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Logement et autonomie des jeunes - Des moyens seront annoncés dans le cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté

Des moyens pour l'accompagnement des jeunes vers l'autonomie, la généralisation du "triptyque ressources, accompagnement, emploi", des contrats territoriaux pour le logement des jeunes... autant de pistes évoquées par Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, le 28 mai à l'occasion du lancement de la Semaine du logement des jeunes. A l'initiative de l'Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes, des événements auront lieu dans toute la France pour sensibiliser aux difficultés et besoins spécifiques des jeunes. 

Alors que les annonces présidentielles sur la stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes sont attendues pour début juillet, Olivier Noblecourt, délégué interministériel en charge de ce dossier, a donné le 28 mai quelques pistes sur le futur plan, à l'occasion de l'inauguration de la Semaine du logement des jeunes organisée par l'Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes (Cllaj)*.

Jeunes majeurs de l'ASE : des dispositifs de droit commun pour prendre le relais des départements

Il importe de "réarmer les dispositifs d'accompagnement social", a d'abord indiqué le délégué interministériel. Il s'agirait donc de "faire valoir les singularités du public jeunes" dans l'accompagnement vers le logement, notamment au sein des centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Le gouvernement entendrait faciliter l'accès des jeunes aux foyers de jeunes travailleurs (FJT) – via un fonds de solvabilisation - et s'appuyer davantage sur l'intermédiation locative. Des moyens seraient redonnés à l'Ondam médico-social spécifique, pour financer des dispositifs tels que les appartements de coordination thérapeutique. L'objectif "zéro sortie sèche de l'Aide sociale à l'enfance" serait par ailleurs "un point absolument central" de la future stratégie. Des dispositifs d'accompagnement de droit commun pourraient prendre "le relais des départements", ces derniers se désengageant progressivement des contrats jeunes majeurs.

Pas de revenu de base, mais pas d'accompagnement vers l'emploi sans allocation de ressource

Avec le renforcement de l'accompagnement, la "solvabilisation du parcours des jeunes vers l'autonomie" serait au cœur du futur plan. Le "triptyque ressources, accompagnement, emploi" serait promu, avec l'idée qu'il n'y ait pas d'allocation de ressource sans accompagnement et accès à l'emploi, ni d'accompagnement vers l'emploi sans ressource. La Garantie jeunes, dont la montée en charge va se poursuivre, et le Parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (Pacea) seraient les principaux instruments de cette politique. L'hypothèse d'un revenu universel pour les jeunes semble donc à ce stade écartée. Même sort pour l'allocation sociale unique, jugée complexe à mettre en œuvre, mais qui resterait à l'étude.

La contractualisation territorialisée pour arrêter "la pensée magique"

La stratégie de lutte contre la pauvreté devrait promouvoir "des matrices de contractualisation territorialisée" au niveau de l'agglomération et avec les départements, pour adapter les solutions aux spécificités du territoire. Dans ce cadre, "le logement des jeunes doit faire objet d'un contrat ad hoc", afin de partir de l'analyse des besoins des jeunes et de mobiliser des acteurs – les bailleurs, les départements… - et des moyens. "Il faut être un peu moins dans la pensée magique", a insisté Olivier Noblecourt, s'appuyant à plusieurs reprises sur son expérience grenobloise en matière de contractualisation. Le délégué interministériel a notamment jugé nécessaire la mise en place d'une commission sociale du programme local de l'habitat (PLH), où "les Cllaj ont toute leur place".

*En partenariat avec la Macif, l'Union sociale pour l'habitat, la Confédération nationale du logement, les Compagnons bâtisseurs, l'Union nationale de l'information jeunesse, l'Union nationale des missions locales, Action logement et la Fondation Abbé Pierre.

 

LE LOGEMENT SOCIAL TENTE DE FAIRE UN PEU DE PLACE AUX JEUNES

Les Cllaj porteront jusqu'au 2 juin des actions dans une dizaine de régions autour du mot d'ordre "Pour chaque jeune, un logement choisi, et pas subi !" "Les jeunes sont parmi les premières victimes du mal logement", a rappelé Sylvie Reysset, présidente de l'Uncllaj, le 28 mai. "Les jeunes, quand ils ont un logement, le payent plus cher que leurs ainés, mais aussi plus cher que les jeunes d'il y a 30 ans avec un taux d'effort deux fois plus élevé", a détaillé Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Sans compter la "prédominance des jeunes parmi les sans domicile ou dans des situations d'habitat indigne".
"Parce qu'ils méconnaissent leurs droits et qu'ils ont besoin d'un logement tout de suite, ils se tournent vers le parc privé alors qu'ils disposent de ressources faibles et peu stables", a expliqué Sylvie Reysset. C'est aussi du fait d'une certaine rigidité du système – liée au vieillissement de la population, à une faible rotation due à la précarisation et à la réglementation – que "la part des jeunes qui accèdent au logement social tend à décroître", a complété Juliette Furet, responsable du département des politiques sociales à l'Union sociale pour l'habitat (USH).
Les organismes de logement social se mettraient petit à petit à développer des produits et services spécifiques pour les jeunes : logements en diffus avec des loyers forfaités, colocation, résidences ad hoc, bail unique rattaché à deux logements pour les jeunes en mobilité (expérimenté à Agen)… "Cela implique de sortir d'une logique trop segmentée, de proposer des solutions plus mixtes et de s'inscrire dans des approches territorialisées", a jugé Juliette Furet, citant des acteurs tels que l'Union nationale pour l'habitat des jeunes (Unhaj), Action logement et l'Université. Autre piste évoquée : le développement de plateformes numériques de services (wifi, vélos partagés…) pour attirer davantage de jeunes. "Les élus sont prêts à beaucoup pour capter des jeunes sur leur territoire", a par ailleurs rappelé Juliette Furet.
 

 

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