Transports - Conférence sur le fret ferroviaire : Alain Vidalies annonce des mesures en faveur du réseau capillaire
Le 6 octobre, le secrétaire d'Etat chargé des transports Alain Vidalies a tenu une cinquième conférence nationale en vue de relancer le fret ferroviaire. Sa reprise, timide pour les uns, notable pour d'autres - c'est selon le point de vue - est chiffrée en 2015 à 5% par rapport à l'année précédente. "Mais le ferroviaire représente seulement 10,6% du transport de marchandises", tempérait l'été dernier dans une note de son service statistiques le Commissariat général au développement durable.
Rapprocher l'offre et la demande
C'est l'un des axes de travail de ces conférences réunissant depuis trois ans des acteurs du secteur. Du côté des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP), ces PME ferroviaires qui travaillent notamment avec les collectivités pour traiter des trafics diffus et optimiser leurs parcours territoriaux, on estime que la demande est là mais que l'offre ne suit pas. Chez le plus gros logisticien français, SNCF Logistics, holding chapeautant Geodis et l'ancienne branche fret de la SNCF - avec qui ces OFP ne sont pas toujours en odeur de sainteté - on estime ce constat exagéré mais on reconnaît la marge de progrès. Malgré un accès au réseau "qui reste compliqué" on y pointe la bonne santé du transport combiné, cette forme de transport intermodal associant le rail et la route. Une aide dite à la pince est souvent évoquée dans le secteur. Alain Vidalies a indiqué qu'elle serait prolongée et complétée par le versement d'une aide de 10 millions d'euros en 2018 pour aider le transport combiné.
Le potentiel des autoroutes ferroviaires
Autre forme particulière, les autoroutes ferroviaires, ces trains spéciaux qui circulent sur le réseau existant et transportent les remorques des poids lourds. Même si un projet a dernièrement échoué (voir notre article dans l'édition du 7 octobre 2016), les acteurs du secteur croient à leur potentiel de développement et à leur capacité à grignoter des parts de marché à la route. A l'issue de cette cinquième conférence nationale Alain Vidalies a ainsi annoncé le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt pour la création d'un nouveau service de ce type sur l'axe atlantique. Du côté des services existants, l'autoroute ferroviaire franchissant les Alpes, l'Alpine, pourrait à terme aller jusqu'à Lyon voire même relier le Pas-de-Calais à l'Italie – c'est à l'étude chez VIIA, discrète filiale de SNCF Logistics. Ombre au tableau, la dernière liaison lancée entre le port de Calais et Le Boulou (Pyrénées-Orientales), à la frontière franco-espagnole, est pour sa part dans l'impasse et suspendue depuis des mois en raison de problèmes liés aux migrants de Calais. Une mauvaise nouvelle pour le report modal et ceux qui ont défendu cet équipement dont la région Hauts-de-France.
Augmenter les péages
Alain Vidalies a confirmé la hausse des péages facturés aux opérateurs de fret par le gestionnaire des voies SNCF Réseau, en contrepartie d'une amélioration des services rendus par ce dernier et pour s'aligner sur une moyenne européenne bien plus élevée. Cette hausse étant étalée jusqu'en 2027, et en partie conditionnée à l'amélioration de la qualité des sillons, un manque à gagner pour SNCF Réseau perdure, que l'Etat compensera à hauteur de "90 millions d'euros pour 2016 et le montant nécessaire pour les années ultérieures". L'Association française du rail (Afra), qui représente le quart de la profession et l'une des voix du côté des opérateurs, n'a pas tardé à réagir, cet objectif de lier la hausse des péages à l'amélioration de la qualité des sillons n'étant selon elle pas respecté du fait des "indicateurs définis ne se basant pas sur l'exploitation réelle".
Sauvegarde du réseau capillaire
Les opérateurs privés se sont en revanche félicités de la prolongation jusqu'en 2020 de l'aide publique de 10 millions d'euros par an pour la rénovation des voies capillaires. "J'explique sans relâche aux élus que je croise que ces enjeux de sauvegarde du fret territorial et du développement du réseau capillaire sont bel et bien majeurs. Car sans un réseau capillaire entretenu, performant, le fret ferroviaire ne peut progresser", insiste Alain Vidalies. Pour rappel, ce réseau est constitué de vieilles lignes n'accueillant pas de passagers mais vital aux yeux des opérateurs, "mais aussi des acteurs locaux" ajoute le secrétaire d'État, "en particulier des régions et de leurs ports". Le travail de diagnostic des lignes à moderniser et de concertation des acteurs pouvant y concourir porte ses fruits. Un budget de 33 millions d'euros a été engagé l'an dernier pour pérenniser celles accueillant un trafic significatif. Les collectivités ont mis au pot et contribué à hauteur d'un tiers. Les opérations de remise en état se poursuivent. "L'Etat, les régions, des départements, d'autres collectivités et des chargeurs y participent", motive Nicolas Fourrier, directeur marketing et commercial de SNCF Réseau. Sur 350 kilomètres de lignes capillaires fret ces travaux sont pérennisés. Les concertations se poursuivent et concernent près de 500 autres kilomètres de voies accueillant notamment en région Nouvelle-Aquitaine ou Grand Est, des trafics fortement liés à la production céréalière. Enfin dernier apport de cette cinquième conférence fret, un soutien annoncé de l'État de 20 millions d'euros pour aider à la réduction du bruit ferroviaire, auxquels s'ajouteront 20 millions de financements européens. Bien mais "insuffisants" vu l'enjeu, conclut l'Afra, qui rappelle qu'il va falloir équiper l'intégralité du parc français, estimé à près de 100.000 wagons.