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Environnement - Comment adapter les forêts au changement climatique

300.000 hectares de forêts sinistrés en quelques heures et plus de 37 millions de mètres cubes de bois au sol : le bilan de la tempête Klaus qui a frappé le Sud-Ouest et plus particulièrement l'Aquitaine le 24 janvier dernier est une nouvelle illustration de la vulnérabilité de la forêt française à des épisodes climatiques extrêmes qui tendent à se répéter de plus en plus souvent.
"En 9 ans, nous avons subi deux tempêtes de fréquence centennale et dans l'intervalle deux autres de fréquence décennale, plus la canicule de 2003", illustre Laurent Piermont, président-directeur général de la Société forestière. Cette filiale de la Caisse des Dépôts, qui gère 237.000 hectares de forêts dans près de 70 départements a décidé il y a six ans d'intégrer les effets du changement climatique dans les orientations de gestion des forêts de ses clients et revendique un rôle de pionnière en la matière. "Malgré les doutes qui persistaient, nous avons estimé qu'il était plus raisonnable de croire au changement climatique et de lancer des actions pour préserver la valeur de nos forêts et les services qu'elles rendent et de profiter des retours d'expériences, explique Laurent Piermont. Et nous avons constaté que le coût de l'inaction est plus élevé que celui de l'action précoce. Ainsi, dans les Landes, nous avons réussi à sauver 150.000 m3 de bois grâce aux mesures d'adaptation que nous avons mises en oeuvre depuis plusieurs années." 

 

2050, période charnière

Tous les trois ans, la Société forestière revoit ses orientations de gestion en fonction des enseignements tirés des précédentes mais aussi des dernières données scientifiques, des observations de terrain et des échanges d'expériences avec d'autres acteurs du monde forestier. Elle a présenté le 3 mars les grandes lignes de ses orientations de gestion pour 2009-2011 qui visent à renforcer et à affiner les options prises au cours de la période 2006-2009 en prenant davantage en compte les particularités locales. Elle se donne d'abord comme repère l'année 2050 qui selon les chercheurs de l'Inra et de Météo France devrait être une période charnière sur le plan climatique, les épisodes caniculaires risquant de devenir la norme. "Ce repère nous permet de distinguer dès maintenant, pour leur gestion, les parcelles qui seront ou non alors à maturité", explique Laurent Piermont. En fonction de cette échéance et pour limiter les risques que pourraient subir les forêts de moins de 50 ans, les cycles de peuplement sont raccourcis et les essences à croissance rapide sont privilégiées. Autre choix : recourir aux essences de transition capables de s'épanouir dans le climat actuel et de supporter le réchauffement annoncé pour le futur - ce qui ne sera pas le cas d'espèces comme le chêne pédonculé ou le hêtre. La Société forestière a ainsi choisi,  pour les feuillus, des variétés comme le chêne sessile, le robinier, l'eucalyptus, le platane, l'aulne à feuille en coeur, le pommier, l'érable plane et sycomore et pour les résineux le douglas, le pin laricio, le pin maritime, le pin sylvestre, le cèdre ou le sapin de Turquie. Pour limiter l'exposition au risque de tempêtes, elle réalise des éclaircies précoces et moins fréquentes et compte aussi travailler à l'échelle d'un ensemble régional "car le vent suit un itinéraire déterminé par le paysage forestier qui a été construit par les hommes", souligne Laurent Piermont. Parallèlement, elle va réaliser pour chaque forêt qu'elle gère des cartographies locales des risques pour apporter des solutions sur-mesure. "L'enjeu est de préserver la forêt en toutes hypothèses, conclut Laurent Piermont. En anticipant les changements à venir, on pourra maintenir ses capacités de production."

 

Anne Lenormand

 

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