Environnement - Des panneaux indicateurs de rivières propres dans le Sud en 2015
L'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) a annoncé le 15 septembre le lancement, en partenariat avec les départements, d'un nouveau label "Rivières en bon état" qui sera signalé par des panneaux illustrés de trois poissons implantés au bord des routes et au niveau des principaux points d'accès aux cours d'eau (plages, sentiers de randonnée, campings, bases de loisirs…) à partir d'avril 2015. Destiné à valoriser les maîtres d'ouvrage ayant mené des actions pour reconquérir la qualité de rivières, ce nouveau label complète le label "Rivières sauvages" géré par le fonds European River Nature (ERN) qui cible uniquement les rivières françaises les plus préservées.
Une démarche volontaire
L'appellation "Rivières en bon état" pourra être attribuée à des rivières ou tronçons de rivières qui présentent un bon ou très bon état écologique, au sens de la directive cadre sur l'eau, mesuré sur trois années consécutives. Les mesures pourront provenir du programme de surveillance réglementaire piloté par l'agence de l'eau RMC ou de programmes de suivi mis en œuvre par les acteurs locaux, en particulier les gestionnaires de rivières et les collectivités. Les cours d'eau éligibles font aussi l'objet d'une expertise complémentaire de l'agence de l'eau sur l'équilibre quantitatif de la ressource en eau de la rivière et sur les pressions hydromorphologiques. La labellisation étant une démarche volontaire, des appels à candidature conjoints agence/département seront lancés à partir d'octobre prochain pour mobiliser les gestionnaires de rivières. Les départements seront chargés de centraliser les candidatures puis de les transmettre avec leur avis à l'agence de l'eau RMC en charge de l'instruction des dossiers.
L'agence espère que cette labellisation incitera les conseils généraux à améliorer la protection des rivières, pour constituer un argument touristique. Selon son dernier rapport sur la qualité des cours d'eau et des nappes souterraines, 50% des rivières du grand sud-est de la France sont aujourd'hui en "bon" ou "très bon état" mais seules 30% des rivières seront éligibles au label dans un premier temps puisque celui-ci exige trois années successives de "bon état". La Corse et les Alpes comptent actuellement le plus grand nombre de rivières en bon état de France tandis que les zones les plus dégradées sont le bassin versant de la Saône, la moyenne et basse vallée du Rhône, le Languedoc et le Roussillon.
150 pesticides dans les rivières
Si l'état moyen des rivières sur la zone Rhône Méditerranée Corse s'est amélioré par rapport à 2012, grâce notamment aux pluies abondantes en 2013 qui ont dilué les polluants, l'agence relève toutefois plusieurs facteurs d'inquiétude. Le premier tient à la présence des pesticides, première cause des déclassements de cours d'eau. L'agence a identifié quelque 150 pesticides différents dans les rivières et leur nombre ne faiblit pas. Les plus fortes concentrations se retrouvent dans les zones de grande culture comme le bassin de la Saône et les zones de viticulture et de maraîchage en Bourgogne dans le Mâconnais et le Languedoc-Roussillon. Les herbicides sont les plus dangereux pour la vie aquatique et le célèbre Roundup se retrouve dans les trois quarts des rivières. Il dépasse localement jusqu'à deux fois la norme pour l'eau potable dans les cours d'eau. En outre, des pesticides comme les triazines, interdits depuis 10 ans, sont encore présents dans un quart des analyses en rivières. Globalement, leur concentration baisse bien mais l'agence constate des ressauts en période d'épandage dans les zones viticoles du Languedoc-Roussillon, de Bourgogne et du Beaujolais, ce qui laisse craindre qu'on les utilise encore.
Autre cause de déclassement constatée par l'agence : 40% des rivières ont un régime hydrologique gravement perturbé dont plus de la moitié par les prélèvements. "L'impact est fort sur les grandes zones agricoles du sud du bassin Rhône-Méditerranée ou sur la moyenne vallée de la Durance où la vie piscicole est affectée et les polluants concentrés", note l'agence qui souligne que "les efforts faits n'ont eu d'autres effets que locaux". Des opérations pilotes ont ainsi obtenu de très bons résultats : c'est le cas à l'aval de Lyon où le débit du vieux Rhône a été multiplié par 10 et où les poissons d'eau vive (hotu, barbeau, vandoise) reprennent le dessus. Enfin, la déformation du lit des rivières constitue une autre grande cause de déclassement. 54% des rivières situées principalement dans les grandes zones agricoles (bassin versant de la Saône, Lauragais) et sur le pourtour méditerranéen ont ainsi vu leur lit défiguré au point d'aggraver les crues et de détruire les habitats de poissons.