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Départements - Claudy Lebreton : "Ce qui est sorti du Sénat nous va bien"

"2014 fut une année difficile pour les départements", reconnaît aisément aujourd'hui Claudy Lebreton, le président de l'Assemblée des départements de France (ADF). "Nous avons été touchés par un certain nombre de discours", poursuit-il. Ces discours, ce fut évidemment surtout ceux de Manuel Valls affirmant en avril que l'espérance de vie des départements n'irait sans doute pas au-delà de 2020 et de François Hollande déclarant que "les conseils généraux ont vécu". Depuis, l'exécutif est revenu – par étapes successives – sur ses pas. Certes, rien n'est gagné pour de bon. D'aucuns ont entendu l'évocation certes fugace le 20 janvier par le chef de l'Etat de "départements, qui ont été finalement maintenus, pour un temps"… Claudy Lebreton, qui s'exprimait lors des vœux de l'ADF organisés à Paris ce 28 janvier, appelle donc ses homologues présidents de départements à ne pas cesser de "se rassembler, se mobiliser".
En 2015, cette mobilisation portera notamment sur le devenir du projet de loi Notr. Une première étape jugée positive vient d'être franchie avec l'adoption du texte en première lecture, dans une version très sensiblement amendée… (voir notre article du 27 janvier). "Ce qui est sorti du Sénat nous va bien", résume le président de l'ADF, "il y a eu recherche d'un compromis". Un "compromis" qui, pour la majorité du Sénat, comprend rappelons-le le maintien des compétences actuelles du département en matière de collèges (avec, finalement, l'accord certes timide du gouvernement), de routes, de transports scolaires et de ports.
"Il faut que l'on ressorte de ce débat par le haut", poursuit Claudy Lebreton. Selon lui, les fondamentaux seraient aujourd'hui à peu près acquis : "Nous sommes d'accord pour que la région soit compétente sur le développement économique, pour que le département le soit sur les solidarités sociales et territoriale et pour un bloc local tourné vers les services publics de proximité". De ce fait, "un compromis est à portée de mains", prévoit-il, se référant au compromis entre le Sénat, l'Assemblée nationale et le gouvernement que le Premier ministre a plusieurs fois assuré souhaiter.

"101 départements, 101 métiers utiles"

2015, c'est évidemment "l'année électorale". Et pas n'importe laquelle puisque pour la première fois, c'est l'ensemble du territoire français qui sera concerné par les élections départementales, celles des 22 et 29 mars. Et que ce sera la première application de la loi Valls ayant totalement bousculé la carte des cantons et le mode de scrutin. Claudy Lebreton appelle d'ailleurs l'Etat à engager "un gros travail d'information civique auprès de nos concitoyens" pour expliquer cette élection et ses modalités. L'ADF vient d'ailleurs de son côté d'engager le processus en publiant ce 28 janvier dans le journal Le Monde une pleine page évoquant "101 départements, 101 métiers utiles".
S'agissant de l'éternelle question financière, on saura que l'ADF participera à la réunion du 10 février entre gouvernement et associations d'élus, avec en principe une attention spécifique qui sera portée au financement des allocations de solidarité (voir notre autre article de ce jour).
En matière de solidarité, justement, Claudy Lebreton s'est félicité que son association ait pu "bien travailler" avec les ministères sociaux et notamment avec la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. "Nous copilotons aujourd'hui plusieurs travaux", dont ceux liés à l'aide à domicile, a-t-il rappelé.
Ségolène Neuville, qui représentait le gouvernement lors de ces vœux de l'ADF, a pour sa part centré ses propos sur la "période particulière" que traverse le pays suite aux attentats et sur les responsabilités qui incombent selon elle aux élus locaux. "L'Etat s'est prononcé, sur la sécurité, l'éducation… Mais les collectivités locales ont aussi des responsabilités aujourd'hui. Car la République au quotidien, c'est vous, en tant qu'acteurs de proximité, qui êtes en prise directe avec le terrain, avec les citoyens". La secrétaire d'Etat a été plus loin en considérant que face à "des gens perdus", des gens qui ne comprennent par exemple pas bien pourquoi l'on défend la liberté de caricature alors que l'on punit certains propos… "Qui doit expliquer tout cela, remplir cette mission de pédagogie, si ce ne sont les élus locaux ?" Ségolène Neuville a d'ailleurs fait savoir qu'elle comptait engager un travail lié à la formation des travailleurs sociaux sur ces thématiques (laïcité, liberté…) et que l'ADF sera consultée.