Congrès des maires – Les communes plaident pour un "travail collectif" avec l'Éducation nationale
Au Congrès des maires, les élus ont fait part de leur forte volonté de participer à l'élaboration des politiques publiques d'éducation. Une participation parfois remise en cause par un manque de moyens mais aussi un manque d'échanges et de continuité de la part de l'État.
"Préserver l'école, faire réussir les enfants." Sous ce titre générique, la table ronde organisée ce mercredi 20 novembre 2024 dans le cadre du Congrès des maires promettait de traiter le thème de l'éducation sous un angle particulièrement vaste. Ce fut effectivement le cas. Et le risque planait de voir partir les débats dans des directions apparemment sans lien entre elles. Ces échanges ont paradoxalement mis en évidence une réalité : en matière d'éducation, tous les sujets sont liés. Et qui dit lien entre les sujets, dit nécessairement liens entre les acteurs...
Ce lien entre les acteurs de l'éducation, Anne Genetet l'a invoqué dès sa première prise de parole. Face à un parterre de maires très fourni, la ministre de l'Éducation nationale a assuré : "Vous êtes pour moi des capteurs. J'ai besoin d'entendre vos initiatives. Je veux me nourrir de ce que vous faites et de ce qui fonctionne."
"Faire baisser la température"
Face à elle, Frédéric Leturque avait un message à faire passer : "Le travail collectif est essentiel pour que la communauté éducative travaille au service des enfants." Pour le maire d'Arras et coprésident de la commission de l'éducation de l'AMF, la nécessité de ce travail collectif n'est pas qu'une vue de l'esprit. Dans un contexte particulier, fait d'inquiétudes, de craintes, parfois de menaces, il estime que "l'école ne peut pas tout traiter seule". L'appel de Frédéric Leturque à travailler ensemble vise donc à "faire baisser la température" autour des sujets liés à l'école.
Et pour cause. En plus du défi de relever le niveau des élèves, l'école doit également assurer la sécurité des élèves et des personnels, face aux agressions extérieures mais aussi face au harcèlement, elle doit évidemment accueillir dans les meilleures conditions tous les élèves, y compris lorsqu'ils sont porteurs d'un handicap, elle doit parfois, pour certains enfants, assurer le seul repas équilibré qu'ils mangeront dans la journée, elle doit encore les ouvrir au monde au-delà des programmes scolaires. La liste n'est pas exhaustive...
Solutions locales, solutions nationales
Pour faire face à tous ces défis, l'école n'est pas seule, ont assuré les maires à travers leurs témoignages. De la cantine aux activités périscolaires, ainsi que sur une grande quantité de sujets, les communes trouvent des solutions pour ne laisser personne au bord de la route. À Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine), la mairie a mis en place une tarification progressive pour éviter les effets de seuil dû au barême de la CAF. À Val-de-Reuil (Eure), la municipalité compte sur son "banc de l'amitié" pour apaiser le climat scolaire dans les cours d'écoles. Dans la communauté d'agglomération Pays Foix-Varilhes (Ariège), la plateforme "Territoire éducatif" réunit tous les mois les acteurs de l'éducation, des maires à la CAF, en passant par les associations d'éducation populaire. À Mamoudzou (Mayotte), ce sont des rotations dans les classes, avec des groupes accueillis soit le matin, soit l'après-midi, et des écoles itinérantes qui permettent de recevoir des élèves sur un territoire en prise à une forte pression démographique et où plus de 5% d'entre eux ne sont pas scolarisés.
Si les solutions locales existent, plusieurs dispositifs nationaux sont également plébiscités par les élus. Au Congrès des maires, on s'est félicité du dédoublement dans les classes de CP et CE1 qui ont amélioré les apprentissages dans les quartiers prioritaires. Et on a encensé les Cités éducatives, qui rassemblent tous les acteurs de l'éducation du territoire pour offrir une véritable continuité éducative aux enfants. Gilles Leproust, maire d'Allonnes (Sarthe) et président de l'association Ville & Banlieue, a estimé qu'il s'agissait d'une "excellente réponse qui a fait la preuve de son utilité". De même que les Vacances apprenantes qui, à Allonnes, ont permis de doubler le nombre d'enfants partant en colonie.
Question de moyens et de continuité
"On peut avoir la volonté, encore faut-il qu'on ait les moyens", a alors lancé Frédérique Leturque. Pour le maire d'Arras, la situation budgétaire condamne les communes à faire des choix. "Des choix qu'on espère ne pas faire au détriment de l'éducation", ajoute l'élu. Car ces derniers temps, des signaux négatifs ont obscurci l'horizon. Le gouvernement a confirmé la disparition du fonds de soutien aux activités périscolaires, qui concerne encore cette année 600.000 élèves. Toujours à propos des moyens, le coprésident de la commission de l'éducation de l'AMF a demandé d'ouvrir le FIDP (fonds interministériel de prévention de la délinquance) à la sécurisation des écoles.
Au-delà des moyens, les maires ont aussi plaidé pour la continuité des politiques publiques, non sans avoir taclé le jeu de chaises musicales qui, depuis 2022, a vu se succéder pas moins de cinq ministres à l'Éducation nationale. "Sur le terrain, nous réunissons les acteurs, nous travaillons à toutes les politiques publiques, a asséné Frédérique Leturque. Vous devez aussi le faire au niveau du gouvernement."
"J'ai bu vos paroles"
Après les premiers échanges, Anne Genetet avait dit avoir "bu les paroles" des maires. Elle choisit de conclure en annonçant la signature prochaine d'un protocole avec l'AMF qui devrait donner plus de visibilité aux maires dans leurs politiques éducatives, que ce soit en structurant l'Observatoire des dynamiques rurales ou en permettant de construire une carte scolaire sur trois ans. "Je mettrai toute mon énergie pour qu'on puisse se parler", a insisté la ministre. "Nous serons attentifs à ce contrat de confiance dont nous avons absolument besoin", a pour sa part rappelé Frédéric Leturque.