Archives

Environnement - Climat : le Comité européen des régions presse l'UE de rehausser ses engagements lors de la COP21

Le Comité européen des régions (CdR) a adopté le 14 octobre ses recommandations en vue de la conférence mondiale sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain. Le rapport, préparé par la conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d'Azur Annabelle Jaeger, demande en premier lieu à l'Union européenne (UE) d'aller plus loin dans ses engagements en matière de réduction des émissions carbone. "Nous savons que les engagements actuels visant à réduire les émissions pour l'après 2020 seront insuffisants pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C. C'est pourquoi je me réjouis de voir que, à travers la position que nous avons adoptée, les villes et les régions de l'UE sont mobilisées pour aller au-delà de l'objectif de l'UE d'une réduction de ses émissions d'ici 2030, a déclaré Annabelle Jaeger. Nos collectivités sont ainsi unies dans leur volonté de contribuer à réduire les émissions de l'UE de 50% et d'augmenter la part des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique de 40% d'ici 2030." A plus long terme, le CdR réitère son appel à viser un objectif zéro carbone en 2050 au niveau mondial, ce qui permettrait, selon sa rapporteure, d'"envoyer un signal fort à tous les pays et à tous les acteurs, notamment aux investisseurs, afin de réorienter l'économie mondiale loin des énergies fossiles". Au-delà des engagements nationaux, il demande à l'UE de soutenir l'inscription dans le futur accord de Paris de périodes d'engagement de cinq ans et de cycles de révision à la hausse des engagements à compter de 2025.
Le CdR, en sa qualité d'assemblée des représentants locaux et régionaux des 28 Etats membres de l'UE, plaide aussi pour la pleine reconnaissance du rôle des villes et des régions dans la lutte contre le changement climatique. Dans cette optique, il demande l'insertion dans le texte de l'accord d'"une référence claire à la contribution déterminante des autorités locales et régionales", "la mise en place d'un dialogue régulier et organisé avec les collectivités territoriales pendant le cycle des négociations et pas seulement durant les conférences internationales" et "l'adoption par la Cop d'un programme de travail sur l'action des villes et régions pour le climat afin de définir un modus operandi entre les collectivités et les Etats". Enfin, le CdR insiste sur la question du financement et recommande "un accès facilité pour les villes et régions aux principaux Fonds mondiaux pour le climat". "En particulier, un accès direct par les autorités locales et régionales des pays en développement les plus vulnérables aux fonds mondiaux pour le climat, notamment le Fonds vert, permettrait une action accélérée de ces acteurs dans une approche commune climat et objectifs millénaires pour le développement", précise-t-il.
Le CdR défendra ces recommandations à la fin de l'année à Paris, à travers sa participation à la délégation de l'UE à la COP 21.

Anne Lenormand

Le Parlement européen réclame "une feuille de route claire"

Dans une résolution adoptée le 14 octobre par 434 voix contre 96 et 52 abstentions, le Parlement européen estime que lors de la COP 21, l'UE et ses États membres doivent appeler à une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d'ici à 2030 et accroître les engagements sur le financement climatique. "Nous sommes face au combat du siècle. Si nous n’arrivons pas à permettre que la température mondiale ne dépasse pas 2 degrés d’ici à la fin du siècle, nous verrons la multiplication de sécheresses, d’inondations, de fonte des glaciers et de diminution des terres agricoles. Le changement climatique sera aussi un facteur aggravant du problème migratoire", a déclaré l'eurodéputé français Gilles Pargneaux, auteur de la résolution. "La question financière est et sera la pierre angulaire d’un accord à Paris. Nous demandons ainsi une feuille de route claire de la part des États membres afin de savoir comment financer le fonds vert à partir de 2020. L’attribution d’un prix du carbone à l’échelle mondiale permettrait également de faire en sorte que les technologies les moins polluantes soient les plus intéressantes pour les investisseurs", a-t-il expliqué.
Dans la résolution, qui représente le mandat de la délégation du Parlement pour la COP 21, les eurodéputés souhaitent aussi que l'Union européenne appelle à un objectif de 40% d'efficacité énergétique et un objectif de 30% d'ici à 2030 pour les énergies renouvelables. Ils demandent également une relance générale de la politique climatique de l'Union, qui serait conforme à son engagement de réduire, d'ici à 2050, ses émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95% par rapport aux niveaux de 1990.
Selon les eurodéputés, le protocole de 2015 devrait aussi "être juridiquement contraignant", "chercher à éliminer progressivement les émissions mondiales de CO2 d'ici 2050 ou peu après, de manière à maintenir le réchauffement climatique mondial en-dessous de la barre de 2°C de la manière la plus rentable possible", "lancer, si nécessaire, des travaux en 2016 afin de concevoir des mesures de réduction supplémentaires" et "inclure des périodes d'engagement de cinq ans dans le but d'éviter un enlisement dans un faible degré d'ambition".
Les eurodéputés se disent aussi préoccupés par l'analyse des effets cumulés des contributions en matière de réduction d’émissions présentées jusqu'à présent puisqu'elles donneraient lieu à une augmentation de la température globale moyenne comprise entre 2,7°C et 3,5°C. Ils invitent donc les parties à convenir, à Paris, d'une révision avant 2020 afin de les aligner sur les dernières évaluations scientifiques et sur un budget carbone global sûr compatible avec l'objectif des 2°C.
Le Parlement appelle également l'UE et ses États membres à adopter une feuille de route pour développer le financement "en vue d'apporter leur juste part au montant global de 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020". Il propose d'allouer comme sources de financement du climat certains quotas du système européen d'échange de quotas d'émission (SEQE), ainsi que des revenus provenant de taxes européennes et internationales sur les émissions des secteurs de l'aviation et du transport maritime. Enfin, le Parlement européen appelle toutes les parties à la COP 21 à travailler au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI) et de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à des mesures, avant la fin 2016, pour réduire les émissions du secteur des transports, qui est aujourd'hui le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. A.L.