Circuits alimentaires locaux : le RTES veut aider les collectivités à sécuriser davantage les producteurs
Face à des opérateurs de restauration collective parfaitement organisés, les collectivités et acteurs de l’économie sociale et solidaire doivent s’outiller davantage pour assurer des débouchés stables aux producteurs, selon Patricia Andriot, vice-présidente du RTES. Le réseau de collectivités veut expérimenter avec plusieurs territoires, pour les accompagner dans cet outillage et lever les blocages.
Le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) est présent au Salon de l’agriculture. L’enjeu est notamment de mettre en avant la façon dont des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) contribuent à des projets agricoles et alimentaires durables. Il s’agit surtout de répondre aux questionnements d’élus et de présenter les leviers d’action qui sont aux mains des collectivités, en particulier en matière de foncier et d’alimentation.
En 2023, le RTES avait animé quatre journées d’échange sur "l’ESS au cœur des dynamiques alimentaires territoriales", à Tarnos (Landes) et à Dijon (Côte-d’Or) et Langres (Haute-Marne). L’occasion de valoriser des démarches telles que celles du Comité du bassin d’emploi du Seignanx, porteur du pôle territorial de coopération économique (PTCE) Sud Aquitaine et d’une démarche alimentaire visant à structurer des circuits de proximité au bénéfice notamment de la restauration collective. Le projet s’appuie sur un restaurant d’insertion (porté par une société coopérative d’intérêt collectif, Scic), produisant actuellement 5.000 repas par jour principalement à destination d’écoles et de crèches du territoire, par la cuisine centrale municipale de Tarnos et par une légumerie-conserverie en cours de création (également sous forme de Scic) "pour renforcer l’offre en produits locaux". Cela en lien avec 20 maraîchers locaux, selon le site présentant la démarche.
De telles démarches, visant à renforcer les circuits courts alimentaires en agissant tant sur la production que sur les outils locaux de collecte et de transformation pour assurer des débouchés aux producteurs, ne sont pas si courantes aujourd’hui. "Plus que jamais, il faut travailler aux outils qui permettent de reconquérir de la valeur ajoutée sur les territoires", affirme Patricia Andriot, élue d’une intercommunalité rurale de Haute-Marne et vice-présidente du RTES. Animatrice du projet alimentaire territorial (PAT) du PETR du Pays de Langres, Patricia Andriot explique à Localtis à quel point le "rapport de force" n’est pas favorable aux collectivités et acteurs locaux désireux de territorialiser davantage les circuits alimentaires, face à des opérateurs de la restauration collective parfaitement outillés.
Expérimenter des "contrats d’engagements locaux" pour outiller les collectivités
"Sur mon territoire, aucun producteur local n’est capable de nous fournir 5.000 yaourts par jour pour les écoles, il faut donc organiser l’outil qui collecte les yaourts mais aussi recapter une part de marché pour cet approvisionnement local", illustre l’élue. Or, "le producteur aujourd’hui hésite à lâcher la proie pour l’ombre, il sait qu’il écoule son produit, mal payé mais avec une sécurité", poursuit-elle. Pour pouvoir rivaliser avec les acteurs économiques (la grande distribution en particulier), les collectivités et leurs partenaires (de l’ESS notamment) doivent être en mesure de disposer des outils logistiques adéquats et de "garantir une sécurité au producteur dans le temps".
Le RTES se propose donc d’expérimenter avec quelques territoires la mise en place de "contrats d’engagements locaux" pour outiller les collectivités et les aider à apporter cette sécurité aux producteurs locaux. La difficulté étant de trouver la bonne échelle : "Il faut qu’on massifie un peu pour y arriver mais si on massifie trop on réinvente les coopératives et le système qui existe", indique Patricia Andriot. Dans son territoire, "le comité de pilotage du PAT a fait le choix de ne pas inviter les grands opérateurs de la restauration collective". Le raisonnement de l’élue : "On gagne un peu en masse et après on pourra discuter avec eux."