Depuis trente ans, les ETI ont fortement progressé en France

En France, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont moins nombreuses qu'en Allemagne ou qu'au Royaume-Uni, mais elles "jouent un rôle central dans l'économie française". C'est ce qu'indique une des notes de France Stratégie publiée le 22 avril 2025, associée à une autre indiquant comment ces entreprises se comportent à l'approche des seuils d'effectifs. La note retrace l'évolution des ETI en France sur la période 1994-2022. En 2020, la France comptait 4.882 entreprises de plus de 250 salariés contre 10.861 en Allemagne, et 6.530 au Royaume-Uni en 2018, mais leur nombre "a bondi de 57% en trois décennies et leur poids économique ne cesse de croître", indique fièrement Clément Beaune, le nouveau Haut-commissaire au Plan, Commissaire général de France Stratégie, dans son édito. Leur part dans la valeur ajoutée a progressé de 25% à 33% alors que celle des PME diminuait de 35% à 29%.

Une progression des effectifs de 59% en trente ans

Même chose côté emploi : les effectifs des ETI sont passés de 2,17 millions de salariés en 1994 à 3,44 millions en 2022, soit une hausse de 59%, contre +9,2% seulement pour les PME (de 3,69 millions à 4,03 millions de salariés). Les ETI "s'imposent aujourd'hui comme un pilier central du paysage économique français, combinant croissance soutenue, création d'emplois et contribution croissante à la richesse nationale", précise le document. A noter toutefois que durant cette période, le poids des grandes entreprises est resté important, avec une augmentation en nombre encore plus marquée que les ETI (+69%, de 118 unités en 1994 à 199 en 2022), une augmentation également en termes d'effectifs (+28,7%, de 3,03 millions à 3,9 millions) et une part dans la valeur ajoutée stable autour de 34%. Signe, selon Clément Beaune, que "l'économie française repose largement sur ses grandes entreprises, leaders mondiaux dans de nombreux secteurs".

Les ETI, maillon clé du tissu productif français

Cela dit, les ETI se distinguent des PME et des grandes entreprises par la croissance, légèrement supérieure, de leur productivité. Elle y a augmenté de 38,2%, passant de 58.450 euros à 80.760 euros par salarié, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,16%, alors que celle des grandes entreprises a progressé plus modestement dans le même temps (+23,6%, de 79.090 à 97.790 euros), soit un taux de croissance annuel de 0,76%. "Les ETI se démarquent ainsi comme un maillon clé du tissu productif français, alliant croissance et compétitivité", indique la note.

La seconde partie de l'étude tend à comparer le poids des ETI et des PME et grandes entreprises dans les secteurs de l'industrie manufacturière et des services. Sur le premier secteur, et dans un contexte de désindustrialisation, la note montre une résilience plus importante de la part des ETI, qui ont connu des périodes de croissance et de repli pour finir à peu près au même niveau qu'en 1994 en termes de nombre et d'effectifs, et des grandes entreprises, qui elles ont augmenté en nombre mais ont perdu des emplois. 

Un changement structurel profond du paysage économique français

Les PME industrielles ont quant à elles subi un déclin continu avec une chute d'un tiers de leur nombre et de leurs effectifs. Le poids des ETI au sein des effectifs industriels s'est renforcé (de 34% en 1994 à 41,5% en 2022) tout comme la part de leur valeur ajoutée. Des données qui "mettent en évidence une recomposition du secteur industriel, avec des PME qui reculent progressivement au profit des ETI qui montent en puissance", souligne la note. Les grandes entreprises ont elles aussi gagné en importance dans l'industrie.

Dans le secteur des services, qui s'est fortement développé durant les trois dernières décennies, la progression est notée dans toutes les catégories d'entreprises mais particulièrement dans les ETI avec une augmentation de 108% de leur nombre (de 1.356 à 2.824 unités). Les grandes entreprises ont elles presque doublé (de 70 à 130) et les PME ont eu une trajectoire ascendante mais plus modérée (croissance de 25%, de 67.000 à 84.000 unités). La hausse de l'emploi dans le secteur des services est également plus marquée dans les ETI où le nombre de salariés a doublé (contre une croissance de 18% pour les PME et de 44% pour les grandes entreprises).

Accompagner les PME en forte croissance et les nouvelles ETI

Tout comme dans le secteur industriel, au sein des services, la part des ETI a progressé tant dans l'emploi que dans la valeur ajoutée tandis que celle des PME a diminué. 

"Cette tendance traduit un changement structurel profond du paysage économique français : l'activité se concentre progressivement autour des ETI, qui apparaissent comme des acteurs clés de la compétitivité et du dynamisme industriel, tandis que les PME continuent à perdre du terrain", insiste encore la note.

Enfin, France Stratégie indique que le développement des ETI repose largement sur la capacité des PME à croître, ce qui plaide pour un accompagnement des PME en forte croissance pour qu'elles franchissent le cap et deviennent des ETI. Un tel programme - ETIncelles - a été lancé en 2023 par l'Etat pour soutenir une centaine de PME prometteuses dans leur transition vers ce statut d'ETI. "De même, il faut favoriser la création d'un plus grand nombre de PME afin d'augmenter les chances d'en voir émerger davantage à terme", affirme la note de France Stratégie qui prône également un accompagnement spécifique des nouvelles ETI pour éviter qu'elles reviennent au statut de PME.