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Environnement - Création du premier atlas européen consacré à la biodiversité des sols

Le Centre commun de recherche de l'Union européenne vient de publier la première cartographie européenne des menaces potentielles pesant sur la biodiversité des sols. Résultat d'une collaboration entre les services de recherche de la Commission européenne et des partenaires issus des universités, de l'industrie et d'institutions telles que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et la Convention sur la diversité biologique, cet atlas de 128 pages invite notamment les décideurs politiques à agir pour enrayer la dégradation de cette ressource vitale. Les sols contiennent en effet une incroyable diversité d'organismes (vers de terre, coléoptères, bactéries, champignons, protozoaires, etc.) primordiale pour la fertilité des terres et la productivité des cultures, et dont le rôle apparaît également déterminant dans la préservation d’autres écosystèmes et la lutte contre le changement climatique. Ils assurent des fonctions de stockage, de filtration et de transformation de nombreuses substances, y compris l'eau, les nutriments et le carbone, qui doivent être protégées en raison de leur importance socio-économique et environnementale.

Plusieurs régions d'Europe dans lesquelles la biodiversité des sols est le plus gravement menacée sont recensées, dont certaines parties du Royaume-Uni, le Benelux et le nord de la France. Pour Máire Geoghegan-Quinn, commissaire en charge de la Recherche, de l'Innovation et de la Science, et Janez Potočnik, commissaire chargé de l'Environnement, cet atlas, qui constitue une contribution majeure de l'Europe à l'année internationale de la biodiversité, "permettra de sensibiliser le public à la nécessité de la directive-cadre sur les sols que la Commission a proposée en 2006 et aidera à enrayer la dégradation des sols et à réparer les dommages qu'ils ont déjà subis".

A travers des photographies saisissantes et les dernières données scientifiques, cet atlas ne prétend pas fournir une représentation du degré réel de biodiversité des sols mais décrire les différentes menaces auxquelles elle est exposée. La première partie de ce document offre une vue d’ensemble de l’environnement souterrain et des fonctions qu’il remplit, en particulier les "biens et services" qu'il fournit aux écosystèmes et la place qu'y occupent la faune et la flore. La seconde partie constitue quant à elle davantage une encyclopédie de la biodiversité des sols. La densité de population, les pratiques agricoles et forestières inadéquates, les activités industrielles et le développement touristique ou urbain aggravent la détérioration de l'écosystème du sol et réduisent la capacité des sols à continuer de remplir correctement leurs diverses fonctions essentielles. Plusieurs facteurs de pression ont ainsi été pris en compte dans cette cartographie des menaces susceptibles de porter atteinte à la biodiversité des sols : changement d'affectation des terres, perturbation de l'habitat, exploitation humaine intensive, apparition d'espèces invasives, tassement du sol, inondations, glissements de terrain, imperméabilisation, érosion, salinisation, pollution, etc.

Jusqu’à présent, les sols n’ont pas fait l’objet de mesures de protection spécifiques au niveau communautaire. Il existe certains aspects liés à la protection des sols éparpillés dans la législation communautaire et, de ce fait, diverses politiques communautaires peuvent d’ores et déjà contribuer à cette protection. Toutefois, ces dispositions existantes, même si elles sont pleinement mises en oeuvre, "n’assurent qu’une protection fragmentaire des sols puisqu’elles ne concernent pas tous les sols ni toutes les menaces recensées", relève l’exposé des motifs de la proposition de directive du parlement européen et du Conseil définissant un cadre pour la protection des sols. Dans l’impasse, suite à son rejet par la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la France, la proposition de directive pourrait enfin aboutir, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, ayant annoncé le 20 octobre 2009, à l’occasion des 2e rencontres nationales de la recherche sur les sites et sols pollués organisées par l’Ademe, que la France ne s’y opposerait plus.

  

Philie Marcangelo-Leos / Victoires-Editions