Mobilités durables et solidaires dans les villes moyennes : une nouvelle offre de la Banque des Territoires

La mobilité urbaine joue un rôle essentiel pour améliorer la qualité de vie, l’attractivité économique et l’environnement des villes moyennes. La Banque des Territoires accompagne les localités lauréates du programme Action Cœur de Ville dans le développement d’une offre de mobilité qui vise à créer ou renforcer un espace urbain partagé et facile d’accès pour tous les publics, dans lesquels les flux de transports sont apaisés, sécurisés et respectueux de l’environnement.

Les villes moyennes : piliers majeurs du territoire  

Situées à mi-chemin entre les grandes métropoles et les zones rurales, les villes moyennes rencontrent des défis spécifiques en termes de mobilités. Si les contextes géographique, économique, démographique diffèrent entre les villes, toutes font face à la prédominance de l'usage de la voiture au quotidien. En effet, selon la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT), près de 70 % des déplacements1 dans les villes moyennes sont effectués en automobile. Après des dizaines d’années de dépendance à l’automobile, de plus en plus de difficultés liées aux structures urbaines influent sur la mobilité. Accès restreint aux centres-villes (notamment historiques), problèmes de stationnement, pollution sonore, pollution de l’air… Ces collectivités doivent désormais se réinventer pour sortir de l’hégémonie du tout-voiture et encourager la décarbonation des déplacements : en renforçant l’usage des transports en commun, en améliorant la qualité et la quantité des parcours cyclables et marchables, en facilitant l’intermodalité (TC, vélo, marche), notamment en développant des services associés (stationnements vélos sécurisés, consignes, MAAS, etc.).
Ces enjeux varient selon les spécificités de ces villes moyennes, ce qui implique d’enclencher localement des réflexions adaptées à chaque territoire. 

  • Les villes moyennes proches des grandes métropoles : comment prendre en compte le rabattement des flux liés aux déplacements quotidiens des habitants qui vont travailler dans les métropoles ?
  • Les villes moyennes au centre de zones de faible densité : comment, à travers la planification des transports, renforcer l’attractivité territoriale et économique, lutter contre l’isolement et la désertification ? 
  • Les villes moyennes touristiques : comment gérer des flux importants dans des délais réduits (week-ends, vacances), avec des risques de conflits d’usages à éviter pour ne pas altérer l’attractivité du site ?
  • Les villes moyennes jouant le rôle de métropoles régionales : c’est particulièrement le cas dans des villes insulaires, en Outre-Mer et en Corse par exemple, où les enjeux de dépendance vis-à-vis du territoire central sont forts.

Chaque ville rencontre de plus ses propres défis en fonction de sa localisation géographique, de son relief, de la présence de métropoles à proximité, etc. Dans les territoires ultramarins, les infrastructures routières sont particulièrement engorgées, les transports en commun existent peu, les enjeux techniques et technologiques d’adaptation des matériaux au climat tropical sont importants, les pratiques cyclables et marchables sont rendues difficiles par les conditions climatiques et par des parcours non sécurisés, etc.

Le fait d’avoir une multitude de spécificités rend très complexes l’analyse et la mise en place de mesures pour développer ou favoriser la mobilité. Mais des solutions existent pour prendre en compte l’ensemble de ces enjeux, et s'adapter aux besoins de chaque territoire.

Guillemette Pincent, Experte territoriale Action Cœur de Ville, Banque des Territoires

Faciliter les déplacements et décarboner les mobilités

L’objectif pour les villes moyennes est bien de répondre aux enjeux de mobilité de leurs habitants et usagers, tout en promouvant des modes de transport plus durables. Le basculement vers une mobilité décarbonée est essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les villes, améliorer la qualité de l’air et limiter les nuisances sonores.


Marche, vélo, intermodalité… De nombreux leviers à actionner pour une mobilité plus durable

Les mobilités actives, comme la marche ou le vélo, font également l’objet d’une réflexion de plus en plus importante dans les villes moyennes. En développant par exemple des infrastructures cyclables sécurisées, interconnectées, adaptées aux conditions climatiques (zones ombragées en cas de chaleur) et renforcées par des équipements et services complémentaires (conciergeries, stationnements sécurisés), le vélo peut devenir une solide alternative pour les déplacements au quotidien, et non uniquement pour les loisirs. De même, des trottoirs mieux pensés et mieux aménagés faciliteront les déplacements à pied de tous les publics. Augmenter la part du vélo et de la marche est ainsi un objectif clé des politiques de mobilité durable. 

