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Environnement - Des zones humides en diminution depuis 10 ans

Le ministère de l'Ecologie vient de publier un point sur la situation des zones humides sur la dernière décennie 2000-2010. Malgré le plan national d'action en leur faveur et les efforts menés par les agences de l'eau pour les restaurer, la dégradation se poursuit.

Prévue par le plan national d'action en faveur des zones humides lancé en février 2010 sur trois ans (2010-2013), une enquête nationale a été menée entre avril et juin 2011 par le ministère en charge de l'Écologie sur les zones humides. Près de 200 experts ont renseigné un questionnaire portant sur 152 sites, dont 23 en outre-mer, et aussi bien sur les littoraux que dans les plaines intérieures. Au final, sur la période 2000-2010, 48% des zones humides se dégradent, 42% restent stables et près de 11% s'améliorent. Ces chiffres suivent la tendance de la décennie antérieure (1990-2000). Avec 53% de sites en dégradation, le littoral atlantique, de la Manche et de la mer du Nord est particulièrement touché. Les dunes et les prairies humides se dégradent dans plus de la moitié des sites, notamment en méditerranée. Suivent les prairies humides, les landes humides, les mangroves et les tourbières. Les milieux salés ou saumâtres résistent mieux que les milieux d'eau douce (tourbières, annexes alluviales, milieux palustres et prairies humides). Le document du commissariat général au développement durable indique que "la dégradation résulte davantage d'une altération de l'état de conservation que d'une diminution de leurs superficies", sans pour autant communiquer les chiffres de ces superficies.

Dégradation de la qualité de l'eau

La fréquentation et l'urbanisation sont les activités humaines qui progressent le plus, avec plus localement la chasse et l'agriculture. La pression humaine est plus marquée dans les vallées alluviales, avec notamment le développement de l'exploitation des carrières de granulats, en particulier sur le littoral atlantique, en raison d'une augmentation importante de l'agriculture et de l'urbanisation. Outre les interventions sur les sols et les changements de pratiques culturales (drainage, assèchement, comblement, intensification agricole ou sylvicole, déprise agricole, abandon de l'entretien), les dysfonctionnements hydrauliques ou hydrologiques liés au climat (inondations-crues, sécheresses, tempêtes) impactent les sites à 70%. La moitié des zones connaît une altération de la qualité de l'eau, due à l'eutrophisation ou à la pollution par les produits phytosanitaires ou les hydrocarbures. La gestion des ouvrages hydrauliques et des niveaux d'eau, comme l'augmentation ou la réduction des assecs, pose aussi problème. Enfin, la quasi-totalité des espèces exotiques envahissantes animales et végétales étendent leur aire de répartition : seuls 3% des sites de métropole sont épargnés.

Une prise de conscience des services rendus

L'étude montre aussi une augmentation de la prise de conscience des services rendus par les zones humides (loisirs, biodiversité, gestion des crues, recharge de la nappe phréatique, épuration de l'eau), notamment par les élus territoriaux. La restauration se développe, mais sans compenser les dégradations. Ce sont surtout les mangroves, les dunes et les annexes alluviales qui profitent de ces efforts de restauration (+ de 30%). La mise en œuvre de Natura 2000, de plans de gestion ou de mesures agroenvironnementales bénéficient surtout aux annexes alluviales et aux landes humides.