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Édouard Philippe a répondu à (presque) toutes les attentes de l'Agenda rural pour l'école

L'école fait l'objet de huit propositions dans le plan gouvernemental en faveur des territoires ruraux dévoilé le 20 septembre 2019. Toutes, en particulier la mise en place d'un indice d'éloignement, sont issues d'un rapport dévoilé en juillet dernier.

Le 20 septembre dernier, Edouard Philippe traçait les grandes lignes du plan gouvernemental en faveur des territoires ruraux. Parmi les thèmes traités, l'école n'était pas en reste. Et pour cause. Les mesures contenues dans le document "Nos campagnes, territoires d'avenir" s'appuient en effet sur les "200 propositions pour un agenda rural", issues d'un rapport de juillet 2019 rédigé par des parlementaires et des élus locaux et qui contenait l'essentiel des annonces du Premier ministre.

"Indice d'éloignement"

Emblématique des préoccupations des territoires ruraux, la définition d'un "indice d'éloignement" fait partie des mesures annoncées. L'idée est de mettre en place de nouveaux critères dans l’allocation des moyens des établissements scolaires afin de mieux prendre en compte les spécificités des établissements ruraux. Les rapporteurs de l'"Agenda rural" estimaient en effet qu'"un indice d’éloignement et de fragilité socio-économique des élèves" doit permettre de définir les établissements qu'"il ne faut absolument pas fermer car ils assurent une fonction de centralité dans les territoires ruraux". Dans leur esprit, cet indice doit également servir "à assurer une péréquation nationale de la répartition d’effectifs d’enseignants, afin d’affecter plus d’enseignants dans les académies où le nombre d’établissement 'éloignés' est élevé". Un travail pour classer les établissements, notamment les collèges, selon leur pertinence territoriale et leur zone de recrutement sera donc lancé par le ministère de l’Éducation nationale.

En juillet, les auteurs des "200 propositions pour un agenda rural" estimaient que "la véritable problématique scolaire en milieu rural est l’orientation et les freins qui pèsent sur les élèves et les familles pour la poursuite des études au lycée et en études supérieures". Les deux mesures qu'ils préconisaient pour lever ces freins ont été reprises. D'abord en doublant le nombre de jeunes élèves ruraux bénéficiaires des Cordées de la réussite, dispositif d’accompagnement à l’orientation. Ensuite, Édouard Philippe a repris l'idée consistant à déployer 33 campus connectés dans les territoires ruraux afin de permettre aux jeunes bacheliers de poursuivre leurs études supérieures à distance en bénéficiant d’un accompagnement renforcé.

Une autre mesure consiste à prendre en compte les spécificités des classes multi-âge, notamment lors de la formation des enseignants et dans l’accompagnement de leur carrière, et ceci, comme l'avaient prescrit les élus, pour les "inciter à venir travailler en zone rurale". Autre mesure spécifique, côté élèves et familles, cette fois : revaloriser le montant des bourses d’internat, qui bénéficient essentiellement aux jeunes ruraux, dans le cadre du plan Internat du XXIe siècle.

Rien contre l'allongement des temps de trajet

Enfin, deux mesures visant des publics spécifiques ont également été annoncées, toujours en accord avec les recommandations de l'Agenda rural : le recrutement de 200.000 élèves dans les établissements agricoles publics et privés, et le rattachement de toutes les écoles rurales à un pôle inclusif d'accompagnement localisé (Pial) à l’horizon 2021 pour garantir la prise en charge des élèves en situation de handicap. Cette mesure est d'ailleurs mentionnée dans le Projet de loi de finances pour 2020, présenté le 27 septembre : le gouvernement indique que le budget de l'Education nationale et de la jeunesse sera en hausse de + 1 milliard d'euros en 2020 et qu'à travers la loi pour une école de la confiance, l'amélioration de l'accueil des élèves en situation de handicap se traduira notamment "par la généralisation progressive, au sein des écoles et établissements, de pôles inclusifs d’accompagnement personnalisé". 

Plus généralement, et afin de "renforcer le dialogue entre les rectorats et les élus locaux sur l’organisation scolaire et les projets éducatifs" et de "prendre en compte les spécificités de ces territoires", le Premier ministre a donné une suite favorable à la proposition consistant, d'une part, à déployer les "conventions ruralité" (on en compterait aujourd'hui une petite cinquantaine) en les appuyant sur les projets éducatifs de territoire (PET) et, d'autre part à travailler à leur articulation avec les contrats de ruralité.

En revanche, il est une revendication majeure du rapport de juillet 2019, qui figurait même en première place des recommandations, à laquelle le Premier ministre n'a pas accédé : "Garantir l’accès à une école maternelle et primaire à moins de 20 minutes de trajet et ne plus affecter d’enseignants sur plus de deux établissements primaires et secondaires." Les rapporteurs estimaient d'une part que les fermetures de classes et certains regroupements pédagogiques avaient engendré "un allongement des temps de trajet pour les enfants qui ne sont plus acceptables", et d’autre part, que "l’affectation d’enseignants sur plus de deux établissements a pour conséquence d’affaiblir la dynamique pédagogique dans les établissements".