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Compte personnel de formation : comment deux régions abondent les comptes des actifs

Les régions Hauts-de-France et Pays de la Loire ont décidé d'abonder les comptes personnels de formation d'actifs. Une possibilité offerte depuis la fin de l'année par la Caisse des Dépôts, qu'elles exploitent chacune à leur manière. Avantages attendus : plus de simplicité et une meilleure appropriation des formations.

Après Pôle emploi et les employeurs privés (voir notre article du 4 septembre 2020), les régions s'ajoutent à la liste des financeurs susceptibles d'abonder les comptes personnels de formation des actifs. Alors qu'il est possible, depuis fin décembre 2020, d'abonder de manière automatique les comptes d'usagers dont les crédits sont insuffisants pour financer une formation, les régions Hauts-de-France et Pays-de-la-Loire ont notamment décidé d'utiliser ce nouveau service prévu par la loi Avenir professionnel. 

Un outil "efficace pour les personnes autonomes"

Ces régions comptent s'appuyer sur la simplicité de l'application, dont le succès est au rendez-vous puisque les demandes de formation via le CPF ont globalement plus que doublé (voir notre article du 19 janvier 2021) depuis 2019. Pour Karine Charbonnier, vice-présidente du conseil régional des Hauts-de-France, l'accès plus direct aux formations qualifiantes via l'application est prometteur. "Quand les personnes sont actrices de leur parcours, cela débouche davantage vers l'emploi. Le fait que ce soit plus accessible change tout", parie l'élue. La région, qui avait déjà mis en place les chèques "Pass Formation" dans ce souci de meilleur accès, s'est donc saisie du nouveau dispositif qui permet d'alléger davantage la procédure, tant du côté de l'usager que de la collectivité territoriale.

Même pari de simplicité du côté de la région Pays-de-la-Loire, qui voit dans l'abondement automatique la possibilité d'alléger en partie le travail des équipes à Pôle emploi. "L'outil est efficace pour les personnes autonomes, quand il n'y a pas l'enjeu d'accompagnement ou de validation du projet", observe son vice-président André Martin. En 2021, l'abondement régional automatique aux CPF visera les formations inscrites au répertoire spécifique (hors RNCP) au-dessus du niveau 4 tandis que Pôle emploi gardera l'enveloppe prévue par la région pour l'abondement aux formations de niveau inférieur. Au total, plus de 3.500 demandeurs d'emploi pourront bénéficier de ce coup de pouce financier d'un montant total de 8,9 millions d'euros. Dans cette même logique est prévu un autre abondement automatique de 4 millions d'euros pour a minima 444 formations qualifiantes de niveau 6 et 7 (de bac+3 à bac+5) visant des postes en tension (postes de management, d'ingénieurs ou de direction). 

Des usages différents

Si elles partagent le constat de la simplicité de l'outil, ces deux régions n'ont pas le même usage de l'abondement pour l'instant. En 2021, les Hauts-de-France prévoient 1.000 accompagnements mais avec des abondements pouvant aller jusqu'à 5.000 euros, à condition d'avoir 250 euros minimum sur son compte. La condition pour bénéficier d'un abondement automatique à une formation qualifiante est qu'elle ne figure pas au catalogue régional. "Cela nous permet de voir les formations émergentes", explique Karine Charbonnier.

Dans les Pays de la Loire, les abondements au CPF sont plus larges : outre le coup de pouce pour les demandeurs d'emploi, la région autorisera aussi l'abondement des comptes de 6.000 salariés dont l'entreprise est en difficulté et à hauteur de 1 500 euros dans le cadre de son dispositif "former plutôt que licencier". Condition : être employé dans l'une des 88 branches identifiées comme étant en difficulté à cause de la crise. "Cela permet de combler les trous dans la raquette car je ne suis pas persuadé que les petites entreprises vont mobiliser le FNE-Formation", explique André Martin.

Autre conséquence de la crise et à l'inverse des Hauts-de-France, la région ligérienne a décidé aussi d'abonder à hauteur de 1.600 euros, via le CPF, des formations aux permis de conduire. Un budget de 11,2 millions d'euros est prévu pour les jeunes de moins de 26 ans, d'un niveau infra-bac, engagés dans une formation. 7.000 jeunes devraient en bénéficier en 2021. Pour atteindre cette cible, la région compte sur la mobilisation des missions locales pour faire connaître cette possibilité d'abondement.