Crédits de l'Agence nationale du sport : l'Andes tire la sonnette d'alarme
Dans l'attente d'éventuelles annulations de crédits, l'Agence nationale du sport va retenir, par "précaution", la moitié de son budget consacré aux équipements sportifs structurants locaux et aux emplois sociosportifs. Les élus du sport sont vent debout contre cette décision.
"Bercy sacrifie l'héritage des jeux !" C'est en ces termes que l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) commente, dans un communiqué du 16 juillet, ce qu'elle appelle un gel budgétaire portant sur deux piliers des politiques sportives locales : les crédits dédiés aux équipements structurants locaux et ceux dédiés aux emplois sociosportifs, gérés par les instances décentralisées de l'Agence nationale du sport (ANS).
Selon Vincent Saulnier, secrétaire général de l'Andes et maire-délégué de Château-Gontier (Mayenne), joint par Localtis, l'alerte est venue il y a quelques jours par l'intermédiaire des conférences des financeurs installées auprès des conférences régionales du sport. "À dix jours de l'ouverture des Jeux de Paris 2024, les élus du réseau Andes constatent, avec consternation, que 50% des crédits dédiés aux équipements structurants locaux (gymnases, piscines, terrains synthétiques…) ont été gelés. L'enveloppe initiale de 50 millions d'euros tombe à 25 millions d'euros", déplore l'association représentant huit mille collectivités en France.
"Ne pas engager plus de 50% des crédits"
Sur l'enveloppe en faveur des équipements structurants locaux – insérée pour l'année 2024 au plan 5.000 équipements-Génération 2024 –, Frédéric Sanaur, directeur général de l'ANS, confirme qu'il a demandé à ses délégués territoriaux de ne pas engager plus de 50% des crédits initialement disponibles et de réserver ces crédits aux dossiers "les plus prioritaires".
Autre sujet de préoccupation pour l'Andes : "Le gel simultané de 50% des crédits des mille emplois sociosportifs, prévus dans les quartiers prioritaires de la ville, promis après les émeutes de l'été 2023, une autre provocation auprès des bénévoles des clubs sportifs et des élus en charge du sport."
Sur ces crédits spécifiques, Frédéric Sanaur précise que si les 75 emplois sociosportifs prévus en outre-mer seraient intégralement pourvus cette année, en revanche, seuls 500 des 925 prévus en métropole pourraient, pour l'heure, être engagés.
"Mesures de précaution"
Toutefois, dans un cas comme dans l'autre, le directeur général de l'ANS refuse de parler de gel des crédits : "Il s'agit de mesures de précaution prises dans l'attente d'une éventuelle nouvelle vague d'économies. Des mesures qui s'imposent à nous en toute responsabilité."
On se souvient qu'en début d'année, dans le cadre du plan gouvernemental visant à annuler dix milliards d'euros de crédits dans le budget de l'État pour 2024, le ministère des Sports avait de son côté annulé 50 millions d'euros de crédits. Cet effort avait notamment porté sur la réserve du ministère et sur les cours d'écoles actives et sportives, dont l'enveloppe, gérée par l'ANS, était passée de 10 à 2,5 millions d'euros.
Selon Frédéric Sanaur, ces mesures de précaution seront révisées au mois de septembre. Il sera alors temps, soit de débloquer ces crédits pour financer des projets d'ici la fin de l'année conformément au budget initial de l'agence, soit d'entériner définitivement une nouvelle coupe des crédits du sport.
De son côté, l'Andes annonce qu'elle va "mobiliser son réseau […] pour interpeller les nouveaux députés, après cette inique décision de Bercy, afin de débloquer le gel de ces 30 millions d'euros de crédits [25 millions au titre des équipements structurants locaux, 5 millions pour les emplois sociosportifs, ndlr] avant le 15 septembre prochain".