Médiateurs de l'innovation - Des collectivités territoriales "stratégiques" pour l'innovation
"Comment accélérer la culture de l’innovation en France" ? La question a fait l’objet d’une table ronde, mercredi 18 novembre à Paris, dans le cadre d’un colloque consacré aux "médiateurs de l’innovation". L’enjeu pour le pays a ainsi été résumé par l’un des intervenants, Jean-Claude Prager, directeur de l’Agence pour la diffusion de l’information technologique (Adit) : "Aux Etats-Unis, pour 10.000 chercheurs, se créent chaque année 100 start-up technologiques. Il en est de même en Israël, ou au Japon. A Saclay, pour 16.000 chercheurs, ne se créent que 10 start-up…"
Voilà bien la raison d’être des "médiateurs de l’innovation", ces consultants qui se chargent de tisser des liens entre les centres de recherche et universités, les pouvoirs publics, et les entreprises… Le colloque, organisé par le Conseil national des économies régionales (Cner) et l’Union nationale des consultants en innovation et en transfert de technologies (Unatrantec), a permis de donner plusieurs exemples de médiations utiles. "Le problème de l’innovation en France est le chaînon manquant entre la recherche fondamentale et les PME, qui n’ont pas suffisamment de temps pour dialoguer et formuler leurs besoins en innovation", comme l’explique Suzanne Srodogora, du conseil régional d’Ile-de-France.
Et en la matière, les collectivités locales constituent "le bon niveau pour créer des outils de transferts entre les PME, les chercheurs et les institutions académiques de recherche", selon cette directrice de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur à la région. Ainsi le "Centre francilien de l’innovation" permet-il aux PME de venir solliciter des conseils, ainsi que des liens avec des chercheurs. Philippe Adnot, président du conseil général de l’Aude, a également expliqué comment "l’accélération de l’innovation résulte de la décision politique". Son département a ainsi décidé de créer en 1994 l’Université de technologie de Troyes, qui est aujourd’hui dotée d’une "cellule de valorisation" de la recherche.
Présent au colloque, Jean-Pierre Saulnier, vice-président du conseil général du Cher, a également donné l’exemple du "contrat de recherche et d’innovation" mis en place il y a deux ans par son département : il "permet de prolonger le financement du travail du chercheur dans l’entreprise, pendant six à douze mois", au terme de la Convention industrielle de formation par la recherche (Cifpre), qui permet de faire sa thèse en entreprise.
De manière générale, comme le souligne Jean-Claude Prager, si la politique de la recherche se joue à l’échelle nationale, les collectivités territoriales "ont une place stratégique dans la promotion de l’innovation dans les entreprises". Jean-Pierre Saulnier opine : "Il ne faudrait pas que nos parlementaires suppriment les clauses de compétence générale, ce qui interdirait aux collectivités de financer ce genre de projets, et serait dommageable pour le chercheur, pour l’entreprise, pour le laboratoire universitaire, et pour nos territoires."
Olivier Bonnin