Dix-neuf projets de restauration de la nature sélectionnés pour la 2e édition du "Loto de la biodiversité"

Reconstitution des mares forestières de Chambord, sauvegarde des habitats de chouettes effraies et des iguanes des petites Antilles ou réintroduction du pin de Salzmann en Ardèche : 19 projets de restauration de la nature seront financés grâce aux fonds récoltés lors la 2e édition du "Loto de la biodiversité", qui a débuté ce 28 octobre. Plusieurs de ces projets sont directement portés par des collectivités territoriales.

La première édition du "Loto de la biodiversité", de son nom officiel "Mission Nature", avait été lancée par l'Office français de la biodiversité (OFB) et la Française des jeux (FDJ) en 2023. S'inspirant du "Loto du Patrimoine", l'opération avait permis de récolter 7 millions d'euros pour financer 21 projets.

Cette année, l'enveloppe cible est de 6 millions d'euros à rassembler via ce jeu de grattage. Sur chaque ticket, vendu 3 euros, 43 centimes seront reversés à l'OFB pour le financement des différents projets. Les joueurs pourront empocher jusqu'à 30.000 euros de gain au maximum. Un tirage du loto spécial était également prévu ce lundi soir avec des billets vendus 2,20 euros dont 53 centimes reversés à l'OFB.

"L'enjeu est à la fois financier pour récolter des fonds pour les projets mais aussi de mobiliser l'opinion publique sur les enjeux de biodiversité", a expliqué Charles Lantieri, directeur général délégué de la FDJ, lors d'une conférence de presse avec Olivier Thibault, directeur général de l'OFB. "Cette démarche s'inscrit pleinement dans l'écologie de proximité que nous souhaitons promouvoir", a déclaré Agnès Pannier-Runacher, citée dans un communiqué. "La préservation de la biodiversité n'est pas une option, c'est un impératif", a rappelé la ministre de la Transition écologique, actuellement en déplacement en Colombie pour représenter la France à la COP16 Biodiversité qui se déroule jusqu'au 1er novembre.

Les 19 projets retenus cette année, suite à un appel à projets lancé en février dernier, s'articulent autour de quatre grands écosystèmes à préserver : les zones humides, les milieux forestiers, les prairies et les espèces en danger. Les critères de sélection étaient qu'ils devaient "être concrets, avec des impacts visibles sur les territoires, prêts à démarrer, répartis sur l'ensemble de la métropole et des DOM-TOM, et pérennes dans le temps", a expliqué Olivier Thibault.

Beaucoup s'articuleront autour de la préservation des mares, dont 50% ont disparu en France depuis les années 50, ou de marais, les zones humides représentant à la fois des réservoirs de biodiversité mais également de carbone pour limiter le réchauffement climatique.  Plusieurs espèces animales en danger important d'extinction, comme le gecko vert de Manapy (une espère de lézard endémique de la Réunion) ou le vison d'Europe, bénéficieront également de ces projets de restauration des habitats naturels.

Gestion écologique de forêts

Sept des 19 projets lauréats sont portés par des collectivités territoriales. La commune de Banne, en Ardèche, va ainsi bénéficier d'une subvention prévisionnelle de 50.328 euros pour réintroduire le Pin de Salzmann, une espèce endémique de sa forêt communale, présente dans seulement trois zones en France. Alors que ces arbres couvrent 30 des 250 hectares de la forêt communale, et bénéficient d'un peuplement classé sur 2 hectares, le projet vise à conserver l'espèce et à augmenter la surface des pinèdes en récoltant les graines pour produire de jeunes plants implantés localement. Des techniques telles que la coupe des pins hybridés, le relevé de couvert pour favoriser la croissance des plants âgés de 8 ans et le grattage du sol pour encourager la régénération naturelle sont utilisées.

La communauté de communes du Clunisois, en Bourgogne-Franche-Comté, va recevoir une subvention prévisionnelle de 59.000 euros pour la mise en place d'une zone de préservation dans une forêt de près de 60 hectares qu'elle a acquise récemment et qui recèle majoritairement des douglas et feuillus d'intérêt écologique. L'objectif est de mettre en place un plan de gestion écologique et une obligation réelle environnementale pour sécuriser la protection de la forêt sur le long terme et améliorer les connaissances sur la biodiversité des peuplements.

Restauration de continuités écologiques

La communauté d'agglomération de Tulle va, elle, bénéficier de 101.924 euros de subvention prévisionnelle pour restaurer des continuités écologiques sur sa ferme intercommunale, un projet né en 2020 pour développer l'agroécologie. L'idée est de restaurer et reconnecter les milieux naturels et agronaturels qui occupent la moitié de sa surface (ruisseau, zones humides…).

Au titre de sa compétence sur les espaces naturels sensibles, le département de la Charente-Maritime figure lui aussi parmi les bénéficiaires de "Mission Nature" pour la création d'un "serpenduc" (passage à reptiles sous la route) près de la citadelle de Brouage, zone d'habitat très prisée de plusieurs espèces de couleuvres. Pour ce projet qui consiste à restaurer la continuité écologique en faveur de la conservation de ces reptiles, la subvention prévisionnelle est de 50.430 euros.

Des parcs naturels régionaux récompensés

Plusieurs parcs naturels régionaux figurent aussi parmi les lauréats. Celui de Corse porte un important projet de restauration de la biodiversité sur le site des Pozzi du Renosu, considéré comme l'un des plus remarquables de la montagne corse, sur le territoire de la commune de Bastelica. Le projet, qui doit recevoir une subvention prévisionnelle de 152.476 euros, consiste notamment à aménager un sentier pédagogique de contournement et une zone d'enclos pour protéger la biodiversité exceptionnelle du lieu aujourd'hui menacée par la fréquentation accrue des randonneurs.

Le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin, en Normandie, doit quant à lui recevoir une subvention prévisionnelle de 999.040 euros pour la reconversion de la tourbière de Sèves, dont l'exploitation a généré la formation du plus grand plan d'eau intérieur de la Manche devenu un site ornithologique d'exception. L'extraction de la tourbe prenant fin en 2026, l'idée est de sauvegarder les espèces patrimoniales présentes sur place en améliorant notamment les connaissances sur la faune aquatique et semi-aquatique tout en régulant les espèces végétales exotiques envahissantes et en menant des opérations de fauches et de débroussaillage pour réouvrir les milieux. Le Parc naturel régional des Grands Causses, en Occitanie, va, lui, bénéficier d'une subvention prévisionnelle de 435.659 euros pour un important projet de restauration du réseau de mares des Causses du Larzac

En 2025, la troisième édition de l'opération sera consacrée à la protection des sites emblématiques maritimes en Hexagone et en outre-mer. Elle portera donc exclusivement sur des projets de restauration d'écosystèmes littoraux et marins dans toutes leurs composantes (habitats, espèces, fonctions, pressions/menaces…). L'appel à projets pour sélectionner les lauréats a été lancé ce 22 octobre et les candidats ont jusqu'au 28 février 2025 pour déposer leur dossier sur le site dédié.