Réforme territoriale - Comité Balladur : les pays croient encore à leur avenir
Les rumeurs sur la suppression des pays vont bon train depuis que le président de la République a lancé le chantier de la réforme territoriale. Symbole pour certains du "mille-feuille teritorial" tant décrié, eux se défendent au contraire de constituer un échelon territorial à part entière. Reçus le 9 décembre par le comité Balladur sur la réforme des collectivités territoriales, comme ils l'avaient demandé lors de leurs états généraux fin octobre à Caen, Emile Blessig et Jean Glavany, respectivement président et vice-président de l'Association de promotion et de fédération des pays, sont sortis rassérénés après un entretien "serein et positif". "Monsieur Edouard Balladur s'est montré très intéressé par les présentations qui lui ont été faites et n'a pas manqué de rappeler que les pays avaient vu le jour par la loi Pasqua, sous son gouvernement", indique l'association, dans un communiqué. Cette loi Pasqua de 1995 en a jeté les bases avant qu'une loi Voynet de 1999 en précise les contours. Le pays a ainsi été créé à l'origine pour servir de courroie de transmission entre territoires ruraux et urbains. Ce n'est pas une structure administrative mais un territoire de projet. Le pays "apporte de la souplesse et de la liberté aux collectivités territoriales sur un territoire pertinent", à côté du "mille-feuille territorial". "Non seulement leur suppression ne changerait rien à leur existence effective, mais encore l'Etat ne pourra pas faire l'économie d'un échelon infra-départemental indispensable pour une action efficace de proximité", souligne encore l'APFP.
Une vision assez optimiste de la rencontre qui tranche pourtant avec celle des maires de villes moyennes reçus le lendemain même par le comité Balladur. "Manifestement, le comité Balladur est intéressé par toute proposition de simplification, de réduction des pays et de divers syndicats", a indiqué Philippe Bonnecarrère, le maire d'Albi, lors d'une conférence de presse à l'issue de la rencontre. La Fédération des maires de villes moyennes (FMVM) a fait valoir ses arguments sur la base d'une enquête réalisée auprès de ses adhérents. Un résultat sévère pour les pays puisque 56% des élus sont pour leur suppression. "Les pays sont de plus en plus perçus comme des structures territoriales", a déclaré Bruno Bourg-Broc, le maire de Châlons-en-Champagne, président de l'association. Or, toutes ces structures "absorbent beaucoup de temps, a-t-il poursuivi. On ne s'imagine pas ce que représente dans la vie d'un maire la présence dans tous ces organismes de consultation".
Michel Tendil