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Politique de la ville - Borloo détaille son "plan de bataille", France urbaine et l'ADCF leur "pacte"

Invité des journées nationales de France urbaine, Jean-Louis Borloo a présenté, vendredi 6 avril à Dijon, les grandes lignes du rapport qu'il remettra d'ici peu au président de la République. Il appelle à un véritable sursaut et à la mobilisation de 48 milliards d'euros en faveur des quartiers de la politique de la ville. Le même jour, France urbaine et l'Assemblée des communautés de France (ADCF) ont appelé les élus locaux à signer un pacte d'engagement en faveur de la cohésion urbaine et sociale.

Le "plan de bataille" en faveur des quartiers de la politique de la ville et leurs 5,5 millions d'habitants, que Jean-Louis Borloo remettra prochainement au président de la République, ne comportera pas de demi-mesures. "Il faut un total big-bang institutionnel" et "il faut totalement changer la méthode", a plaidé l'ancien ministre de la Ville, le 6 avril, aux rencontres nationales de France urbaine organisées à Dijon.
"Le système est épuisé, divisé, éparpillé, sans stratégie. […] On confond les annonces de chiffres, de politiques, avec l'organisation des politiques", s'est-il inquiété devant plus de 300 représentants des grandes villes et intercommunalités ou métropoles. Les 40.000 travailleurs sociaux, cette "extraordinaire armée de la République" sont "épuisés à 17 heures" et "eux-mêmes entrés dans la précarité", s'est-il aussi alarmé. Avec "cette idée folle de l'appel à projets dans le domaine social", on les a transformés en dix ans en "chasseurs de subventions". Or, délaisser les quartiers populaires des villes, où "toutes les difficultés" du pays sont "concentrées", peut devenir "fatal", a-t-il prévenu, d'un air grave.

"Un grand outil pour la rénovation urbaine"

Avec à sa tête un "général Patton" (héros de la Seconde Guerre mondiale), le combat devrait être porté dans plusieurs directions, en commençant par "la qualité urbaine". Pour que les quartiers populaires soient "aussi beaux que les autres", l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), dont le fonctionnement est aujourd'hui "complexe", doit céder sa place à "un grand outil pour la qualité urbaine et le rattrapage des équipements publics", a estimé Jean-Louis Borloo. Cette "sorte de fondation" serait "un outil de la Nation" et non de l'Etat, à l'instar de "la Caisse des dépôts et consignations". Bénéficiant de "l'ensemble des financements des premières années de la rénovation urbaine" et "des actifs puissants de l'ensemble du monde de la collecte et du monde du logement", elle pourrait "à votre rythme, à votre disposition, récupérer toute la qualité urbaine de nos quartiers", a indiqué l'ancien maire de Valenciennes aux élus présents. En matière de rénovation urbaine, les pouvoirs publics ont déjà dépensé 48 milliards d'euros. Mais, "on n'a fait que la moitié du boulot", a-t-il dit. Il faudrait, selon lui, engager "autant" d'argent dans les prochaines années.

"Que l'Etat se concentre sur sa mission essentielle" : la justice et la sécurité publique

Le "big-bang institutionnel" se traduirait aussi par une synergie plus grande des caisses d'allocations familiales (CAF) et des départements pour la politique de l'enfance, ou encore la "fusion" de la médecine scolaire (service de l'Etat) avec les services départementaux de la protection maternelle infantile (PMI). Autre exhortation de Jean-Louis Borloo : "que l'Etat se concentre sur sa mission essentielle", à savoir "la justice" et la "sécurité publique".
Par ailleurs, les "mobilités", non seulement géographiques, mais aussi professionnelles, devront être améliorées dans les quartiers, a souhaité l'ancien président de l'UDI. Leur premier obstacle est l'"illectronisme", c'est-à-dire l'absence des connaissances nécessaires à l'utilisation des outils électroniques, a-t-il pointé. En jugeant nécessaire d'engager un "plan de lutte" de "600 millions d'euros par an", financé par "l'ensemble des tuyaux de la formation professionnelle". Jean-Louis Borloo a aussi appelé à mobiliser 200 millions d'euros pour que les territoires de la politique de la ville soient ceux de "l'excellence numérique".
Il faut enfin venir en aide aux "femmes" et aux "mamans", en sachant que "40%" des familles résidant dans les quartiers sont des familles monoparentales "à 90% dirigées par des femmes", a-t-il dit.

Le "pacte de Dijon"

La situation est "totalement redressable, extrêmement vite, à condition qu'on ait un vrai plan de bataille", a estimé Jean-Louis Borloo. Qui a, semble-t-il, enthousiasmé les élus. "Espérons que le gouvernement aura à cœur de s'inspirer du rapport de préconisations que [Jean-Louis Borloo] rendra", a par exemple réagi Marc Vuillemot, président de l’association des maires Ville & Banlieue de France.
L'ancien ministre peut d'ores et déjà compter sur le soutien des grandes intercommunalités et métropoles. Leurs deux associations, France urbaine et l'Assemblée des communautés de France (ADCF) ont préparé avec son aide, un "pacte pour la cohésion urbaine et sociale" (à télécharger ci-dessous), dans lequel elles listent une série d'"engagements" en matière de développement économique et d'emploi, d'habitat et de renouvellement urbain, de mobilités, d'éducation et de jeunesse, d'action sociale, de santé et de tranquillité publique. Elles appellent les présidents d'intercommunalités et les maires à signer ce "pacte de Dijon" d'ici la fin du mois. Jean-Louis Borloo le "fera valoir" auprès du chef de l'Etat et du gouvernement, a souligné Jean-Luc Rigaut, président de l'ADCF. Comme le gouvernement le fait sur les dépenses des collectivités locales, les intercommunalités veulent "contractualiser" avec l'Etat sur la cohésion urbaine et sociale, a déclaré le maire et président du Grand Annecy. Les maires et présidents d'intercommunalités attendent en effet de l'Etat qu'il s'engage sur les responsabilités qui sont les siennes (Education, sécurité, justice, santé).