Réseau consulaire - Dénonçant un "hold-up" de Bercy, les CCI prévoient des désengagements d'investissement
Face aux témoignages désespérés des chambres de commerce et d'industrie (CCI) durant leur assemblée générale tenue ce 18 septembre, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, est resté ferme. "Nous sommes anéantis face à cette injustice criante, Bercy méprise ce que sont les CCI et leur engagement", a ainsi affirmé André Marcon, président de CCI France, en allusion à la baisse programmée par le gouvernement des ressources de ces structures. Une baisse de 37% de leurs ressources fiscales est ainsi prévue en trois ans (- 17% en 2015, - 26% en 2016 et -37% en 2017). 500 millions d'euros seront aussi ponctionnés sur les fonds de roulement des CCI en 2015. "Au total, c'est un milliard d'euros de recettes en moins en trois ans, a insisté André Marcon, parlant de véritable "hold-up". Les CCI ont déjà subi une ponction de 170 millions d'euros en 2013 et une baisse de la taxe qui leur est affectée de 100 millions d'euros…
Pour le ministre de l'Economie, les efforts demandés sont en effet "considérables", mais "nécessaires". "Ces efforts auraient dû commencer avant", a ajouté Emmanuel Macron, conseillant aux chambres de se regrouper, à l'image de la fusion des CCI du Nord-Pas-de-Calais, et de se rationaliser.
D'après Pierre-Antoine Gailly, les conséquences de ces décisions vont arriver très vite. "D'ici le mois de mars, il va y avoir des suppressions de postes, des baisses d'investissement sur des équipements, sur les services aux entreprises, les écoles", a assuré le président de la CCI Paris Ile-de-France. La CCI de l'Ariège vient ainsi d'annoncer son désengagement dans les deux aérodromes de l'Ariège, Pamiers-Les Pujols d'un côté, Saint-Girons-Antichan de l'autre. D'autres conséquences de ce type pourraient suivre. Au total, Pierre-Antoine Gailly estime entre 6.000 et 7.000 le nombre de postes qui risquent d'être supprimés, sur les 26.000 collaborateurs des chambres, et "les départs naturels ne suffiront pas", a-t-il insisté. Les décisions seront prises région par région, en fin d'année 2014, au moment de l'établissement du budget 2015. Les CCI ont fait paraître une lettre ouverte au président de la République lui affirmant qu'il va "trop loin".
Face à ces réactions virulentes, dont un silence collectif, orchestré par le président de la CCI des Ardennes, Géraud Spire, à l'issue du discours du ministre et durant son départ, Emmanuel Macron a refusé de céder à ce "chantage stérile", avant d'affirmer que sa porte restait ouverte. "Au printemps, nous ferons un point pour réexaminer l'évolution des ressources budgétaires", a-t-il signalé, précisant qu'il pourrait revoir certaines mesures.