Culture / Education - Education artistique et culturelle : le gouvernement veut faire chanter les écoles
Le 14 septembre, Françoise Nyssen et Jean-Michel Blanquer, respectivement ministres de la Culture et de l'Education nationale, ont présenté en conseil des ministres une communication sur l'éducation artistique et culturelle (EAC). Après avoir souligné que le chef de l'Etat fait de l'EAC une priorité - comme tous ses prédécesseurs -, la communication rappelle l'objectif fixé par Emmanuel Macron : "100% des enfants touchés par les trois dimensions que sont la pratique artistique, la fréquentation des œuvres et la rencontre avec les artistes, l'acquisition de connaissances dans le domaine des arts et de la culture".
Une double priorité : la pratique et la lecture
Si, comme le veut l'exercice, la communication fixe de grandes orientations et ne détaille pas leur traduction concrète, elle n'en esquisse pas moins un certain nombre de mesures nouvelles ou d'approfondissements. Ainsi, les deux ministres fixent une double priorité : "la pratique artistique, notamment dans le domaine de la musique et du théâtre, qui demeure inégale, et le livre et la lecture". Mais, en même temps et "pour changer la donne", le chant, la pratique orchestrale et le théâtre vont faire l'objet d'un "développement volontariste". Prolongeant la récente "rentrée en musique" (voir notre article ci-dessous du 27 juin 2017), il est prévu de mettre en place une chorale dans chaque établissement scolaire et de renforcer les partenariats entre établissements scolaires, conservatoires et associations de pratiques orchestrales.
Multiplier les artistes en résidences et les partenariats culturels
En matière de pratique artistique, le développement des résidences d'artistes - déjà bien engagé (voir nos articles ci-dessous du 25 octobre 2016 et du 23 janvier 2017) - sera poursuivi et amplifié, de même que les dispositifs de découverte des lieux culturels et des œuvres in situ, tandis que la mobilisation des établissements publics culturels nationaux sera systématisée dans les zones d'éducation prioritaire (voir notre article ci-dessous du 16 février 2017).
Sur le livre et la lecture, la communication prévoit de renforcer les programmes d'incitation à la lecture et à l'expression orale, "en s'appuyant sur le réseau des bibliothèques et médiathèques". Pour cela, "le 'rendez-vous en bibliothèque' sera rendu systématique et régulier".
Professionnaliser les outils
La communication prévoit aussi de professionnaliser l'EAC, en mettant à sa disposition des outils plus performants : amélioration de la mise en relation des enseignants et des acteurs culturels et de l'accompagnement dans la mise en œuvre des projets, renforcement des ressources numériques pédagogiques des établissements culturels, soutien à la généralisation de kits ou mallettes pédagogiques... Il est également prévu de développer la formation initiale et continue des personnels encadrant les enfants et les jeunes.
Du côté des collectivités territoriales - qui ne sont pas expressément citées dans la communication, malgré leur rôle en matière d'EAC -, les contrats locaux d'éducation artistique et culturelle (Clea) seront développés, afin d'accompagner "les initiatives dans les autres temps de vie et d'accueil des enfants". La communication prévoit en effet que la généralisation de l'EAC inclura les enfants et les jeunes "en situation spécifique" (handicap, décrochage scolaire, protection judiciaire de la jeunesse...), mais aussi ceux des établissements d'accueil du jeune enfant (Eaje), autrement dit les crèches. Enfin, le Haut Conseil à l'éducation artistique et culturelle sera chargé de recenser et de "faire rayonner" les meilleures pratiques développées dans les territoires, grâce à une politique de labellisation.
Dernière précision - qui attend néanmoins une traduction chiffrée dans le prochain budget - : "Le financement de la politique en faveur de l'éducation artistique et culturelle et les nouvelles actions qui seront menées en partenariat avec l'institution scolaire et les partenaires culturels constitueront une des priorités pour le prochain budget des deux ministères."