Déplacements du quotidien : la prime de covoiturage reconduite pour 2024

Un an après le lancement de son plan covoiturage, le gouvernement veut continuer à promouvoir ce mode de transport, notamment pour les trajets domicile-travail. La prime de 100 euros pour les nouveaux conducteurs inscrits sur les plateformes est reconduite en 2024 tout comme la mesure covoiturage du fonds vert destinée à accompagner les projets des collectivités territoriales.

La prime au covoiturage de 100 euros sera reconduite en 2024 mais se concentrera sur les trajets courts, pour faire décoller le covoiturage du quotidien, a annoncé le gouvernement ce 13 décembre, à l'occasion du premier anniversaire de son plan de 150 millions d'euros en faveur de ce mode de déplacement. La prime 2024 va cibler davantage les trajets vers le travail, l'école ou les loisirs, soit les trajets de moins de 80 kilomètres, a indiqué le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

Une somme de 25 euros est versée au conducteur après le premier trajet de covoiturage enregistré sur une des plateformes en ligne, comme Ecov, Klaxit, La roue verte ou Blablacar Daily. Un second versement de 75 euros est prévu après le dixième trajet. Les plateformes enregistrent désormais 40.000 trajets par jour en moyenne pour 100 millions de déplacements effectués en voiture quotidiennement en France.

200.000 bénéficiaires de la prime

Dans le cadre de la planification écologique, pour réduire d'ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, le gouvernement table sur une explosion du covoiturage, en plus du passage aux voitures hybrides et électriques. "Changer ses habitudes en planifiant ses trajets et en voyageant à plusieurs dans la durée est un immense défi", a estimé la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. "Nous donnons un coup de pouce à l'ensemble des conducteurs qui hésitent encore à se lancer dans le covoiturage quotidien. En 2023, plus de 200.000 nouveaux conducteurs l'ont fait. Nous devons continuer sur cette lancée". A noter, ces 200.000 conducteurs sont ceux inscrits sur les plateformes, qui peuvent donc bénéficier de la prime.

Mais l'objectif, très ambitieux, du "plan covoiturage", est d'atteindre trois millions de trajets quotidiens à horizon 2027, contre 900.000 actuellement. Ce chiffre inclut en effet les estimations concernant le covoiturage informel (deux collègues qui ne passent pas par une plateforme, par exemple), que le gouvernement veut mieux mesurer en lançant une enquête sur le sujet avant la fin de l'année. Ce saut collectif permettrait à la France d'éviter 1% de ses émissions de gaz à effet de serre, selon les calculs du gouvernement.

33 entreprises représentant au total un million de salariés se sont en outre engagées à favoriser le covoiturage, en mettant une plateforme à disposition de leurs salariés, par exemple. C'est notamment le cas de La Poste, EDF, Carrefour, Les Mousquetaires, CapGemini, ST Microelectronics ou EDF se sont déjà engagés. Le covoiturage est également intégré au Forfait mobilités durables (FMD) : les déplacements domicile-travail effectués en covoiturage peuvent être en partie pris en charge par l'employeur, qui est exonéré de charges sociales dans la limite de 800 euros par an.

Les voies réservées au covoiturage se sont également multipliées aux abords des métropoles comme Lille ou Marseille, avec environ 115 kilomètres de voies fin 2023. Paris envisage d'y consacrer une voie de son périphérique en pérennisant à l'issue des Jeux olympiques 2024 la voie réservée aux participants, soit la voie de gauche. Pour que les automobilistes les respectent, des équipements de constatation des infractions, semblables à des radars, seront installés sur ces voies à travers la France en 2024.

