Course au foncier industriel : le gouvernement en appelle aux intercommunalités
Présent jeudi lors de la 33e convention des intercommunalités, à Orléans, le ministre délégué chargé de l'industrie Roland Lescure a précisé sa méthode pour sélectionner les 50 prochains sites industriels "clés en main". Des appels à candidature en région permettront aux intercommunalités de faire remonter leurs sites. Le gouvernement envisage ainsi de rendre quelque 2.000 hectares de foncier prêt à l'emploi dans les prochaines années. La Banque des Territoires consacrera 450 millions d'euros pour contribuer à leur aménagement et à leurs raccordements.
La stratégie de réindustrialisation présentée par Emmanuel Macron au mois de mai se met progressivement en place. Après le vote de la loi Industrie verte qui vise notamment à diviser par deux les délais d'implantations d'usines (voir notre article), le ministre délégué chargé de l'industrie Roland Lescure a précisé, jeudi, la méthode qu'il entend utiliser pour trouver rapidement 50 nouveaux sites "clés en main" à proposer aux candidats à la construction d'usines. Comme l'avait évoqué le chef de l'Etat au printemps (voir notre article du 12 mai 2023), la réindustrialisation du pays nécessite de trouver entre 20 et 30.000 hectares de foncier. "On vise 20.000 hectares supplémentaires pour l'industrie. Il y en aura 2.000 qui seront concernés par ces sites", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre de la 33e convention des intercommunalités de France, à Orléans. Un chiffre qui fait écho au rapport du préfet Rollon Mouchel-Blaisot remis cet été, qui invitait à mobiliser en urgence 2.000 ha (voir notre article du 26 juillet 2023).
Pour y parvenir, le ministre compte s'appuyer sur les intercommunalités, à travers des appels à candidature. Chaque intercommunalité pourra ainsi communiquer à son conseil régional et sa préfecture de région un site dont elle dispose, a indiqué le ministère auprès de l'AFP. Les autorités régionales pourront ainsi sélectionner entre 5 et 10 sites au niveau régional qu'elles feront remonter au niveau national. "Dès le début du mois de janvier, on va commencer à les habiliter ou les réhabiliter, de manière à ce que d'ici 2030 on ait 50 sites clés en main. On espère même qu'on les aura avant", est venu préciser Roland Lescure, qui attend de pouvoir présenter les premiers sites dès 2024.
"L'industriel ne sait pas gérer la pie grièche"
Un motif de satisfaction pour Intercommunalités de France qui s'est toujours positionnée pour que la réindustrialisation parte du bas, même si, avec plus de 1.200 intercommunalités en France, toutes ne seront pas servies. "C'est la vraie solution pour accélérer la réindustrialisation du pays. Un industriel sait ce que c'est de devoir déposer son permis, l'ICPE tout cela il va le gérer, mais il ne sait pas gérer le réseau d'énergie qui n'est pas bien dimensionné dans le cadre du projet, il ne sait pas gérer la pie grièche qu'on découvre parce qu'on n'avait pas fait les études environnementales sur le site, il ne sait pas gérer la statue romaine qu'on découvre parce qu'on n'avait pas fait les études archéologiques", a commenté le président d'Intercommunalités de France Sébastien Martin, par ailleurs président du Grand Chalon.
Pour Roland Lescure, il faudra "prioriser les sites en fonction des travaux engagés, en fonction de leur répartition géographique, de la facilité à brancher tel ou tel service public".
450 millions d'euros pour aménager les sites
La Banque des Territoires s'est engagée à contribuer à l'aménagement et à l'équipement de ces sites, à hauteur de 450 millions d'euros d'ici 2027. Elle mobilise aussi une enveloppe de 600 millions d'euros sur la même période pour accompagner les industriels dans leurs projets de décarbonation (réhabilitation de friches, aménagements de zones industrielles, production d'énergies renouvelables, infrastructures numériques, mobilités durables…). Enfin, elle doit livrer cet automne un portail dédié au foncier d'activité économique. "Grâce notamment à des modules cartographiques, ce portail apportera un appui aux industriels pour trouver du foncier adapté à leurs projets, et aux collectivités locales pour mettre en place une stratégie foncière, sachant que la consommation foncière doit être divisée par deux d’ici 2030 dans le cadre de l'objectif zéro artificialisation nette", indique-t-elle.
Pour Sébastien Martin, les planètes semblent bien alignées puisque dès le lendemain, vendredi, il a annoncé sur son compte X la décision du groupe français Atlantic de s'installer dans le Grand Chalon pour construire sa prochaine usine de pompes à chaleur, qui va ouvrir en octobre 2025, avec 300 emplois à la clé "dès son ouverture". "Nous allons relever le défi de la réindustrialisation."