Drogues : les livraisons à domicile gagnent les petites agglomérations

Les pratiques de vente des trafiquants de drogue continuent de se "perfectionner", indique un rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), qui relève notamment le développement des livraisons à domicile.

En pleine expansion pendant la crise sanitaire, notamment dans les métropoles, la livraison de drogues à domicile gagne à présent "des villes secondaires, voire de petites agglomérations, comme en Picardie ou dans la Meuse". Une pratique qui continue de "se perfectionner" avec, par exemple, la possibilité de suivre sa commande par GPS. C'est ce qu'indique l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) dans sa dernière étude sur les tendances récentes et nouvelles drogues (Trend), publiée le 14 janvier. Ses observations, qui portent sur l'année 2023, relèvent en particulier que "les pratiques de vente et les modalités d’organisation des réseaux de trafic continuent de se perfectionner afin de satisfaire les consommateurs".

Les livraisons par voie postale ont également le vent en poupe, par le truchement du Darkweb ou de l'application Telegram. Dans ce cas, le paiement s’effectue par cryptomonnaie "via une application de paiement dématérialisé ou carte bancaire prépayée". Des sites hébergés aux Pays-Bas permettent également d'expédier des substances interdites en France, comme les truffes de psilocybine ("truffes magiques"). Pour les usagers, les envois postaux permettent d'éviter tout contact direct avec les trafiquants, une certaine sécurité, des prix bas et la possibilité de se fournir en produits peu disponibles ailleurs comme les nouveaux produits de synthèse (NPS). Ces derniers n'étant pas encore classés comme stupéfiants en France.

Précarité

Parmi les nouvelles tendances, l'étude mentionne le "chemsex" et liste également trois incidents sanitaires liés à des usages de substances opioïdes en 2023. L'un d'eux s'est déroulé à Montpellier où neuf personnes ont été intoxiquées, dont une est décédée, après la consommation une poudre blanche appelée "héroïne chinoise" étant en réalité un puissant opioïde de synthèse, l’isotonitazène.

L'observatoire alerte par ailleurs sur la situation des consommateurs précaires ou "marginalisés", dont les ressources sont constituées de minima sociaux ou de revenus "tirés d’activités informelles" (mendicité, petite délinquance, etc.) et qui se tournent le plus souvent vers le crack (pour dix euros la dose). Certains n'ont aucune couverture sociale et les professionnels rapportent "une amplification des consommations chez de nombreuses personnes vivant dans la rue". Ils pointent aussi la situation préoccupante des femmes "du fait de leur exposition importante aux violences physiques et sexuelles". "Le manque de médecins, généralistes comme spécialistes, particulièrement saillant sur certains territoires éloignés des métropoles constitue un premier obstacle à l’accès aux soins", souligne l'étude.

 

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