Réseaux transeuropéens - Bruxelles débourse cinq milliards d'euros pour les axes transfrontaliers
Pas de saupoudrage mais des crédits concentrés sur une trentaine d'axes prioritaires : Jacques Barrot a présenté mercredi aux députés européens le programme de financement des réseaux transeuropéens (RTE) pour la période 2007-2013. Une enveloppe de 5,1 milliards d'euros destinés à désengorger les goulets d'étranglement du transport de fret et de voyageurs en Europe. Plus de la moitié du montant servira les tronçons transfrontaliers souvent "négligés" par les Etats membres. Avec un budget très serré, la Commission a dû faire des arbitrages en ne retenant que 78 projets sur les 200 propositions émanant des Vingt-Sept. "Si nous avions voulu donner cette forte impulsion à la réalisation de tous les projets, ce n'est pas de 5,1 milliards mais bien de 7,4 milliards dont nous aurions dû disposer", a déclaré le commissaire devant la commission Transports du Parlement. Les Etats membres et les collectivités sont donc appelés à financer les dépenses additionnelles. L'argent privé sera également mis à contribution dans le cadre de partenariats public-privé.
Alors que la Commission a fait de la lutte contre le réchauffement climatique une de ses priorités, c'est le rail qui s'en sort le mieux avec 74,2% des crédits européens. Les liaisons Berlin-Palerme et Lyon-Budapest se taillent la part du Lyon. Ces deux projets qui nécessitent le percement de deux tunnels transalpins engendreront en effet des coûts énormes. Le futur tunnel du Brenner dans les Alpes du Sud, entre l'Autriche et l'Italie, a reçu 786 millions d'euros de financement. Long de 63 kilomètres, il devrait ouvrir en 2022 et permettre d'alléger le trafic de camions dans la région. Le tunnel de 51,5 km du mont Cenis entre la France et l'Italie sera pour sa part financé à hauteur de 671,8 millions d'euros. Par ailleurs, le tronçon TGV Rhin-Rhône entre Lyon et Mulhouse a obtenu 198 millions d'euros. Il s'agira de la première ligne à grande vitesse évitant la capitale.
Bruxelles mise également sur le trafic fluvial qui reçoit 11,5% du total (contre à peine 2,7% pour les réseaux autoroutiers). Pour la France, qui a longtemps négligé ce mode de transport, c'est une véritable aubaine. Le canal grand gabarit Seine-Nord recevra en effet 420 millions d'euros. Long de plus de 100 kilomètres, il doit permettre de relier le réseau fluvial de la région parisienne aux canaux belges. Mais surtout, il permettra de sortir de leur isolement les ports de Rouen et du Havre par rapport aux grands ports que sont Anvers et Rotterdam.
La Commission financera également des projets de dimension plus modeste comme le pont de Kehl entre l'Allemagne et la France.
Le Parlement doit à présent se prononcer. Les choix de la Commission devront être entérinés début 2008.
Michel Tendil