Découverte des métiers au collège : les régions peuvent mieux faire
Un rapport de l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche souligne les carences de la découverte des métiers au collège. Le rôle des régions y est analysé, avec ses réussites et ses limites.
Les rapports se suivent et se ressemblent en matière d'orientation. Alors que l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) vient de publier une étude mettant en lumière les carences de l'action des régions en matière d'orientation scolaire et professionnelle (notre article du 17 juin), l'IGESR (inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche) apporte sa pierre à un édifice dont la construction est décidément bien loin d'être achevée.
Intitulé "La découverte des métiers au collège", le rapport de l'IGESR, publié mi juin 2024, s'intéresse au dispositif qui permet à chaque élève de connaître et comprendre le monde économique et professionnel ainsi que la diversité des métiers et des formations, et, in fine, d'élaborer son projet d'orientation scolaire et professionnelle. Inscrite dans le "parcours Avenir" de 2015 dès la classe de sixième, cette découverte n'a dans les faits été mise en œuvre qu'à partir de la classe de quatrième. C'est pourquoi une expérimentation a été lancée dans 642 collèges durant l'année scolaire 2022-2023, puis généralisée à l'ensemble des collèges en 2023-2024, afin de l'instaurer à partir de la cinquième.
Pour une approche précoce et un temps dédié
Le premier enseignement du rapport porte sur l'importance du moment de mise en œuvre : alors que des études montrent que "les élèves exposés tôt à la découverte des métiers |…] ont des parcours scolaires plus performants", les constats les plus positifs de la mission "ont surtout été faits dans les collèges qui ont su mettre en place une programmation, une progressivité dans les actions destinées aux élèves selon leur classe et donc leur maturité". Autrement dit, des collèges qui ont programmé sur une durée de trois ou quatre ans – soit dès la sixième – les activités qui étaient menées auparavant sur deux années.
Le rapport déplore ensuite que les diverses actions mises en place par les équipes pédagogiques prennent "principalement [la] forme de projets menés en dehors des heures de cours". De plus, les enseignants n'évoquent pas "les heures dédiées à l'orientation pourtant prévues sur la fin du cycle 4, avec 12 heures annuelles en quatrième et 36 heures en troisième". Les rapporteurs préconisent ici d'"organiser l'emploi du temps des élèves pour y faire figurer un horaire dédié clair, voire globalisé".
L'offre des régions est appréciée
Mais la critique qui intéressera le plus les collectivités territoriales est celle portant sur la difficulté fréquente des équipes pédagogiques à "identifier les partenaires dans un environnement complexe où interviennent divers acteurs". Et cela d'autant plus que certains enseignants "se sentent démunis, car tous ne connaissent pas le monde de l'entreprise".
Après avoir rappelé que "c'est aux régions qu'incombe la responsabilité de fournir des informations", la mission estime que celles-ci, parce qu'elles détiennent aussi la compétence de développement économique, sont "bien placées" pour dispenser des informations fiables sur le marché du travail local et national, notamment en termes de rémunérations et de nombre de postes vacants.
"Quand elle existe, l'offre de découverte des métiers est appréciée des collèges", confie le rapport, qui cite la richesse des "grands forums" organisés par les régions, même si "les déplacements nécessaires pour s'y rendre et les dépenses que cela entraîne font qu'ils sont peu adaptés à une participation de l'ensemble des collégiens". Il prône donc "une progressivité de la découverte des métiers avec des actions qui se déroulent au collège ou à proximité des établissements", notamment pour les classes de sixième et cinquième.
"Mécompréhension" sur les territoires
Plus globalement, la mission déplore que les régions se soient "diversement emparées de cette compétence partagée", qu'elles ne soient "pas habituellement les partenaires des collèges" – puisque ces établissements relèvent de la compétence des conseils départementaux – et que "la communication sur les missions réelles des services régionaux ne [soit] pas toujours claire, ni strictement limitée au champ défini par la loi". Elle souligne encore que "des tensions territoriales" peuvent émerger et "entraver la mise en œuvre des projets".
Selon elle, "il peut être utile d'interroger la manière dont le lien avec l'Éducation nationale est construit au-delà du pilotage au plus haut niveau". Les rapporteurs visent particulièrement la plateforme "Avenir" développée par l'Onisep à propos de laquelle "la mission a constaté sur les territoires une mécompréhension de ce processus par certains services régionaux".
De leur côté, les régions et le ministère de l'Éducation nationale, mais aussi les ministères de l'Enseignement et de la Formation professionnels, de l'Économie, du Travail et de l'Agriculture, ont pris la mesure des limites actuelles des politiques d'orientation au collège en signant, fin 2023, une convention-cadre portant engagements réciproques en matière d'information sur les métiers à destination des collégiens (notre article du 10 janvier). Le premier bilan de cette convention-cadre, prévu en 2024, devrait donner un état des lieux des progrès en cours…