Energie - Compteurs Linky : ERDF répond aux inquiétudes des collectivités
Auditionné le 2 février par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Philippe Monloubou, président du directoire d'ERDF, s'est voulu rassurant. Interpellés depuis des mois par des organismes ou citoyens s'inquiétant des éventuels impacts sanitaires du système Linky, les parlementaires l'ont questionné à ce sujet. "Il y a un effet de buzz. Cela fait grand bruit, c'est en réalité porté par un petit nombre de personnes. Je peux vous assurer qu'à un tel niveau de développement industriel - cinq milliards d'euros d'investissement sont en jeu, 10.000 emplois créés, la France aimerait avoir autant de projets de cette dimension -, Linky respecte des normes sanitaires françaises et européennes très restrictives. Et n'émet pas plus d'ondes que votre compteur électrique actuel."
La technologie du nouveau compteur repose sur le courant porteur en ligne (CPL) : le signal est transmis par les câbles du réseau électrique déjà en place. Philippe Monloubou appelle de ses vœux à "démystifier" le boîtier. "Outil de transformation de la relation du consommateur à l'énergie", ce sera bien un pilier des réseaux intelligents ou smart grids. Pour autant, gare à ne pas le surestimer et à en faire un monstre redouté de technologie : "Il ne va pas générer, par exemple, des informations supplémentaires sur la consommation d'énergie du client ; en soi elles sont déjà dans le compteur actuel mais ce dernier n'est pas en mesure de les traiter."
Répondre aux préoccupations des concitoyens
Sur l'aspect sanitaire, Philippe Monloubou a glissé avoir demandé aux services du ministère des Affaires sociales et de la Santé de se pencher sur le sujet. Une requête renvoyée à l'Anses, qui mène une étude ayant pris du retard et attendue "pour juin ou juillet". Verdict qui tombera tardivement, car d'ici là, des centaines de milliers de compteurs seront installés. Le plan de déploiement suit en effet un régime industriel : depuis le top départ donné en décembre dernier, 60.000 compteurs ont été installés en plus des 300.000 testés à Lyon, à Tours et dans une poignée d'autres villes. "La dimension logistique, la pose, l'installation représentent une grande part des coûts et pèsent le plus dans le modèle économique de Linky. Ce déploiement, qui semble satisfaire les élus, se fait en taches de léopard. Dans l'année, avec trois millions de compteurs installés, toutes les régions auront été en partie équipées. Puis fin 2017 toutes les grandes villes le seront. Puis fin 2018 tous les départements. Puis tout le territoire." Le pic sera atteint en 2018 avec un rythme de huit millions de compteurs installés. Libre aux habitants de le refuser. "Un taux de refus très acceptable pour l'instant, de l'ordre de 1 à 1,5 %." Ce déploiement se fait avec l'appui de l'Ademe (voir notre article du 28 janvier 2016) et "via les élus locaux" à qui des éléments de réponse sont donnés pour répondre aux préoccupations et attentes légitimes de leurs concitoyens face à cette nouveauté. "La transmission des données sera aussi très sécurisée, avec plusieurs barrières et clés de chiffrage avant d'alimenter le système d'information. La très pointue Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) nous épaule sur le sujet."
Avec les collectivités, un dialogue renouvelé
Philippe Monloubou a aussi fait un point sur l'évolution de la gouvernance d'ERDF. Le nom du distributeur, à qui 95% des collectivités concèdent la gestion du réseau, va changer dans les prochains mois. "Nous sommes à l'aube de transformations importantes, notre prochain conseil de surveillance actera de l'intégration en son sein d'un représentant des collectivités concédantes. Ce qui représente une évolution significative", a-t-il ajouté. Concernant le niveau de qualité du réseau de distribution actuelle, il s'est dit satisfait des progrès réalisés, notamment pour réduire sa fragilité dans certaines zones : "Cent millions d'euros ont par exemple été investis en cinq ans en Bretagne pour traiter les écarts chroniques." S'opère en outre une remise à plat des relations avec les collectivités : "Avant, certaines étaient très volontaristes pour ces rapprochements, d'autres faisaient de la résistance. Le travail engagé avec la fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) progresse bien. Des annonces seront faites à son prochain congrès triennal fin juin 2016 à Tours."