À Décines, le stade privé de l'Olympique lyonnais génère des ressources pour la commune
Le stade de l'Olympique lyonnais, financé par des fonds privés, coûte de l'argent à la commune de Décines-Charpieu mais lui en rapporte davantage, juge la chambre régionale des comptes Auvergne Rhône-Alpes. Une convention entre la ville et le club permet d'équilibrer leurs rapports économiques. Un modèle intéressant à l'heure où les stades issus de partenariats public-privé pèsent de plus en plus sur les finances des collectivités.
"L'implantation du stade [de l'Olympique lyonnais] à Décines-Charpieu constitue une ressource nette de fonctionnement conséquente pour la commune." Telle est la conclusion du rapport d'observations définitives de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes portant sur cette commune de 27.000 habitants de la métropole de Lyon et publié le 2 juillet sur le site de la Cour des comptes.
Dans son rapport, la CRC cherchait – entre autres investigations – à connaître les conséquences financières pour la commune de l'implantation de ce stade de 60.000 places inauguré en 2016. La construction de cette enceinte sportive – la troisième en France en termes de capacité d'accueil – avait été essentiellement financée sur les fonds privés du club, une première en France pour un équipement de cette taille. Le coût total du projet, incluant le stade et les opérations immobilières, s'était élevé à 632 millions d'euros hors taxes. Les acteurs publics en avaient supporté 202 millions, dont 182,4 millions au titre des travaux de viabilisation, d'aménagement et d'accès. Pour sa part, la commune avait financé près de 2,9 millions d'investissements liés à l'insertion du stade dans le tissu urbain : éclairage public, réseau de vidéosurveillance et panneaux d'affichage. Des investissements qui ont été partiellement compensés à hauteur de 1,4 million par l'Olympique lyonnais (OL).
Surcroît de charges
C'est cependant l'exploitation courante du stade qui induit le plus de dépenses pour la commune, principalement à travers la mobilisation de la police municipale et d'agents d'entretien d'espaces verts. Dans le cadre de la mise en place d'un partenariat financier avec l'OL, la commune a chiffré le surcroît de ces charges à 525.000 euros en 2020, ce qui a permis aux deux parties de revoir les termes de leur première convention, signée en 2015.
Aux termes de cet avenant, la participation de l'OL aux charges de fonctionnement a été fortement majorée. Elle varie désormais entre 250.000 et 300.000 euros par an, selon le nombre d'événements organisés, de leur fréquentation et de leur classement au plan de sécurité intérieur (PSI). Le club s'est par ailleurs engagé à prendre en charge l'entretien de certains espaces verts jouxtant le stade pour un coût maximal de 100.000 euros par an. Enfin, une convention de mécénat conclue en 2017 entre la commune et un fonds de dotation adossé au club prévoit la rénovation de deux terrains de football municipaux à hauteur de 600.000 euros. Voilà pour la recherche d'équilibre dans les interventions de la commune au titre du fonctionnement du stade.
Accroissement des recettes fiscales
Pour la commune, le principal avantage de la présence du stade sur son territoire est à chercher dans la fiscalité. "La commune a bénéficié d'un accroissement conséquent de ses recettes fiscales issues de la taxe foncière", pointe la CRC. Depuis 2017, l'OL s'acquitte annuellement au titre du stade de plus de 730.000 euros de taxe foncière… dont la commune a décidé en 2020 d'élever le taux de cinq points, ce qui devrait majorer de plus de 180.000 euros la contribution du club. Ce dernier a également versé à la commune près de 140.000 euros de taxe locale sur les publicités extérieures en 2019.
La CRC estime donc que si "l'implantation du grand stade a eu un impact financier important sur les recettes comme sur les dépenses de la commune", la ressource nette correspondant à la présence du stade sur son territoire "devrait atteindre 850.000 euros à court terme". Et cette ressource pourrait même augmenter : à l'horizon 2023, l'OL Arena – une salle de 16.000 places à proximité du stade – pourrait générer de 1,6 à 2,2 millions de recettes de taxe foncière.
Un exemple face aux PPP
Reste que le poids que constitue la gestion des questions relatives au Parc OL pour les services communaux dépasse le seul cadre financier. Selon la commune, l’impact est également opérationnel et se traduit par un volume de temps important consacré par ses agents au stade et non au reste du territoire communal. La commune de Décines-Charpieu a également fait part de son souhait de renforcer la coopération avec la métropole de Lyon concernant le stade et d’engager avec cette dernière un processus de "remise à plat des équilibres financiers".
Ce rapport s'avère précieux à un moment crucial de l'histoire des grandes enceintes sportives en France. D'abord parce qu'il s'agissait, comme cela a été signalé, d'une première concernant un investissement privé. Mais surtout parce qu'il permet de mettre cet exemple face à ceux qui ont privilégié lors de la dernière décennie les partenariats public-privé. À Nice, le concessionnaire de l'Allianz Riviera a été placé en procédure de sauvegarde le 6 mai. Fin juin, la ville du Mans s'engageait à payer 1,7 million d'euros supplémentaires par an jusqu'en 2025 pour éviter le départ du concessionnaire du MMArena. À Bordeaux, les élus de la métropole envisagent un étalement de la dette du club qui accuse un retard de loyer pour le stade Matmut Atlantique de 6 millions d'euros, loyer qui avait déjà été réduit de 30% au mois de janvier. L'exemple lyonnais pourrait donner des idées aux clubs comme aux collectivités…