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e-Fran : le PIA3 contribue à créer des "territoires éducatifs d'innovation numérique"

Le mardi 31 janvier a vu, en présence de la ministre Najat Vallaud-Belkacem et du commissaire général à l'investissement, Louis Schweitzer, le lancement officiel de la nouvelle vague des projets e-Fran. Les 22 lauréats de l'appel à projets déclinent des expérimentations de pointe en matière d'éducation numérique, co-construites avec l'Education nationale, les collectivités, les chercheurs et les entreprises innovantes. Le PIA3 investit 500 millions d'euros pour l'innovation pédagogique, en droite ligne de sa priorité donnée à l'enseignement et la recherche. e-Fran en bénéficie à hauteur de 19,5 millions d'euros, soit la moitié de son budget.

Ludo, Arabesc, Fluence : autant de noms de codes dignes de manœuvres militaires, pour désigner les projets innovants qui se déploieront dans 15 académies métropolitaines à la rentrée 2017. Déployés en enseignement secondaire et primaire, ils viseront à proposer des expériences novatrices par leurs aspects pédagogique et technique, afin d'améliorer la réussite des élèves. A la manière du projet Arabesc, dans l'académie Aix-Marseille, qui vise à comparer l'efficacité des méthodes d'apprentissage de l'écriture arabe à la main et sur tablette. On note aussi le projet multi-académies TAO, qui fait de Twitter une occasion d'apprentissage au service de l'orthographe.

Des démarches articulées localement

Si les lauréats sont qualifiés de "territoires éducatifs d'innovation numérique", c'est que les démarches engagées sont partenariales et souvent ancrées dans un contexte local. Dans l'académie de Clermont-Ferrand, c'est le projet e-P3C qui a été retenu, servant l'objectif de mieux différencier les méthodes d'apprentissage en classe selon le besoin de chaque enfant. "Les départements et la région ont été associés à la démarche", assure Nicolas Rocher, inspecteur d'académie et chargé de mission pour les usages des ressources numériques. "Le projet est en lien avec les efforts des collectivités en matière d'équipement numérique, comme les établissements les mieux équipés sont les plus propices à l'expérimentation", remarque-t-il. C'est ainsi que les quatre collèges impliqués avaient tous bénéficié de dotations de tablettes dans le cadre du plan numérique et que la région a mis à disposition ses "lycées tout numérique", lancés à partir de la rentrée 2016, pour implémenter le projet e-P3C. La dimension locale du projet est aussi soulignée par l'implication d'une start-up basée au Puy-en-Velay et spécialisée dans les ressources pédagogiques, Maskott. Un champion émergent des EdTech, qui perfectionne son offre sur son propre territoire.

Les collectivités encouragées à investir

Si équipement numérique et innovation pédagogique vont désormais de pair, il s'agit d'une nouvelle incitation pour les collectivités à équiper rapidement le plus grand nombre d'établissements. Là aussi, l'e-Fran pourrait avoir une pertinence, en apportant des critères de discernement sur l'arbitrage des investissements en matériel numérique. Avantage souligné par Nicolas Chung, chargé du PIA3 à la Caisse des Dépôts : ces expérimentations sont un enjeu de finances publiques. Argument de taille, quand on sait que l'Etat veut consacrer un milliard d'euros au numérique éducatif.

Une occasion d'évaluer les vertus du numérique ?

Du côté des chercheurs impliqués dans les expérimentations, le ton se faisait bien plus prudent ; les projets e-Fran ont davantage vocation à examiner les effets du numérique sur l'apprentissage plutôt que d'en prouver forcément l'utilité. Plusieurs ont espéré que les résultats des études, à attendre dans au moins trois ans, recevraient autant de publicité que leur lancement. Une exigence nécessaire mais peut-être peu entendue, à l'heure où le numérique éducatif revêt une image encore très consensuelle parmi les décideurs locaux et nationaux.