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Mobilité professionnelle - Deux tiers des salariés veulent bouger professionnellement

La mobilité professionnelle, voulue ou subie, est de plus en plus répandue. 46% des salariés du privé, âgé de plus de 30 ans, ont ainsi changé de travail au cours des cinq dernières années, selon un sondage TNS Sofres, présenté jeudi 4 juin, à l'occasion d'un colloque organisé par le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE). "Un salarié sur deux, c'est déjà un résultat assez élevé dans un pays où on dit souvent que les gens sont peu mobiles", a affirmé à cette occasion Eric Chauvet, directeur adjoint du département Stratégies d'opinion à TNS Sofres. L'étude a été menée à la demande du COE qui souhaite combler un vide concernant les parcours individuels sur le marché du travail. Dans une démarche globale sur les trajectoires professionnelles, initiée en novembre 2008, le COE cherche notamment à savoir si les mobilités professionnelles se sont transformées et intensifiées ces dernières années, et pour quels salariés. D'après l'étude, globalement, les femmes (49%) sont un peu plus mobiles que les hommes (45%), de même que les jeunes (50% des 30-39 ans) par rapport aux salariés plus âgés (43% des 40-49 ans et 46% des 50-60 ans). Mais ces écarts sont très minces. Les plus grands écarts portent davantage sur les catégories socioprofessionnelles, avec des ouvriers qui sont beaucoup moins mobiles que les cadres notamment, et les niveaux d'étude. "Il y a une forte corrélation entre le niveau d'étude et la mobilité", a ainsi détaillé Eric Chauvet. 62% des diplômés de l'enseignement supérieur ayant connu une mobilité professionnelle au cours des cinq dernières années, contre seulement 39% des CAP-BEP et 32% des niveaux BEPC et moins. Autre information importante livrée par l'étude : 44% des mobilités professionnelles ont été initiées par les salariés. "Si la mobilité est importante en France, elle est davantage voulue que subie ou imposée", a confirmé Eric Chauvet. Et parmi les motivations à l'origine de ces mobilités, la rémunération (53%) apparaît en haut de la liste, suivie des conditions de travail (39%) et de l'attrait pour le poste visé (38%). L'étude s'est aussi intéressée aux souhaits des salariés pour les années à venir. Et le résultat est surprenant : 61% d'entre eux souhaitent changer d'emploi dans les deux prochaines années. Un chiffre à l'origine de nombreuses interrogations. "Il y a deux façons d'interpréter l'étude : ou on considère que le résultat en termes de mobilité est très bon, ou on s'aperçoit que deux tiers des salariés ne sont pas satisfaits dans leur poste", a ainsi fait remarquer Hervé Gourio, délégué général d'Entreprise et Progrès, qui voit dans ces chiffres le niveau d'insatisfaction des Français au travail. "Un niveau a priori élevé", a-t-il estimé. Sans compter que 30% des salariés interrogés, considérés comme "les impatients", n'ont pu vivre une mobilité professionnelle ces cinq dernières années, mais aimeraient en vivre une dans les deux prochaines années. Il y aurait donc une frustration, des envies mal gérées. Un enjeu important de la sécurisation des parcours professionnels, qui est actuellement au centre des préoccupations, notamment avec la réforme de la formation professionnelle. Mais la crise économique actuelle pousse les acteurs à se focaliser sur les salariés qui perdent leur emploi ou subissent un chômage partiel. Les "impatients" devront donc peut-être patienter encore un peu.

Emilie Zapalski