L'avenir du Stade de France passe par un désengagement de l'Etat
Il faut envisager la cession du Stade de France. Voilà en substance la réponse apportée par le sénateur de la Creuse Éric Jeansannetas à la question de l'avenir de l'enceinte sportive de Saint-Denis, dans un rapport d’information fait au nom de la commission des finances du Sénat et récemment publié.
Pourquoi s'intéresser à l'avenir du Stade de France et pourquoi le faire maintenant ? Plus grand équipement sportif français en termes de capacité (80.000 places), le Stade de France est unique en son genre tout en offrant un modèle de gestion qui a inspiré de nombreuses collectivités territoriales. Propriété de l'État (personne morale de droit public), géré par une entreprise privée (le Consortium Stade de France, filiale des groupes Vinci et Bouygues) et mis à disposition, pour le principal de ses activités, d'acteurs privés associatifs (les fédérations françaises de football et de rugby pour l'essentiel), le Stade de France a créé le modèle du partenariat public-privé dans le sport professionnel. À ce titre, ses succès et ses déboires sont des vitrines nationales.
Côté positif, Éric Jeansannetas, auteur d'un rapport d’information fait au nom de la commission des finances du Sénat, note la réussite architecturale et la redynamisation du territoire, ainsi qu'une exploitation bénéficiaire, au profit du concessionnaire. Côté négatif, le Stade de France souffre d'un "déséquilibre, au détriment des intérêts publics" : "L’ensemble des coûts directs et indirects associés au Stade de France approche donc le milliard d’euros, dont près de 80% de financements publics."
Axe central
En 2025, la concession du stade arrivera à échéance. Eric Jeansannetas estime que rien ne s'oppose à ce qu'elle soit menée à terme, et cela d'autant plus que l’organisation par la France de la Coupe du monde de rugby 2023 et des Jeux olympiques 2024 "requiert d’utiliser le Stade de France sous l’empire du contrat de concession actuel". Toutefois, le parlementaire pense qu'"afin d’assurer la livraison à temps de l’enceinte rénovée […], il importe de formaliser d’ici la fin de l’année 2019 un accord entre l’État et le concessionnaire sur les travaux nécessaires pour les Olympiades de 2024 et la répartition de leur financement".
Toujours d'ici la fin 2019, et cette fois afin de "préserver les finances publiques et d’assurer l’avenir du Stade de France", Éric Jeansannetas plaide pour que la décision sur l'exploitation du stade après 2025 s'appuie sur un "axe central" constitué par l’engagement des fédérations françaises de football et de rugby, "ce qui doit conduire à envisager la cession du Stade de France, seule à même d’écarter tout risque financier ultérieur pour l’État", conclut le sénateur.
Reste à savoir si "une structure capitalistique associant les deux fédérations et un investisseur tiers" serait prête à financer tout ou partie des quelque 200 millions d’euros d’investissements nécessaires pour "assurer l’attractivité du stade" à travers sa numérisation, la suppression de la piste d’athlétisme, voire sa couverture par un toit… À cela il faudrait bien entendu ajouter le prix de vente, sachant qu'"un montant de près de 610 millions d’euros est inscrit à l’actif de l’État au titre du Stade de France dans le compte général de l’État". Aux dernières nouvelles, la Fédération française de football ne serait pas intéressée…