, mais de le préserver et de nous adapter", a-t-elle développé.
Dans le détail, l’État et la région apporteront respectivement 3,14 milliards d’euros et 3,22 milliards d’euros au contrat. Sachant que 2 milliards d’euros proviennent de l’accord régional de relance pour 2021 et 2022. Le contrat repose sur deux piliers : le premier consiste à "construire un nouveau modèle de développement alliant excellence et soutenabilité". Le second à "œuvrer pour le rééquilibrage des solidarités dans les territoires de l’Occitanie".
"Révolution ferroviaire"
Alors que le "changement climatique s’impose comme un enjeu crucial en Occitanie, avec des effets majeurs (risques naturels, sécheresses, submersions)", la région poursuit un "nouveau modèle de développement" axé sur "la sobriété, la préservation des ressources naturelles, la transition énergétique, le développement de l’agroécologie et la gestion des risques", soulignent les deux partenaires. L'axe décidé à la transition écologique (sous-pilier 1) mobilise à lui seul près de 2,3 milliards d’euros, sans compter les crédits dédiés aux mobilités hors crédits de relance, qui feront l’objet d’avenants l’an prochain tenant compte de "l'analyse que le Conseil d’orientation des infrastructures est en train de produire", a expliqué Élisabeth Borne. Et d’appeler à marcher sur "deux jambes" : les grands projets comme les lignes à grande vitesse et les déplacements du quotidien, "déterminants pour le désenclavement". Les récentes annonces d’Emmanuel Macron appelant à la création d’un réseau de RER dans dix métropoles françaises viennent un peu plus compliquer les discussions, même si les métropoles et les régions ont d’ores et déjà dit qu’elles prendraient "leur part de cet effort".
"Oui nous sommes pour les RER métropolitains, mais je tiens à rappeler que la condition reste la réalisation des 2 LGV (Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan, ndlr), c’est indispensable", a insisté Carole Delga. Voilà qui devrait satisfaire les élus métropolitains, mais Carole Delga a aussi eu une pensée pour les trains du quotidien. "Il faut des trains à l’heure et des trains pas chers", a-t-elle déclaré, appelant de ses vœux, une "révolution ferroviaire", un "New Deal ferroviaire".
Un million d'habitants de plus d'ici 2050
La région poursuit aussi son objectif de devenir "la première région à énergie positive" et "une des premières régions scientifiques et technologiques d’Europe", a déclaré sa présidente.
Le contrat tient compte par ailleurs de l’enjeu démographique de l’Occitanie dont la population devrait croître d’un million d’habitants d’ici 2050, ce qui en ferait l’une des régions les plus dynamiques sur ce plan, comme vient de le montrer une récente étude de l’Insee (voir notre article du 30 novembre 2022). "C’est considérable. Cela veut dire que les services publics doivent continuer à se renforcer, notamment dans les territoires ruraux", a insisté Élisabeth Borne. C’est aussi un enjeu économique. "Pour répondre à la dynamique démographique (…), nous avons besoin de créer 24.000 emplois par an", a fait valoir se son côté Carole Delga. Là encore, elle ambitionne de faire de l’Occitanie "l’une des premières régions scientifiques et technologiques d’Europe", avec l’annonce de la création d’un fonds souverain régional doté de 200 millions d’euros pour la transformation économique et 200 millions d’euros pour la transformation écologique…
Carole Delga souligne la nécessité de "relier les gens" et l’importance des "solidarité territoriales", en particulier dans le domaine de la santé. La région participera pour la première à la reconstruction de centres hospitaliers : l’Hôpital commun du Sud Aveyron et les centres hospitaliers de Montauban et d’Auch. Le contrat comporte aussi des actions en matière de souveraineté alimentaire, de formation et d'emploi.
Si le président du département du Tarn et la présidente de la communauté d’agglomération de l’Albigeois étaient présents lors de la signature, ce n’était pas le cas des représentants des métropoles régionales.