Chasse-sur-Rhône : une cour d’école de vert et d’eau (38)

Un potager avec une fontaine à bras, un chemin de l'eau, des cabanes de saules tressés ouvrant sur un espace apaisé avec des bancs à l'ombre, des espaces de cailloux, un toboggan... la nouvelle cour de l'école maternelle du Château, mise en service en janvier 2022, n'a plus grand-chose à voir avec son « ancêtre » bitumée ! « Dès le début de notre mandat municipal, nous avons décrété l'urgence climatique et c'est à l'aune de cette urgence que nous avons engagé nos différents projets, indique Cédric Deglise, adjoint à la transition écologique et la démocratie locale. Rafraîchir la ville est ainsi devenu un enjeu majeur et les cours d'école, jusque-là très bitumées, sont des lieux à métamorphoser pour le bien-être de tous. »

Dès le début du mandat, la commune a recruté un chargé de mission transition écologique et démocratie participative. C'est avec lui que l'élu a commencé à travailler sur le projet d'agrandissement de la cour de l'école du Château : « Il s'agissait d'intégrer un espace situé en contrebas de la cour existante et comptant plusieurs grands arbres pour passer de 1 000 m² à 1 700 m² », précise l'élu. De manière concomitante, l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse lance un appel à projet Un coin de verdure pour la pluie, qui vise à désimperméabiliser et végétaliser les cours d’école pour mieux gérer les eaux de pluie. « Ça a été un formidable effet d'opportunité, qui nous a permis d'aller beaucoup plus loin dans le projet », souligne l'adjoint.

4 mois de concertation avec les usagers

La commune a d'abord souhaité consulter l'ensemble des parties prenantes du projet et mandaté l’atelier Pop-Corn, un cabinet d'assistance à maîtrise d'usage. La démarche a consisté à reconnaître les usagers comme des experts ayant un point de vue pertinent à faire valoir. La concertation s'est déroulée de décembre 2020 à mars 2021 pour révéler les enjeux, les freins et les opportunités du projet, face aux critères de l'appel à projet de l'Agence de l'eau. Un groupe d'acteurs éducatifs (enseignants, agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem), personnel d’entretien, animateurs périscolaires, parents d’élèves élus…) a formalisé le diagnostic de l'existant, imaginé la cour idéale et préfiguré les différents usages, selon les espaces de la future cour. Les parents ont été consultés via un questionnaire, auquel 70 % d’entre eux ont répondu. Les enfants enfin ont apporté leur pierre à l'édifice, dans le cadre d'ateliers mêlant lectures, comptines et photo-langage, avec vote sur des images inspirantes. En parallèle, l'association Naturama leur a proposé des animations pour mieux comprendre le cycle de l'eau et s’approprier le nouveau fonctionnement de la cour. Enfin, sur la base d'un plan de principe, les services techniques de la mairie ont été consultés, afin de limiter le travail d'entretien nécessaire sur cette cour.

Les travaux ont été réalisés sur la base du schéma de principe issu de la concertation, formalisé par un bureau d'études technique. Ils ont été effectués par l’entreprise Greenstyle pendant les vacances scolaires (été 2021 pour le gros œuvre et vacances d’automne 2021 et Noël 2021 pour les plantations). « Finalement, on a multiplié les usages possibles de la cour : conservé un espace pour les activités énergiques, mais aussi créé un espace apaisé et un espace sensoriel d'observation, de manipulation et d'expérimentation qui stimule l'imagination », indique l'élu. La place de l'eau est devenue conséquente : récupération de l'eau des toitures qui permet d'arroser le jardin potager avec une fontaine à bras, création d'une petite rivière support de jeux. Pour finir, plus de la moitié de la cour est aujourd'hui perméable : seuls la zone d'activités énergiques et l'espace de la butte à grimper restent imperméables, en enrobé et sol souple.

Une satisfaction générale

En juin 2022, 6 mois après la mise en service, la municipalité a sollicité la maîtrise d'usage pour évaluer la réalisation. « La satisfaction est générale : les enseignants constatent moins de tensions, car les enfants peuvent choisir ce qu'ils font à la récréation, les parents les trouvent changés grâce à ces nouvelles expériences. » L’espace de cailloux à l'ombre des arbres et le potager sont les lieux les plus appréciés des enfants. Petit bémol cependant, un travail d'entretien plus conséquent pour les services techniques, même s'il reste raisonnable : feuilles à ramasser, maintien en état de la pompe à bras, nettoyage plus complexe du fait de sols variés s’entremêlant (sable, gravier, terre…). « Associer les techniciens qui vont entretenir l'espace est un point de vigilance important. » Pour limiter leur travail, les enfants sont invités à remplir de grands sacs de pommes de pin ou de feuilles, vidés par les services techniques. Les arbres et arbustes plantés font aussi l'objet d'un contrat d'entretien avec une société privée partenaire durant les premières années.

Sorti de terre en un an et demi, ce projet inspire largement. « Nombre de nos collègues élus sont venus le visiter ou nous questionnent. Cette cour va aussi nous servir de référence pour penser le réaménagement de notre école primaire », précise l'élu. Et le conseil des enfants, sensibilisé au cycle de l'eau, pousse désormais les élus à équiper les bâtiments publics de récupérateurs d'eau !