Nombreuses incitations pour les collectivités

Les collectivités - villes ou métropoles, en particulier - sont poussées à multiplier les lignes ou les aires de covoiturage ainsi que des dispositifs incitatifs. 229 projets portés par 181 collectivités ont été soutenus en 2023 par l'Etat à travers le fonds vert. Les 26,5 millions d'euros de subventions ont servi à cofinancer 21 lignes de covoiturage, 8 arrêts d'auto-stops, 93 aires de covoiturage, ainsi que 81 campagnes d'incitation financière, 13 campagnes de communication, 7 plateformes de mise en relation et 23 études. En 2024, le gouvernement souhaite continuer à accompagner de nouveaux projets sur l'ensemble du territoire, en ciblant un large panel d'actions, notamment les infrastructures favorisant le covoiturage. "La diversité des projets soutenus par le fonds vert montre que tous les territoires ont la capacité d’agir, estime Christophe Béchu. Le potentiel de ce levier est encore loin d’être entièrement exploité. Les projets montrent en effet que cette solution a toute sa pertinence pour répondre aux enjeux de mobilité pour accompagner le déploiement des ZFE-m, en particulier pour les territoires périurbains ou encore dans les territoires ruraux où la densité ne permet pas de toujours déployer des transports collectifs."

Le gouvernement soutient également les collectivités qui mettent en place des primes locales pour inciter à covoiturer, à hauteur d'un euro pour chaque euro investi. En Ile-de-France, par exemple, le covoiturage est gratuit pour le passager avec le pass Navigo, et le conducteur reçoit 2,25 euros jusqu'à 15 kilomètres, puis 0,15 euro/km. Dans l'aire grenobloise ou dans les Pays de la Loire, le conducteur reçoit 2 euros jusqu'à 20 km et 0,1 euro/km au-delà.

Les initiatives se sont également multipliées lors d'évènements sportifs ou culturels comme le festival Solidays ou la Coupe du monde de rugby, pendant laquelle 30.000 covoiturages ont été comptabilisés.

 

Ile-de-France : Valérie Pécresse veut lancer 12 lignes de covoiturage début 2025

La présidente d'Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, veut lancer début 2025 12 lignes de covoiturage dans la première région de France, en maintenant une indemnité kilométrique pouvant rapporter jusqu'à 150 euros par mois aux conducteurs.

Avec la création du réseau, financé à hauteur de 26 millions d'euros par IDFM, Valérie Pécresse entend "rompre avec les inégalités territoriales qui minent encore l'Ile-de-France" et "faire des Franciliens de grande couronne les grands gagnants du covoiturage", a-t-elle indiqué ce 14 décembre lors des assises du covoiturage d'IDFM. Car selon la présidente de région, certains habitants de grande couronne restés à l'écart du réseau urbain "n'auront jamais d'autre choix que de prendre la voiture".

Selon IDFM, près de 80% des deux millions de trajets subventionnés en 2023 concernent la grande couronne. Le dispositif de soutien au covoiturage mis en place par IDFM depuis 2017 prévoit "une indemnité kilométrique par trajet entre 1,5 et 3 euros par passager (...) en fonction de la distance parcourue" sous un plafond de 150 euros par mois, rappelle l'autorité des transports.

Les abonnés du pass Navigo bénéficient de deux trajets gratuits par jour dans la limite de 30 km. Trois premières lignes ont déjà été tracées sur le plateau de Saclay, dont le pôle technologique et scientifique entre l'Essonne et les Yvelines signifie "beaucoup de voitures" mais aussi des "gares de rabattement puissantes" pour le multimodal, a souligné Valérie Pécresse.

IDFM va mettre en place une plateforme unique qui centralisera celles utilisées jusqu'ici (Blablacar, Ynstant, Karos et Klaxit), notamment pour mettre fin à "une fraude encore trop importante car avec quatre plateformes", les conducteurs pouvaient "déclarer quatre trajets", a-t-elle fait valoir.

L'opérateur exploitant ces futures lignes sera désigné à l'automne 2024, "avec comme objectif une mise en service des lignes début 2025", précise IDFM. "C'est bon pour la planète, bon pour le porte-monnaie et bon pour gagner du temps", a résumé Valérie Pécresse à propos du covoiturage. AFP