Cordées de la réussite : les relations entre les établissements pourraient s'améliorer

Une enquête du ministère de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur sur les Cordées de la réussite met en avant les réussites et les carences du dispositif. Parmi les pistes d'amélioration : les relations entre les établissements supérieurs, d'un côté, et les collèges et lycées, de l'autre.

Les Cordées de la réussite connaissent une belle croissance mais pâtissent encore d'un manque de dialogue entre les établissements concernés, constate une récente enquête du ministère de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur, menée auprès des établissements têtes de cordée.

Créées en 2008, les Cordées de la réussite visent à renforcer l'accompagnement des élèves de la quatrième à la terminale dans leur orientation. Sur la base d'un partenariat entre établissements du supérieur ("têtes de cordée") et du secondaire ("encordés"), elles prennent le plus souvent la forme d'un tutorat assuré par des étudiants volontaires auprès des élèves issus de collèges ou lycées situés en zones d'éducation prioritaire urbaines ou en zones rurales. 

La vitalité du dispositif s'incarnait en 2024 à travers plus de 1.000 cordées – contre 460 en 2019 – au sein desquelles 21.000 étudiants ont accompagné plus de 162.000 collégiens et lycéens – contre 80.000 en 2019.

En termes d'organisation, 92,2% des têtes de cordées ont désigné un référent chargé d'animer la communauté des étudiants qui interviennent dans la cordée et des relations avec les collèges, les lycées et le rectorat. Parallèlement, 95% des établissements supérieurs affirment avoir un interlocuteur privilégié dans les collèges ou lycées de leur cordée, un chiffre en hausse par rapport à 2021 (+4%). Cet interlocuteur – dont  la présence apparaît comme "une condition déterminante pour le bon fonctionnement d'une cordée" – est en majorité un enseignant, le chef d'établissement dans un tiers des cas, ou plus rarement un conseiller principal d'éducation. 

Un projet commun dans seulement 30% des cordées

En ce qui concerne l'élaboration du projet et des actions proposées aux élèves, elle relève dans 30% des cas d'un travail conjoint entre les établissements scolaires et la tête de cordée. Dans près de 40% des cas, elle est construite par les seuls établissements scolaires et dans 29% exclusivement par la tête de cordée. Et ce alors que l'élaboration conjointe "reste un enjeu prioritaire" et "conditionne l'adhésion et la participation active des acteurs des divers établissements au programme".

Les actions les plus fréquemment mises en œuvre sont les visites ou immersions dans l'établissement d'enseignement supérieur (88,7%), les rencontres avec des "modèles inspirants" (75,1%) et les séances d'information sur les études supérieures (74,3%). On note également l'importance relative des initiatives organisées en dehors des établissements, comme des activités culturelles (62,5%) ou des visites d'entreprises (34,6%).

Parmi les faiblesses pointées par l'enquête : si plus de 92% des établissements supérieurs qualifient les relations établies avec leur établissement encordé de "positives" ou "très positives", seules 53,9% des cordées disposent d'une instance de pilotage commune. Un taux qui "reste en deçà de l'ambition" affichée par l'administration. On note aussi que plus d'un tiers des cordées (35,1%) bénéficie de la contribution ponctuelle ou durable d'autres acteurs, dont celle des collectivités (dans 23,8% des cas).

Emploi du temps et éloignement

Autre paradoxe : malgré les bonnes relations établies avec les collèges et lycées, 28,4% des établissements supérieurs estiment que le dialogue et les partenariats avec ces derniers sont insuffisants et 40% constatent qu'il n'y a "pas de réelle association [de la part] de l'établissement scolaire".

Toutefois, les difficultés les plus couramment relevées sont l'éloignement géographique important avec l'établissement (29,8%) et surtout les contraintes d'emploi du temps des intervenants, étudiants ou enseignants de l'enseignement supérieur (63,9%). Quant aux moyens budgétaires, ils sont jugés insuffisants par 26,1% des répondants, et conduisent près de 40% des établissements supérieurs engagés à compléter la subvention versée par le rectorat ou la préfecture par un financement sur leurs fonds propres. Tandis que 15% signalent des financements par des partenaires, dont les collectivités territoriales. L'enquête signale à ce propos que les régions Île-de-France, Grand Est, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Pays de la Loire ont inscrit le soutien au dispositif dans leur budget depuis plusieurs années.

Enfin, parmi les axes d'amélioration évoqués par les têtes de cordée, on peut noter l'implication et la valorisation des étudiants tuteurs, la fréquence des échanges avec les établissements scolaires, mais aussi la simplification des procédures administratives fréquemment qualifiées de "complexes et chronophages" ou le versement plus précoce des subventions afin de disposer d'une visibilité pour pouvoir programmer les actions.

 

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