Création d’un haut-commissariat à l’enfance : avec quels moyens d’action, interrogent les associations

Nommé le 23 décembre 2024, le gouvernement de François Bayrou comprend une ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, en la personne de Catherine Vautrin, à laquelle sont rattachés trois ministres pour le Travail, la Santé, l’Autonomie et le Handicap, mais pas de ministre dédié à l’enfance (voir notre article). Des associations et des élus s’en sont aussitôt émus, la Dynamique pour les droits des enfants, regroupant 27 associations et fédérations, considérant par exemple indispensable qu’un ministère de plein exercice soit nommé pour "mettre en œuvre une stratégie globale de l’enfance, capable de répondre efficacement et simultanément aux problématiques et urgences (logement, santé, éducation…) rencontrées aujourd’hui par les enfants". La Cnape (Convention nationale des associations de protection de l’enfance) y a vu de son côté une "évolution des priorités gouvernementales [qui] doit nous inquiéter collectivement, car elle n'est pas seulement symbolique".

Le 28 décembre, Emmanuel Macron a annoncé via ses réseaux sociaux qu’un haut-commissariat à l’Enfance serait créé en janvier pour "poursuivre et renforcer" l’action du gouvernement en la matière. "La protection des plus jeunes est au cœur de mon engagement. Elle le restera pour les trente prochains mois", a voulu rassurer le chef de l’État. 

L’idée d’un haut-commissaire à l’enfance et à la jeunesse avait été défendue par l’association La voix de l’enfant, présidée par Martine Brousse, qui y voyait une manière de réintroduire de la stabilité pour cette politique mais aussi de la cohérence entre les ministères – Travail, Santé et Solidarités, Justice, Éducation nationale, Intérieur, Sports, notamment. Mais plusieurs associations émettent des doutes sur la capacité de ce futur haut-commissaire à entraîner les ministères et leurs administrations, la tâche n'ayant déjà pas été aisée pour Charlotte Caubel, secrétaire d’État à l’Enfance en 2022 et 2023 pourtant rattachée à Matignon. Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, a de son côté vu dans cette annonce du président de la République "un recul par rapport aux ambitions affichées lors de la campagne présidentielle de 2022, où Emmanuel Macron avait déclaré que l’enfance serait une grande cause nationale". Sans disposer des moyens et de la légitimité nécessaires, ce haut-commissariat "risque de n’être qu’une mesure cosmétique, sans effet concret sur la situation des enfants", alerte la dirigeante associative. "Il faut un ministre", a renchéri la députée PS Isabelle Santiago, rapporteure de la commission d’enquête sur la protection de l’enfance, demandant "une vision politique digne de ce nom pour nos enfants en France". 

 

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