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Environnement - Dernière ligne droite pour la création du parc national des Calanques

Après plus de deux ans de débats, le parc national des Calanques, premier parc péri-urbain européen, situé en bordure de Marseille, devrait voir le jour fin 2011, à condition que ses promoteurs réussissent à lever les ultimes réticences locales. "Jamais aucun projet n'aura été autant débattu et concerté, et pourtant que n'ai-je entendu ?", résume le député (UMP) Guy Teissier, président du Groupe d'intérêt public (GIP), porteur du projet, en référence aux quelque 200 réunions organisées pour répondre aux craintes des pêcheurs, plaisanciers, grimpeurs, cabanonniers ou élus. C'est le 11 février prochain que l'assemblée générale du GIP devra trancher.
L'an dernier, un pré-projet de charte avait déjà affirmé l'objectif du parc national : "préserver la biodiversité, la quiétude des lieux et le patrimoine culturel" d'un espace naturel visité chaque année par 1,3 million de personnes et situé aux portes de la deuxième ville de France. Reste à le traduire en règlementations concrètes satisfaisant tant les professionnels, notamment pêcheurs et bateliers, que les marcheurs, plongeurs ou chasseurs, ainsi que les défenseurs de l'environnement.

Intérêts contradictoires

Selon un récent sondage, réalisé à la demande du GIP, 76% des personnes interrogées se disent "favorables" à la création du parc, même si 38% estiment aussi qu'il va à "l'encontre du mode de vie et des traditions des calanques". Parmi les sujets de crispation, le périmètre marin du futur parc suscite les plus vifs débats. Dans le pré-projet, le parc, qui concerne cinq communes dont celles de Marseille, Cassis et la Ciotat, s'étend sur 11.200 hectares sur terre et 48.000 en mer. Mais faut-il que la Rade sud de la cité phocéenne et les îles du Frioul, zones traditionnelles de plaisance des Marseillais, soient en "coeur du parc" où les mouillages seraient règlementés et le jet-ski interdit, ou seulement en "aire marine adjacente", soumise à une réglementation moins stricte ?
"Le parc n'a pas vocation à protéger, mais à interdire ! 48.000 hectares en mer, c'est monstrueux", s'insurge Claude Leloustre, du collectif des Amis de la rade et des calanques, qui regroupe notamment des plaisanciers et des professionnels du nautisme "inquiets".  "Si c'est pour avoir un parc rabougri, avec un tout petit 'coeur de parc', autant ne pas avoir de parc du tout", plaide à l'inverse Denyse Ricard-Maubon, présidente du collectif Un parc national pour les Calanques.
Autre pomme de discorde, la délimitation de "zones marines protégées" où toute forme de pêche, professionnelle ou de loisirs, serait interdite afin que la faune s'y reproduise mieux. L'Etat veut des réserves correspondant à 10% de la surface en "coeur de parc", les pêcheurs professionnels s'y opposent.
"Il vaut mieux avoir 3% de surface dans un endroit où il y a un herbier de posidonie et où la reproduction sera porteuse, plutôt que 10% dans une zone qui n'est pas porteuse", relève Marc Gastaud, président de la prud'hommie de la Ciotat, qui déplore aussi que les pêcheurs ne soient pas mieux représentés dans les instances de gouvernance du parc. "Pour être accepté, le parc national doit aussi prendre en compte les réalités sociales et économiques du territoire", tempère Guy Teissier. Son équipe reconnaît qu'il faut encore trouver le "juste équilibre".  "Nous nous acheminons vers des points de convergence" de nature à finaliser la charte du parc, veut croire le président du GIP qui s'est engagé à ce que le parc soit créé en 2011. Après l'adoption de la nouvelle version de la charte, 200 acteurs locaux seront concertés et l'enquête lancée.
 

 

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