Des collectivités parmi les lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt pour l'innovation dans la forme scolaire
Les premiers lauréats de l'important appel à manifestation d'intérêt pour "l'innovation dans la forme scolaire", doté de 250 millions d'euros, sont connus. Parmi eux figurent de nombreuses collectivités territoriales de toutes tailles.
Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, ont annoncé le 13 juillet 2022 la liste des sept premiers lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) "Innovation dans la forme scolaire". Parmi les lauréats, mais aussi les partenaires des projets retenus, on remarque la présence de nombreuses collectivités territoriales.
Cet AMI lancé en fin d'année 2021 (lire notre article du 17 décembre 2021), et doté d'un budget total de 250 millions d'euros dans le cadre du PIA 4/France 2030, a pour ambition de "favoriser la transformation de l’enseignement scolaire en finançant des expérimentations permettant de faire évoluer les pratiques et les modes d’organisation, et en créant un réseau national collaboratif de lauréats".
Partant du constat que le système scolaire français ne parvenait pas à résorber les inégalités sociales, l'AMI invitait les porteurs de projet à concevoir et expérimenter de nouvelles formes scolaires facilitant les coopérations et les apprentissages pour s'adapter aux besoins des élèves, aux exigences de la société ou encore aux nouveaux savoirs. Deux limites étaient cependant posées : les projets ne devaient pas toucher à la pratique pédagogique elle-même ni tendre à refondre les programmes, et le financement du bâti scolaire était exclu.
Cinq projets à revoir
L'AMI attendait donc des réponses en matière d'organisation des temps scolaires, d'organisation spatiale, de composition des classes, de manière de faire cours, mais aussi d'organisation de la communauté éducative au sens large, avec en particulier une plus grande ouverture sur le territoire et le monde professionnel. Avec un enjeu de long terme : éclairer des choix de politiques éducatives. Conçus dans une logique de partenariat, les projets pouvaient être portés par une académie, une collectivité, un EPCI ou un syndicat mixte, une association, une entreprise ou une fondation, ou encore un groupement d'intérêt public (GIP).
Sur les vingt-trois dossiers déposés, sept ont été retenus par le comité de sélection. Ils bénéficieront d’une subvention de deux millions d’euros au minimum sur une durée de cinq ans. Par ailleurs, cinq candidats ont été invités à redéposer leur dossier lors d’une prochaine vague de l’AMI et seront accompagnés dans ce cadre.
Huit régions impliquées
Parmi les porteurs de projet, on dénombre deux directions des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN des Ardennes et des Bouches-du-Rhône), une société commerciale (ProfessorBob.ai), une association œuvrant en faveur de l'éducation (Fusion Jeunesse), ainsi que l'Association des maires de l’ancien canton de Montrésor (Indre-et-Loire), le conseil départemental du Calvados et la commune de Roubaix. On note encore la présence de huit conseils régionaux sur les treize que compte la métropole, d'un conseil départemental et d'une communauté de communes parmi les partenaires des projets retenus.
Dans le détail, le dossier porté par le conseil départemental du Calvados a pour ambition d’aligner le projet de restructuration des bâtiments des collèges avec la transformation des pratiques pédagogiques et de faire évoluer les espaces pédagogiques en transformant les espaces de vie de l'élève. Il souhaite également rendre le collège inclusif en l’ouvrant sur la cité et en facilitant l’accès aux parents par l’amélioration des conditions d’accueil, de travail et de collaboration au sein des établissements.
Le projet porté par la commune de Roubaix vise pour sa part à favoriser la scolarisation des enfants de moins de trois ans, à améliorer le climat scolaire et à renforcer la prévention. Pour cela, la municipalité souhaite mettre en œuvre des actions comme la formation d’équipes pluridisciplinaires et la formation des parents aux savoirs de base. Elle envisage de s’associer avec des associations et des projets de recherche et développement afin de développer de nouvelles formes d’apprentissage.
"Logique de cité éducative rurale"
De son côté, l'Association des maires de l’ancien canton de Montrésor porte le projet "Terrecole", un "laboratoire rural d’innovation" centré sur l'attractivité, l'inclusion et la réussite au service du territoire éducatif rural. Ici, il s'agit de développer une communauté apprenante et de modéliser une "logique de cité éducative rurale" centrée sur le parcours de l’enfant depuis ses mille premiers jours jusqu’à l’orientation en fin de cycle 4 (5e-3e). Le projet tend aussi à mettre à disposition des élèves des ressources numériques notamment en français et en mathématiques et à repenser les espaces de vie scolaire en végétalisant les cours de récréation.
Parmi les autres projets, on note encore, à Marseille, la refondation du temps de l'enfant autour de trois thématiques : l’innovation pédagogique, l’offre périscolaire et extrascolaire, l’aménagement du bâti, mais aussi la sécurisation de l’accès à l‘école. Le projet de la société ProfessorBob.ai vise à améliorer la persévérance scolaire au cours des cycles 3 (CM1-6e) et 4 (5e-3e) en agissant sur les interactions enseignants-contenus-élèves, le bien-être psychologique des élèves et la coéducation. Fusion Jeunesse propose quant à elle des programmes pédagogiques interdisciplinaires axés sur la robotique et la technopédagogie implantés pendant les heures de cours toute au long de l'année scolaire.
"Classe voyageuse"
Sur le papier, le projet le plus original est peut-être celui porté par la DSDEN des Ardennes. Il ambitionne de favoriser l’autonomie et l’ambition des élèves ardennais au travers de nouvelles formes scolaires en expérimentant d’autres organisations spatiales au sein des établissements scolaires sur les moments-clés de transition : CM2/6e, 3e/2de, terminale/enseignement supérieur ou insertion professionnelle. Un bus connecté, faisant office de "classe voyageuse", sillonnera le département à la rencontre des élèves et des familles pour parler notamment d’orientation.
Enfin, on relève que parmi les projets retenus, plusieurs, à l'image de ceux portés par le conseil départemental du Calvados ou l'association Fusion Jeunesse, avaient été lancés bien avant l'AMI en cours.
Une seconde vague de réponse à l'AMI est ouverte jusqu’au 14 octobre 2022, et d'autres levées pourront être organisées dans les prochaines années sous réserve de disponibilité budgétaire. Le cahier des charges est disponible sur le site de la Caisse des Dépôts.