De la sobriété énergétique au jumeau numérique : l'action publique par "les communs"

Le 4 juillet, la deuxième édition de la Journée des communs, organisée par l'IGN et l'Ademe, s'est tenue sur le thème de l'innovation par les communs. L'occasion de mettre l'accent sur les appels à communs (AAC) et l'avancée des projets soutenus par la Fabrique des Géocommuns et de rappeler que l'appel à communs pour un jumeau numérique notamment est ouvert jusqu’au 30 septembre 2024. 

"Et si les communs devenaient un véritable mode opératoire de l'action publique, permettant une démarche de concertation et l'adoption de nouvelles postures, plus fédératrices, pour rassembler les acteurs intéressés, privés et publics, autour de défis collectifs ?", se prend à rêver l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) qui souhaiterait voir les "communs", contribuer à la sobriété énergétique, à la résilience des territoires et à l'innovation dans l'action publique. Revenons un instant sur la notion de commun, "à la fois instinctive et complexe". Ce qui est un atout mais aussi un frein potentiel, car tout le monde ne met pas spontanément la même signification derrière le terme. Cela peut entraîner de l'incompréhension (­les acteurs privés ne peuvent pas participer au développement des communs) ou de l'autocensure (­mon projet n'est pas entièrement gratuit, ce n'est pas un commun). "Mieux vaut donc commencer par la définition la plus largement admise", peut-on lire dans le guide des communs de l'IGN qui définit un commun comme "une ressource partagée, qui peut être naturelle (une rivière), technique (machine), immatérielle (un logiciel) gérée par une communauté, qui est liée par son intérêt envers la ressource et s'accorde sur une gouvernance fixant démocratiquement des règles collaboratives". Une fois les termes définis, venons-en au cadre. 

Superviser via la Fabrique des Géocommuns

Des appels à communs ont été lancés en 2021 et 2023, intitulés "sobriété et résilience des territoires" et lancés par l'Ademe et soutenus par l'IGN et l'ANCT depuis 2023 (notre article du 10 mai 2023). Dans le cadre de la deuxième édition de la Journée des communs du 4 juillet 2024, des rencontres et des échanges entre ces lauréats ont été organisés. "L'objectif est de produire ensemble des ressources ouvertes contribuant fortement aux enjeux d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques", souligne le communiqué de l'IGN. 
Pour l'édition 2023 de l'appel à communs "sobriété et résilience des territoires", dont les résultats ont été annoncés le 2 mai, 29 projets de communs ont été retenus. L'IGN précise qu'il va "particulièrement superviser" le suivi de certains projets  via sa "Fabrique des Géocommuns". Il cite la cartographie participative des refuges climatiques, "Tronc Commun", "AequilibraE", "analyse et simulation de la mobilité à l'échelle des individus", "aménagements prioritaires pour les véhicules intermédiaires", "L'atlas des espaces économiques de la transition". La Fabrique apporte un accompagnement technique, son réseau, la conciliation des écosystèmes et des champs d'expertise. Elle a aussi permis à l'Ademe de s'appuyer sur des communs initiés par ailleurs.

Cartographie des refuges climatiques

L'un des projets soutenus, la cartographie des refuges climatiques, est porté par le bureau d'études Tribu, en partenariat avec Toulouse Métropole et les laboratoires de recherche LISST et LMCD. Il vise à mettre à disposition des collectivités et des citoyens un kit méthodologique, ainsi qu'un outil de cartographie numérique, pour recenser et caractériser collectivement les espaces de refuge climatique dans l'optique d'un réchauffement de 4°C. L'IGN indique que pour ce commun, il sera prescripteur et fournisseur d'outils et de données, avec par exemple, la création d'un guichet collaboratif ou la mobilisation de "Ma Carte".

Autre projet qui fera l'objet d'un suivi tout particulier, c'est "AequilibraE". Outil gratuit et libre de simulation des déplacements, il permet de créer des modèles de déplacements et de trafic sur un territoire en fonction de situations (actuelles ou projetées) décrites à partir de données socio-économiques et de la prise en compte des différentes infrastructures de transport. "Ce commun est une brique qui pourrait être valorisée dans le futur Jumeau numérique du territoire", précise l'IGN.  

Appel à communs pour un jumeau numérique jusqu’au 30 septembre 

Le 23 mai 2024, l'IGN, le Cerema et l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) ont lancé le premier appel à communs pour la conception d'un jumeau numérique de la France et de ses territoires (voir notre article du 27 mai 2024). L'IGN invite "toutes les organisations publiques et privées (collectivités, administrations, laboratoires de recherche, associations ou entreprises), désireuses de s'associer au projet à rejoindre l'équipe de France du jumeau numérique". Le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) a en effet donné mandat à l'IGN, le Cerema et l'Inria pour façonner ce projet de jumeau numérique dans le cadre de France 2030. Rappelons qu'un jumeau numérique est à la fois une réplique du territoire et des phénomènes qui s'y déroulent, et un environnement de simulation et de géovisualisation qui permet d'évaluer et de comparer l'impact de différents choix ou scénarios dans une perspective d'aide à la décision. Cet appel est ouvert jusqu’au 30 septembre 2024, sur le site de l'appel à communs  pour candidater.