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Régulation - Dacian Ciolos annonce un "paquet législatif" sur la filière laitière

Dans le cadre d'une tournée européenne, le commissaire à l'Agriculture Dacian Ciolos a fait une halte à Paris, mercredi 28 avril, où il a présenté des mesures en faveur de la filière laitière. Après avoir rencontré les sénateurs et le ministre de l'Agriculture, le commissaire a annoncé un "paquet législatif" d'ici fin 2010 pour venir en aide à ce secteur qui traverse une crise profonde. Ces mesures seront prises, "sans attendre la réforme de la PAC", sur la base des conclusions d'un groupe d'experts installé en octobre dernier, pour résoudre la crise laitière, a précisé le commissaire, lors d'une conférence de presse commune avec le ministre français Bruno Le Maire. Il a également indiqué que "des dispositifs de lissage des variations de revenu pourraient être étudiés et a souligné le rôle important des interprofessions dans la mise en œuvre de mesures contracycliques", a fait savoir la présidence du Sénat, dans un communiqué. Le commissaire s'est également penché sur le sort des céréaliers qui étaient plus de 10.000 à manifester dans les rues de Paris, mardi. La Commission est "prête à mobiliser les mécanismes qu'elle a à disposition" pour faire monter le cours des céréales. Début 2010, la Commission avait de cette manière débloqué 300 millions d'euros pour faire remonter les prix du lait.
"Nous traversons une crise sans précédent en France et en Europe, à la suite de laquelle rien ne sera plus jamais pareil : nous entrons dans un nouveau monde agricole", a déclaré pour sa part le ministre de l'Agriculture. "Ma responsabilité est de ne pas faire rêver à un monde fini, il faut se préparer au monde tel qu'il se dessine", a-t-il souligné." Selon lui, il n'y a pas d'antagonisme entre compétitivité et régulation. "Cette régulation des marchés est quelque chose de nouveau, il n'y aura pas de retour en arrière vers une économie administrée", a-t-il déclaré.
Bruno Le Maire a évoqué trois axes fondamentaux pour améliorer la compétitivité de l'agriculture française dans un contexte de plus en plus ouvert. "Nous ne laisserons pas nos parts de marché grignotées", a insisté le ministre, alors que les importations de lait en provenance d'Allemagne, notamment, ont bondi de 70% en 2009. Le 18 mai prochain, il défendra devant le Sénat son projet de loi de modernisation de l'agriculture dont l'objectif est de "donner aux agriculteurs tous les instruments économiques et d'organisation nécessaires pour faire face à la compétitivité européenne". Hier, à l'issue du Conseil des ministres, le ministre avait notamment évoqué la possibilité d'opérer un lissage des revenus des agriculteurs d'un point de vue fiscal, "sur cinq ans" au lieu de "trois ans" actuellement. Deuxième axe : des plans de développement de filières sur le modèle du plan pour la filière du lait qui devrait être disponible courant septembre. Enfin, la réforme de la PAC après 2013 constitue le troisième chantier à venir. "Nous ne laisserons pas la spéculation détruire les exploitations françaises", a déclaré Bruno Le Maire. Mais il est resté vague sur la façon de sauver l'agriculture de montagne, par définition peu compétitive et qui risque de souffrir des négociations en cours à l'OMC. "Nous sommes arrivés à l'extrême limite de ce que nous pouvions accorder à l'OMC, nous ne céderons pas un millimètre de plus", a-t-il assuré. Bruno Le Maire doit s'entretenir prochainement avec Henri Nayrou, le président de l'Association nationale des élus de montagne (Anem), sur la question des aides aux zones défavorisées. "Le maintien des aides dans les zones difficiles est indispensable en termes économiques, d'aménagement du territoire et d'emplois."
Après voir rencontré les autorités danoises et françaises, le commissaire doit à présent se rendre dans les pays baltes et en Pologne.

 

Michel Tendil