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Culture - Dépenses culturelles des collectivités : tout le monde descend !

L'Observatoire des politiques culturelles (OPC) publie, avec le soutien du ministère de la Culture et en collaboration avec son département des études, de la prospective et des statistiques (Deps), une note de conjoncture sur les dépenses culturelles des collectivités territoriales (2015-2017). Le sujet est sensible, car le ministère et les collectivités ne manquent pas une occasion de se renvoyer la balle sur leurs responsabilités respectives dans le désengagement - réel ou supposé - du financement de la culture et, plus particulièrement du spectacle vivant (voir nos articles ci-dessous).

Rétractation de 4% pour les régions

Comme l'explique - en termes diplomatiques - l'OPC, "depuis la seconde partie des années 2000, les fluctuations rapides des dépenses des collectivités territoriales pour le financement de la culture suscitent chez les acteurs de terrain l'attente d'informations actualisées pour se situer dans un contexte changeant et prendre appui sur des arguments objectifs dans le cadre des négociations avec les partenaires ou d'arbitrages internes".
Cette première édition de la note de conjoncture, qui devrait être renouvelée tous les ans, propose des résultats relatifs aux régions, aux départements et aux villes de plus de 100.000 habitants.
Côté régions (11 régions dans l'échantillon, avec le découpage d'avant la réforme territoriale), la situation se partage à parts quasi égales entre celles qui disent avoir augmenté leurs dépenses de fonctionnement à caractère culturel sur la période 2015-2016 et celles qui disent au contraire les avoir réduites. En dépit de ce partage, il reste que les budgets culturels régionaux se sont, en moyenne, rétractés de 4% sur la période. Le domaine le plus affecté est celui des arts plastiques et visuels, tandis que les crédits alloués à l'éducation artistique et culturelle et les subventions aux organismes culturels sont davantage préservés.

Recul de 5% pour les départements

Côté départements (41 dans l'échantillon), la tendance est nettement orientée à la baisse - avec un recul moyen de 5% des budgets culturels entre 2015 et 2016 -, mais avec de fortes disparités géographiques. Plus d'un tiers des départements affichent ainsi une baisse supérieure à 10%, mais près d'un quart ont revu au contraire leurs dépenses culturelles à la hausse (avec même une hausse de plus de 10% pour trois départements).
De façon générale, la note de l'Observatoire des politiques culturelles souligne que cette tendance à la baisse est présente depuis 2008 chez les départements. Les secteurs les plus touchés sont les festivals et l'événementiel, le spectacle vivant et la création artistique. A l'inverse, les bibliothèques, les archives et le patrimoine sont mieux préservés. Les associations du secteur culturel sont également fortement impactées : plus de 60% des départements réduisent en effet leurs contributions en leur faveur. L'Observatoire interprète ce changement "comme la manifestation d'une tendance des départements à se replier sur leurs compétences historiques et obligatoires".

Et baisse de 7% pour les grandes villes

Enfin, les villes de plus de 100.000 habitants (un peu plus d'un tiers des répondants) connaissent également une tendance générale à la baisse, avec une moyenne de -7%. Ce dernier chiffre doit toutefois être interprété avec prudence, compte tenu de possibles transferts de compétences culturelles vers les EPCI. Sous cette même réserve, la moitié des villes de plus de 100.000 habitants affichent un budget culturel en baisse entre 2015 et 2016.
Tous les secteurs sont concernés, à commencer par le soutien aux associations, les bibliothèques (plus de la moitié des villes de l'échantillon ont réduit leur budget) et les festivals et événements. L'éducation artistique et culturelle, le spectacle vivant et la création artistique, ainsi que les archives et musées, sont également affectés par ces restrictions, mais dans une moindre mesure.

Et pour 2017 ?

L'Observatoire des politiques culturelles s'est également penché sur les budgets culturels de 2017. Les résultats font apparaître une dichotomie entre le niveau de collectivités. Ainsi, plus de la moitié des régions de l'échantillon affichent "un espoir de stabilité de leur effort pour la culture" (l'étude ayant été menée de juin à septembre 2016, donc avant le vote de budgets 2017). A l'inverse, les départements et les villes de plus de 100.000 habitants sont partagés entre des perspectives de baisse ou de stabilité : 27% des départements et 29% des villes de plus de 100.000 habitants envisagent une baisse de leur effort, tandis que 34% des départements et 36% des villes projettent une stabilité de leurs dépenses culturelles. Un tiers environ des collectivités ne se prononcent pas et seul un département et aucune grande ville dit envisager une hausse de son effort budgétaire.
Pour expliquer ce paysage quelque peu déprimant, l'Observatoire estime que "la baisse de dotations aux collectivités par l'Etat constitue évidemment un élément d'explication structurel primordial pour comprendre la dynamique plutôt négative de ces dernières années". Mais cette explication ne peut suffire et "un autre argument doit être mobilisé pour analyser la situation faite à la culture par un nombre non négligeable de collectivités : l'affaissement de l'ambition politique dans ce domaine. Bref, la culture n'a plus la même évidence dans les politiques territoriales"...