Tourisme - Congrès internationaux : la France a marqué le pas en 2009
L'International Congress and Convention Association (Icca) publie les chiffres 2009 de l'activité des congrès à travers le monde. Curieusement, ces derniers ne semblent pas avoir souffert de la crise économique, qui a pourtant atteint son apogée l'an dernier. Le nombre de congrès recensés par l'Icca est en effet passé de 7.475 en 2008 à 8.294 en 2009 (+11%). Cette progression surprenante dans un contexte défavorable (même si les congrès sont souvent programmés plusieurs années à l'avance) doit toutefois être interprétée avec une certaine prudence. L'association elle-même reconnaît en effet qu'une partie de la progression vient d'un meilleur signalement des manifestations par les Etats membres.
En dépit de ce contexte plutôt favorable, la France marque le pas. Elle occupait en 2008 le quatrième rang mondial avec 334 manifestations recensées par l'Icca, derrière les Etats-Unis (507), l'Allemagne (402) et l'Espagne (347). En 2009, la France a perdu deux places, passant ainsi au sixième rang mondial derrière les trois pays déjà cités, mais aussi désormais l'Italie (350 manifestations recensées) et le Royaume-Uni (341). Le nombre de manifestations organisées en France s'est pourtant maintenu l'an dernier (341 manifestations contre 334), mais, dans le même temps, celui enregistré par la plupart des autres pays s'est fortement accru (595 aux Etats-Unis et 458 en Allemagne).
Un recul identique s'observe sur le classement par ville. Paris, qui occupait en 2008 la première place à égalité avec Vienne (139 manifestations chacune), se trouve nettement distancée par cette dernière en 2009 (160 manifestations à Vienne, 131 à Paris). Barcelone en profite pour se glisser au second rang (135 manifestations). Paris, reléguée à la troisième place, est désormais talonnée par Berlin (129).
L'office du tourisme et des congrès et la ville de Paris ont une vision assez différente. Dans un communiqué, l'office met en cause le classement de l'Icca - et celui de l'association rivale l'UAI (Union des associations internationales) - en affirmant que "les critères de ces classements sont peu révélateurs de l'activité globale d'une destination en termes de congrès", notamment parce qu'ils prennent mal en compte les manifestations nouvelles. L'office du tourisme et des congrès indique, pour sa part, que la capitale a accueilli l'an dernier 930 congrès (+3,3%) rassemblant 700.000 participants. Ce chiffre correspond bien sûr à une définition nettement plus large des manifestations. Le communiqué reconnaît cependant qu'"en 2009, les congrès à rotation nationale (82%) l'emportent sur les congrès à rotation internationale". Les congrès organisés à Paris auraient engendré l'an dernier 1,2 million de nuitées hôtelières dans la capitale, soit 8% des nuitées d'affaires (qui représentent elles-mêmes 43% des nuitées globales en 2009). L'office du tourisme et des congrès estime donc que "l'avenir est souriant", avec en particulier la perspective de plusieurs manifestations phares dans les prochaines années, à commencer par le congrès européen de la Société de cardiologie en 2011. Avec ses 30.000 participants attendus, il sera la plus grande manifestation jamais accueillie à Paris. Mais si les chiffres de l'Icca et de l'UIA devaient se confirmer et refléter ainsi une baisse d'attractivité de la capitale, cela ne manquerait pas de relancer certains dossiers délicats, comme ceux de l'ouverture des magasins le dimanche (voir notre article ci-contre du 7 juin 2010) ou du manque de dynamisme de la vie nocturne parisienne (voir notre article ci-contre du 21 décembre 2009).
Jean-Noël Escudié / PCA