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Rapport Doucet - Comment généraliser l'éducation artistique et culturelle ?

Sandrine Doucet a remis à Bernard Cazeneuve, le 25 janvier, son rapport sur "Les territoires de l'éducation artistique et culturelle". La lettre de mission signée de Manuel Valls en juillet 2016 - dans le prolongement du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 13 avril 2016 - demandait notamment à la députée de la Gironde de dégager "des bonnes pratiques en matière de conception, de mise en œuvre et d'apports pour l'élève des projets inscrits dans le cadre du parcours d'éducation artistique et culturelle sur les territoires prioritaires de la politique de la ville, ainsi que sur les territoires ruraux et périurbains les plus éloignés de l'offre culturelle".

Un élève sur deux a eu "une expérience de rencontre avec l'art"

S'appuyant sur des visites sur huit sites différents et sur le recueil de près de 300 témoignages, le rapport de Sylvie Doucet commence par dresser un état des lieux de l'éducation artistique et culturelle (EAC). Sur ce point, l'impulsion donnée depuis quatre ans - avec, par exemple, une hausse de 12% des crédits dédiés dans la loi de finances pour 2017 - commence indubitablement à porter ses fruits. Au final, les crédits consacrés à l'EAC devraient ainsi avoir été multipliés par deux en cinq ans.
Plusieurs initiatives ont accompagné cet effort budgétaire : introduction de l'éducation artistique et culturelle dans les missions des établissements publics d'enseignement, élaboration d'une charte de l'EAC, labellisation et conventionnement de lieux dans le prolongement de la loi sur la liberté de création, l'architecture et le patrimoine du 7 juillet 2016, développement des résidences artistiques en milieu scolaire avec le dispositif "Création en cours" dans les territoires fragiles, meilleure reconnaissance des heures consacrées par les artistes et les professionnels aux activités d'EAC...
Aujourd'hui, le rapport estime qu'environ un élève sur deux bénéficie d'une "expérience de rencontre avec l'art, grâce à l'éducation artistique et culturelle".

Rien ne se fera sans les collectivités

Si les progrès sont tangibles, la généralisation reste encore à accomplir. Pour y contribuer, le rapport formule un grand nombre de propositions, qui auraient bien mérité d'être priorisées.
On en retiendra notamment que l'EAC est une "politique publique singulière", "fruit d'une politique partagée, d'une collaboration toujours plus étroite entre l'Etat et les collectivités locales et territoriales. Celles-ci contribuent très activement à son développement et partagent cette ambition pour l'épanouissement individuel de chacun, mais aussi pour la cohésion culturelle et sociale dans les territoires". Ce partenariat se construit notamment autour des PEDT : les projets éducatifs de territoire.
Au-delà de ce nécessaire partenariat, le déploiement de l'EAC repose sur la construction du parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC), dont l'institution scolaire est le pivot. Sa réussite passe par l'exigence sur le niveau des contenus, la garantie de la qualité des dispositifs, la formation des acteurs ou encore la promotion de la place des animateurs et de l'action en régions des fédérations d'éducation populaire.

Un contrat pluriannuel pour les territoires défavorisés

Pour sa part, la garantie du parcours pour tous suppose de renforcer le rôle de pilotage de l'Etat - avec en particulier la réunion du premier comité interministériel pour l'éducation artistique et culturelle, sous l'autorité du Premier ministre -, mais aussi les dispositifs territoriaux. Pour cela, le rapport préconise notamment que l'Etat s'engage sur un contrat pluriannuel de territoire multipartite "au bénéfice des territoires éloignés de l'offre culturelle". Destiné aux "territoires défavorisés dépourvus de politique structurée en faveur de l'EAC" et doté d'un fonds spécifique, ce contrat vise "un nombre restreint de territoires ciblés parmi les quartiers prioritaires urbains, milieux ruraux et zones périurbaines fragiles".
Dans le même esprit, le rapport suggère de renforcer le rôle du comité territorial de pilotage (CTP) et de l'adapter au nouveau découpage des régions. Ce comité serait notamment chargé de piloter l'instruction et le suivi des contrats pluriannuels de territoires pour le PEAC. Autre piste avancée par le rapport : l'association de la conférence territoriale de l'action publique (CTAP) au développement de l'EAC.