Coup d'envoi de la campagne d'information "Zéro pesticide"
Ségolène Royal a donné ce 14 février le coup d'envoi d'une campagne d'information destinée au grand public sur le thème "Zéro pesticide, c'est mille fois mieux pour ma santé et pour notre planète". A cette occasion, elle a rappelé les mesures en vigueur depuis le 1er janvier, notamment l'interdiction faite aux collectivités d'utiliser ces produits pour l'entretien des espaces publics et de la voirie, et présenté de nouvelles dispositions pour atteindre le zéro phyto.
"En appui des dispositions contenues dans la loi sur la transition énergétique et la loi sur la biodiversité, nous lançons aujourd'hui une campagne nationale d'information intitulée 'Zéro pesticide: c'est mille fois mieux pour ma santé et pour notre planète'", a annoncé Ségolène Royal lors d'une présentation au ministère de l'Environnement ce 14 février.
Le visuel de la campagne sera diffusé dans la presse quotidienne régionale fin février, l'objectif étant de mieux faire connaître les différentes étapes de l'interdiction de l'usage des pesticides. Depuis le 1er janvier 2017, la loi sur la transition énergétique interdit en effet à l'Etat, aux collectivités locales et aux établissements publics d'utiliser ces produits pour l'entretien des espaces verts, des forêts, des voiries ou des promenades accessibles ou ouverts au public. Exception faite des produits de bio-contrôle et de ceux utilisables en agriculture biologique, la vente en libre-service de pesticides aux particuliers est également interdite. Les pesticides chimiques ne peuvent être délivrés aux jardiniers amateurs que suite à un conseil personnalisé délivré par un vendeur certifié. A partir du 1er janvier 2019, l'interdiction d'usage des pesticides sera généralisée.
Un guide pour les communes
Un "guide des solutions" a été édité pour les communes. Outre le rappel de la réglementation applicable dans les espaces publics, ce document présente les solutions alternatives à l'usage des pesticides ainsi qu'un certain nombre d'initiatives de collectivités pionnières. Parmi celles-ci, la ville de Fontainebleau (14.839 habitants, Seine-et-Marne), passée en gestion zéro pesticide dès 2011, en mettant en place un plan de gestion différenciée ne prévoyant aucun usage d'herbicide et en formant ses personnels à la démarche. "Nous avons demandé aux techniciens de la ville et du cimetière de suivre une formation certiphyto afin qu'ils prennent conscience du danger de l'usage des pesticides sur la santé et l'environnement, témoigne Marc Champault, responsable des espaces publics de Fontainebleau. Puis ces mêmes techniciens ont suivi une formation biodiversité. Cette démarche nous a permis de leur faire comprendre pourquoi leur façon de travailler allait évoluer vers d'autres alternatives."
Autre exemple : celui de la petite commune (39 habitants) de Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle, en Corrèze, en gestion zéro pesticide depuis 2014. Sans services techniques, ce sont les élus (le conseil municipal compte 30% d'agriculteurs) et les habitants eux-mêmes qui ont mis la main à la pâte pour rénover le cimetière et en faire "un endroit où il fait bon vivre", selon l'expression du maire, Jean-Michel Teulière. Remplacement du gravier par du gazon et des fleurs rustiques, construction de petits murets de pierres pour retenir la terre, aménagement d'une allée centrale faite de chaux et de sable, plantation d'arbustes, pose de nichoirs à oiseaux et même installation d'œuvres d'artistes locaux… : la petite commune s'est ainsi dotée d'un véritable cimetière paysager qui est aussi un lieu d'animations culturelles.
Chartes locales
Ces initiatives peuvent bénéficier d'un appui technique, au travers de chartes locales à objectif "zéro pesticide", qui concernent plus de 4.160 communes, selon le ministère. C'est le sens de la démarche "Terre saine, communes sans pesticides", qui labellise les collectivités les plus avancées en matière de suppression de l'usage des pesticides (203 communes aujourd'hui). Les 400 "Territoires à énergie positive pour la croissance verte" s'engagent aussi à œuvrer en faveur du bannissement de l'usage de ces produits en incitant les particuliers à anticiper l'échéance de 2019 et en servant des repas bio dans les cantines scolaires, a rappelé Ségolène Royal.
Dans le cadre de leur dixième programme (2013-2018), les agences de l'eau peuvent de leur côté cofinancer les actions de transition des collectivités vers le zéro phyto (diagnostics de gestion de la végétation, plans de gestion différenciés et de désherbage, actions d'information et de sensibilisation des habitants, formation des personnels communaux, soutien aux chartes locales).
Nouvel arrêté sur les épandages
Ségolène Royal souhaite désormais "une accélération de la prise de conscience" des impacts négatifs des produits phytosanitaires sur les écosystèmes et la santé. Après une "rédaction compliquée", le décret concernant l'interdiction des principales substances néonicotinoïdes au 1er septembre est mis en consultation. Les principales molécules de cette catégorie de produits seront interdites. Les dérogations possibles jusqu'en 2020 seront octroyées au cas par cas, "pour une culture spécifique et lorsqu'il n'y aura vraiment aucune alternative à court terme", a précisé à l'AFP Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques. Le ministère prépare deux autres arrêtés, l'un sur l'interdiction du Bisphénol A dans les jouets et l'autre sur l'obligation de mentionner la présence de nanoparticules dans les produits de consommation.
Ségolène Royal s'est également engagée à agir pour que le prochain arrêté qui sera pris sur les épandages comprenne une distance minimale à respecter avec les riverains des zones agricoles, comme le réclament des ONG, dont Générations futures.