Habitat - Congrès de l'USH, jour 3 : le monde HLM attend des "preuves d'amour"
Le dernier jour du congrès de l'Union sociale pour l'habitat (USH) est traditionnellement consacré au vote des résolutions. Celles-ci sont l'occasion, pour le monde HLM, de se présenter uni face aux pouvoirs publics. Un exercice souvent de haute voltige tant peuvent être divergents les intérêts de ses différentes composantes. Thierry Repentin, qui a clôturé là son premier congrès en tant que président de l'USH, semble y être parvenu. Il a appelé ce jeudi 17 septembre à "une reprise du dialogue avec l'Etat, un peu mis à mal ces derniers temps".
Que le Dalo ne conduise pas à la création de nouveaux ghettos
"Plus de 90% des logements sociaux sont implantés dans moins de 6% des communes." Au-delà de la défense classique de l'article 55 de la loi Solidarité et Renouvellement urbains, c'est au sujet de l'application du droit opposable au logement que la question de la mixité a cette année était soulevée. "Ce serait un comble que la mise en oeuvre du Dalo conduise à créer de nouveaux ghettos !", a déclaré Thierry Repentin. Il a appelé à une "mobilisation du parc privé, y compris par l'intermédiation locative", système qui consiste en la location par les organismes HLM d'appartements pour le compte de propriétaires privés.
Eloge du mille-feuille territorial
Evoquant la future réforme des collectivités, l'USH, si elle salue la mise en place de plans locaux d'urbanisme intercommunaux et la démocratisation de la désignation des exécutifs communautaires, s'est dite préoccupée par la suppression de la clause générale de compétence : alors qu'actuellement, tous les niveaux de collectivités participent au financement d'une opération, cette mesure pourrait mettre en péril ce tour de table.
Sur la réforme du Grand Paris, l'union s'inquiète d'une prise de pouvoir par l'Etat sur le logement et l'urbanisme. Elle juge que le transfert de la compétence aménagement à un établissement public d'Etat va rendre "plus difficile l'accès au foncier et l'équilibre des opérations".
Défense, toujours, de l'ancrage local, lorsque Thierry Repentin a présenté les fusions d'organismes - encouragées par Augustin de Romanet la veille et par Benoist Apparu la semaine dernière - comme peu utiles : "Notre tissu d'organismes, ancré dans les territoires, est déjà efficace tel qu'il est." Il s'est montré au contraire favorable à une rénovation des modalités juridiques de coopération entre organismes.
Pas de tango argentin sur les moyens !
"Un pas en avant, deux pas en arrière." C'est par cette formule imagée que les congressistes ont dénoncé le manque de visibilité financière sur les crédits d'Etat. Ils ont demandé une programmation pluri-annuelle des crédits logement. Sur le projet de budget 2010 qui sera présenté à la fin du mois, le mouvement HLM craint une "chute drastique" des aides à la pierre. Thierry Repentin a donc demandé à Benoist Apparu de défendre "bec et ongles les crédits logement".
Inquiétude particulièrement forte pour la rénovation urbaine : Thierry Repentin a demandé une enveloppe complémentaire d'un milliard d'euros pour l'Anru afin que les opérations en cours puissent être menées à leur terme. Il a renouvelé son souhait que les programmes Anru soient maintenus après 2013 et a promis d'être "particulièrement vigilant" sur la prochaine révision de la géographie prioritaire de la ville. Au-delà des quartiers Anru, le monde HLM demande des crédits spécialement dédiés à la réhabilitation (hors rénovation urbaine ou programmes énergétiques), le renforcement des APL et le maintien du doublement du prêt à taux zéro pour 2010.
Enfin, Thierry Repentin a rappelé au nouveau secrétaire d'Etat en charge du logement qu"'il n'y avait pas d'amour sans preuves d'amour". Benoist Apparu, devait clôturer le congrès et rencontrer à cette occasion, pour la première fois, le monde HLM au grand complet.
Des nouvelles de ces "preuves", qui ont laissé la salle assez dubitative, dans notre prochaine édition...
Hélène Lemesle, à Toulouse