Tourisme - Congrès internationaux : Paris et le désert français ?

Comme chaque année, les deux associations concurrentes représentant les professionnels de l'organisation de congrès - International Congress and Convention Association (Icca) et Union of International Associations (UIA) - publient leurs statistiques sur le classement quantitatif des villes de congrès. Compte tenu des délais nécessaires à cette collecte internationale, les chiffres présentés portent sur l'année 2008. Faute d'une définition commune des manifestations internationales prises en compte, les deux classements diffèrent de façon sensible, mais traduisent cependant un certain nombre de constantes. Le classement de l'Icca place ainsi Paris, ex-aequo avec Vienne, sur la première marche du podium. Avec 139 manifestations enregistrées en 2008 (le sens du terme anglais "meetings" est plus large que le français congrès), la capitale devance Barcelone (136) et Singapour (118). Depuis plusieurs années, Paris et Vienne se disputent farouchement la première place mais, de 2005 à 2007, la capitale autrichienne se classait devant Paris. Le classement de l'UIA repose sur une définition moins restrictive des manifestations prises en compte. Paris y figure au second rang avec 419 manifestations, loin derrière Singapour (637), mais nettement devant Bruxelles (299), Vienne (249) et Barcelone (193).
La situation est différente si l'on considère les pays. Le classement de l'Ica - le plus restrictif en termes de définition - fait figurer la France au 4e rang mondial, avec 334 manifestations, derrière les Etats-Unis (507, alors que la première ville américaine de congrès - Boston - est seulement 48e), l'Allemagne (402 manifestations) et l'Espagne (347). Dans le classement de l'UIA, la France occupe le second rang mondial avec 797 manifestations, toujours derrière les Etats-Unis (1.079), mais devant la ville-Etat Singapour (637), le Japon (575), l'Espagne (467) et l'Allemagne (440).
Le - relatif - décrochage français entre les résultats par villes et par pays - surtout dans le classement de l'Icca qui se concentre sur les grandes manifestations internationales, les plus exigeantes en termes d'infrastructures - s'explique par un déséquilibre dans l'offre. Des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou l'Italie présentent une offre relativement équilibrée de métropoles à même d'accueillir de grands congrès. D'autres, comme l'Espagne, présentent au moins un binôme (Barcelone et Madrid). Dans le cas de la France - et même si neuf villes pointent au classement des 300 premières villes mondiales de l'Icca -, l'écart est considérable entre Paris et sa première dauphine. Lyon figure ainsi au 49e rang ex-aequo, avec 31 manifestations en 2008. Viennent ensuite Nice (20 manifestations, 79e ex-æquo), Marseille (18 manifestations, 86e ex-æquo), Toulouse (16 manifestations, 100e ex-aequo), Bordeaux (12 manifestations, 128e ex-aequo), Cannes, Montpellier et Strasbourg (8 manifestations chacune, 181e ex-aequo). Il ne faut toutefois pas voir dans ces résultats un retard ou un manque d'ambition des métropoles régionales françaises. Celles-ci ont au contraire fortement investi ces dernières années dans la qualité des structures d'accueil, afin de pouvoir accueillir des manifestations de niveau international. Mais le poids de l'histoire et plusieurs siècles de centralisation, joints à la richesse de l'offre parisienne, rendent difficile de développer de véritables contrepoids à l'attractivité d'une ville qui est aussi - il faut le rappeler - la première destination touristique mondiale.

 


Jean-Noël Escudié / PCA