Déchets d'emballages : Brune Poirson promet un "big bang" de la consigne
La secrétaire d'Etat auprès du ministre la Transition écologique a installé ce 19 juin à Strasbourg un comité de pilotage visant à améliorer la collecte des emballages usagés et des bouteilles vides.
Un "big bang" dans la poubelle des Français : c'est la promesse faite par Brune Poirson qui présidait ce 19 juin à Strasbourg la première réunion du comité de pilotage chargé de la mise en œuvre de la consigne qui rassemblera des élus, des industriels, des associations et des citoyens pour réfléchir aux "nouveaux équilibres" du système de gestion de déchets en France, selon un document du ministère de la Transition écologique consulté par l'AFP. L'objectif : "mettre en oeuvre en France un système de consigne" pour "collecter les emballages plastiques, les bouteilles en plastique, les canettes, les bouteilles en verre éventuellement", a indiqué la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, à l'issue de cette réunion à la préfecture du Bas-Rhin. "Si nous voulons (...) que certaines ordures ménagères (...) ne se retrouvent plus dans la nature, (...) nous devons (donner aux) Français les moyens de (les) déposer au bon endroit", a-t-elle déclaré.
Brune Poirson compte ainsi transformer le système de tri français, "très compliqué" et "pas efficace", afin "d'uniformiser les consignes de tri". "Nous sommes à des taux de performance (dans le tri) qui ne sont pas satisfaisants", alors que Bruxelles a fixé l'objectif de 90% de bouteilles collectées et recyclées en 2029, a-t-elle rappelé. Le comité cherchera à définir quels produits seront concernés par la consigne, dans quel but (recyclage ou réemploi) et comment gérer les fonds recueillis. Les produits ménagers ayant des taux de collecte bas pourraient être concernés. C'est le cas par exemple des canettes en métal, des bouteilles et des boîtes en plastique à usage unique. Pour l'instant, "on ne sait pas encore" ce qui est consignable et ce qui ne l'est pas, "c'est un long travail qui doit faire l'objet d'un consensus", a souligné la secrétaire d'Etat.
Vigilance pour les collectivités
Le comité doit également s'assurer que les collectivités locales, qui tirent des revenus de la gestion de certains emballages usagés, ne soient pas lésées par la mise en place d'un dispositif de consigne, comme cela a été récemment mis en avant par des associations comme Amorce et le Cercle national du recyclage (CNR). Brune Poirson a promis d'être particulièrement "vigilante" sur ce point.
La réflexion sera menée en parallèle de la présentation, prévue début juillet, et de l'examen du projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. L'objectif est qu'une expérimentation puisse être lancée "lorsque la loi sera adoptée". "Le projet de loi va être débattu au Parlement en septembre et il faut que d'ici (là), nous ayons des pistes très concrètes" pour "développer un système de consigne 'à la française'", a estimé Brune Poison.
En France, des systèmes de consignes existent localement ou dans le circuit de vente aux professionnels (cafés, restaurants, hôtels). L'Alsace tente actuellement de relancer les consignes de verre. D'autres pays européens, comme l'Allemagne, ont largement développé le dispositif. Avant l'installation du comité, Brune Poirson a d'ailleurs visité un supermarché à Kehl, ville allemande située face à Strasbourg, sur l'autre rive du Rhin. Les clients peuvent y déposer leurs bouteilles dans une machine et obtenir en retour un bon utilisable en caisse. En Allemagne, "le système de consigne sur les bouteilles en plastique fonctionne bien", avec un "taux de collecte et de recyclage de 87%, bien plus satisfaisant qu'en France", a-t-elle souligné.
En France, un total de 70% des emballages ont été recyclés en 2018, contre 68% l'année précédente, selon Citeo, l'organisme chargé de la gestion des déchets ménagers. Le taux de recyclage a atteint 86,5% pour le verre, 26,5% pour le plastique (58% pour les bouteilles et flacons, 4% pour les autres emballages) et 44% pour l'aluminium.