Par manque de places de stationnement, d’infrastructures, de connaissance, trop peu de personnes ont aujourd’hui recours à plusieurs types de transports en un seul et même trajet. Améliorer l’intermodalité, c’est renforcer la mobilité et l’accessibilité des villes moyennes, en prônant notamment le développement des infrastructures mais aussi des services. Les gares sont des lieux intermodaux qu’il faut redynamiser au profit de l’ensemble du territoire, et c’est notamment pour cette raison que le programme Action Cœur de Ville 2 s’est ouvert aux quartiers de gare. L’aménagement de pôles multimodaux est à repenser dans cette perspective pour limiter l’usage de la voiture et développer des modes alternatifs.

La mise en place de réseaux de transports publics robustes, fréquents et accessibles est d’ailleurs un autre axe de développement important pour ces localités. Selon Transdev, 20%2 des habitants des villes moyennes métropolitaines effectuent leurs déplacements en transports publics.


La Banque des Territoires accompagne le développement des mobilités durables et solidaires

Avec une offre dédiée aux villes ACV, la Banque des Territoires accompagne les collectivités et leurs opérateurs dans les nécessaires transformations des mobilités sur leur territoire.

Elle vise à soutenir en particulier la décarbonation des mobilités, le renforcement des transports en commun, le développement des pratiques cyclables du quotidien, l’amélioration de la marchabilité des territoires. Une attention spécifique est apportée aux enjeux de mobilités dans les territoires ultramarins, au développement de l’intermodalité et à l’évolution des pratiques individuelles.

L’offre s’appuie sur toutes les possibilités d’intervention de la Banque des Territoires. Elle comprend des appuis en ingénierie spécifiques, ainsi que des possibilités variées de financement via des prêts long terme et investissements dans des sociétés de projets ou d’activités de services, ainsi qu’un accompagnement au déploiement de nouveaux services (autopartage, covoiturage, TAD, MAAS, …).

La mobilité dans les villes moyennes est un sujet au service de leur attractivité. C’est pourquoi il est important de le prendre en compte, et de proposer des solutions. Les différentes formes de mobilités ont un rôle à jouer dans la cohésion sociale et territoriale.

Guillemette Pincent, Experte territoriale Action Cœur de Ville, Banque des Territoires

Financer la décarbonation de la mobilité publique : l’exemple de SHYMED

La Banque des Territoires mobilise ses expertises et ses moyens financiers, de la conception à la mise en œuvre opérationnelle des projets.

C’est ainsi qu’elle a accompagné la ville de Dunkerque pour son projet SHYMED consistant en la conception, la réalisation, l’installation, la maintenance et l’exploitation d’une station de production par électrolyse et distribution d’hydrogène vert. Elle doit permettre d'avitailler une partie des bus de la ville et des véhicules de collecte de la Communauté Urbaine dès 2025. D’une puissance de 1,3 MW3, la station produira environ 500 kg d’hydrogène vert par jour. 

Coût total du projet : 14,5 millions d’euros. Il a pu voir le jour grâce à la collaboration de plusieurs partenaires : la Communauté urbaine de Dunkerque, la Banque des Territoires, qui apporte son soutien à hauteur de 4,2 millions d’euros en fonds propres et quasi-fonds propres, et Hynamics, la filiale hydrogène d’EDF.

Sources

1 Fédération National des Associations d’Usagers des Transports - Colloque : Les déplacements dans les villes moyennes
2 Source : https://www.transdev.com/fr/nos-solutions-et-innovations/villes-et-territoires/
3 MW : mégawatt

Guillemette Pincent 

Experte territoriale Action Cœur de Ville

Après des activités d’enseignement et de recherche, Guillemette PINCENT a rejoint la Caisse des Dépôts en 2009. Elle y a suivi différents programmes nationaux (PIA Ville de demain, NPNRU, Petites villes de demain) au sein de la Direction de l’investissement et de la Direction des prêts de la Banque des Territoires. Elle travaille désormais dans l’équipe de la Direction du Réseau qui pilote le programme Action Cœur de ville et y apporte son expertise à la fois territoriale et financière, notamment sur les sujets liés aux mobilités décarbonées, les quartiers de gare, l’habitat.