CNR Éducation : une dynamique et de premières tendances
La publication des premiers projets retenus dans le cadre du volet "éducation" du Conseil national de la refondation permet de tirer les premiers enseignements de la démarche qui, par ailleurs, connaît une "dynamique", selon le ministère de l'Éducation nationale.
Huit mois après son lancement, où en est la démarche du volet "éducation" du Conseil national de la refondation (CNR), baptisée "Notre école, faisons-la ensemble" ? Selon un bilan du ministère de l'Éducation nationale publié le 25 mai 2023, elle "connaît une dynamique inédite". Le caractère inédit de cette dynamique était attendu puisque la démarche consistant à élaborer des projets pédagogiques innovants pour améliorer la réussite, le bien-être des élèves et réduire les inégalités, le tout dans le cadre d'une large concertation locale, était elle-même… inédite.
Pour ce qui est de la dynamique, le ministère fait état de plus de 17.000 établissements engagés dans la démarche, soit près de 30% de l'ensemble des établissements scolaires. Près de 5.000 projets ont par ailleurs été déposés partout sur le territoire français, dont 1.500 sont d'ores et déjà validés. Si l'on se réfère au précédent bilan qui faisait état de 2.000 projets déposés début mars (lire notre article du 1er mars), on peut parler de "dynamique".
Parmi ces 1.500 projets validés, seuls 61 ont fait à ce jour l'objet d'une publication sur le site dédié de l'Éducation nationale. Un échantillon maigre, donc, mais qui permet de mettre en lumière certaines tendances.
Les écoles primaires visent les savoirs fondamentaux
En termes géographiques tout d'abord, on observe que les trente académies de France ont au moins un projet publié. Les académies de Créteil, Limoges et Normandie arrivent en tête avec quatre projets chacune, tandis que des académies aussi importantes que Lyon et Nantes, respectivement quatrième et cinquième académies en termes d'effectifs d'élèves, n'en comptent qu'un.
Les niveaux d'établissements qui se sont le plus emparé du sujet sont incontestablement les écoles primaires, qui représentent 52% des porteurs de projets, devant les collèges (25%) et les lycées professionnels (7%). Seuls deux lycées généraux et technologiques figurent parmi les premiers projets publiés (3%). On remarque encore 12% de projets regroupant des établissements de niveaux différents, essentiellement composés du couple école-collège.
Les projets du CNR Éducation étaient invités à aborder certaines thématiques. Parmi celles-ci, les savoirs fondamentaux arrivent largement en tête, avec 39% des projets publiés portant sur ce thème, dont les deux tiers élaborés par des écoles primaires. La thématique santé/bien-être/climat scolaire a été retenue par 13% des projets, avec cette fois une légère prédominance des collèges. Les thématiques "éducation artistique et culturelle" (10% des projets) et "numérique" (8%) arrivent ensuite, tandis que d'autres comme "école-famille", "lutte contre les inégalités" ou "sport et activités physiques" ne sont recensées qu'une fois chacune.
Les collectivités partenaires mais peu financeuses
Les premiers projets publiés nous donnent enfin une vision sur les montages, tant en termes de partenariats que financiers. On constate que les collectivités locales et territoriales sont partenaires de 85% des projets. Il s'agit souvent d'un partenariat direct de la collectivité, parfois d'un partenariat plus indirect par le biais d'une bibliothèque, médiathèque ou ludothèque, ou encore à travers une cité éducative, lorsqu'il en existe une sur le territoire.
Côté participation financière et matérielle, les projets détaillés jusqu'à présent font état d'une absence d'aide des collectivités dans 58% des cas. 27% des projets sont à ce jour aidés par subvention ad hoc de la part d'une collectivité et 10% le sont à travers une contribution matérielle ou humaine (mise à disposition de locaux ou de personnel). Enfin, dans 5% des projets, une participation financière de la collectivité est à l'étude.
Quant aux subventions du fonds d'innovation pédagogique (FPI) de l'État en faveur des projets dans le domaine de l'éducation – qui s'élève à 500 millions d'euros sur la durée du quinquennat, dont 150 millions pour 2023 –, elles sont en moyenne de 23.759 euros pour les 61 projets disséqués à ce jour. Mais cette somme est très loin d'être uniforme. Ainsi le projet d'"apprentissage des mathématiques et des sciences par une pédagogie plus ludique" dans un collège de Villejuif (Val-de-Marne) sera doté de 150.000 euros, alors que l'école élémentaire Louise-Michel de Gaillon (Eure) bénéficiera de 1.960 euros pour organiser dans ses locaux le premier salon du livre de la commune.