La revitalisation des centres-villes, à portée de main… et de données

Le numérique est un vecteur de développement et de revitalisation qui s’étend bien au-delà des métropoles. À travers ses programmes Action Cœur de Ville et Petites villes de demain, la Banque des Territoires soutient l’innovation territoriale et encourage les collectivités locales à renforcer l’usage des données publiques, pour en extraire de précieuses sources d’information et d’action. Un nouvel appel à manifestation d’intérêt vient d’être lancé sur l’utilisation des données appliquée à la transition écologique et à la biodiversité, après le succès d’un premier appel, en 2021, dédié au commerce et à la mobilité urbaine. Cet article en présente les enseignements.

Dans les villes moyennes comme dans les bourgs ruraux, la donnée constitue désormais une sorte de « nappe phréatique », en expansion constante, dont les ressources ne demandent qu’à être forées pour enrichir l’analyse des décideurs et mieux orienter les politiques publiques locales. 

« Aujourd’hui, encore peu de communes labelisées Action Cœur de Ville ou Petites villes de demain utilisent les données pour connaître les usages de leurs habitants, commerçants et entreprises, pointe Jeanne Carrez-Debock, responsable du programme Innovation territoriale et Smart city à la Caisse des Dépôts. La Banque des Territoires veut démultiplier l’utilisation des données par le plus grand nombre de collectivités locales, afin d’améliorer les services existants et d’en inventer de nouveaux ». 

Identifier les obstacles  

La donnée est en effet un actif essentiel et transversal pour comprendre un territoire et piloter une politique publique. Des obstacles se dressent cependant : l’utilisation des données est encore souvent perçue par les collectivités locales comme complexe, à la fois sur le plan de la gouvernance (qui produit les données, qui les partage, avec qui ?) et sur le plan technique (comment sont-elles traitées, avec quels outils ?). Les retours d’expérience entre collectivités aident à lever ces freins, en abordant la question par des usages concrets et leurs possibles retombées bénéfiques, plutôt que par la technique. 

En 2021, onze villes ont ainsi été retenues suite à un premier appel à manifestation d’intérêt, lancé en partenariat par la Banque des Territoires et l’association OpenDataFrance - qui accompagne les collectivités dans l’ouverture de leurs données. Ces collectivités locales ont bénéficié d’un accompagnement sur mesure pour faire mûrir leurs projets et prototyper des services sur les questions de stationnement, de mobilité et de commerce en centre-ville. 

Partager les enseignements 

Plusieurs livrables ont été réalisés et une synthèse de ce projet, mené en « intelligence collective », a été publiée fin 2021 par la Banque des Territoires. 

« Deux aspects essentiels sont clairement ressortis du processus, résume Marie Aboulker, experte territoriale à la Caisse des Dépôts. Tout d’abord, chaque commune dispose déjà d’une quantité importante de données, simples à utiliser. Dans le cas du stationnement en ville, ce sont par exemple les données des horodateurs, qui donnent une première connaissance des places disponibles, quartier par quartier, heure par heure. D’autre part, les informations issues des différents services communaux gagnent à être complétées par des données ouvertes provenant d’autres collectivités, notamment les intercommunalités, les entreprises, les offices notariés, les chambres des métiers, de commerce et d’industrie… ». 

Devant le succès de la première édition, la Banque des Territoires a décidé de reconduire le partenariat avec OpenDataFrance et d’ouvrir un nouvel appel à manifestation d’intérêt dédié aux questions de transition écologique, de résilience climatique, d’anticipation des risques naturels et de biodiversité. « Ce sont des sujets déterminants mais pour lesquels les collectivités disposent de trop peu de données et d’outils », indique Jeanne Carrez-Debock. 

 


L’exemple de Belfort 

Cette ville de 46 000 habitants a intégré des données de flux, géolocalisées, dans son système d’information géographique. L’outil décrit précisément les flux de personne en centre-ville, éclairant les mesures destinées aux commerçants, aux structures publiques et privées, déjà installées ou envisageant de s’implanter à Belfort. 

La cartographie restitue de façon dynamique les données sur les emplacements commerciaux et la fréquentation dans le centre de Belfort. 


 

Gros plan sur le commerce de proximité

La Banque des Territoires pilote au plan national le programme dédié au commerce de proximité, avec une priorité donnée au digital, indispensable pour mesurer l’activité et l’attractivité des centres-villes, et accompagner la transformation en réponse aux évolutions des pratiques de consommation. L’importance de ce thème a d’ailleurs été confirmée par les résultats du premier appel à manifestation d’intérêt. 

« Pour être partageable, la donnée doit être standardisée et normalisée, précise Jeanne Carrez-Debock. Ce point est particulièrement important lorsque l’on s’intéresse aux commerces, pour lesquels les collectivités partagent les mêmes questions : comment définir les types de locaux vacants ? Quelles en sont les caractéristiques (emplacement, propriétaires, durée de la vacance commerciale, état du bâti, possibilités de transformations) ? Comment mesurer la fréquentation des centres-villes ? Au-delà de la question de la structuration des données, se pose la question essentielle du partage de ces informations entre services municipaux, partenaires privés et publics ».

« En matière de commerce, la Banque des Territoires investit également dans des sociétés foncières de redynamisation territoriale, qui rénovent des fonds et les proposent avec des niveaux de loyers abordables. Nous finançons aussi les postes de managers de commerce créés par les villes labellisées Action Cœur de Ville et Petites villes de demain », indique Marie Aboulker.

Des soutiens diversifiés et complémentaires en faveur de la ville intelligente  

Outre ces appels à manifestation d’intérêt, l’engagement de la Banque des Territoires dans les programmes Action Cœur de Ville et Petites villes de demain prend plusieurs formes complémentaires.

En amont de leur stratégie numérique, les collectivités peuvent bénéficier de missions de conseil prodiguées par des cabinets spécialisés, mais aussi de guides pratiques et d’un service dédié à l’évaluation et à la formation aux compétences digitales.

Elles disposent également d’un accès libre aux données cartographiques Dataviz Action Cœur de Ville et Dataviz Petites villes de demain, à l’échelle de chaque quartier, enrichies d’informations de flux grâce au partenariat avec la société Mytraffic.

Enfin, la Banque des Territoires a constitué un annuaire d’entreprises innovantes œuvrant dans les territoires, tout en investissant dans des entreprises novatrices comme Open data soft, Manty et Spallian.

Les collectivités ont ainsi tous les atouts en mains pour faire fructifier les données au service des politiques publiques.
 

Jeanne Carrez-Debock

Responsable du programme Smart city à la Banque des Territoires

Diplômée de l’école de commerce emlyon et d’un troisième cycle en développement local à la Sorbonne, Jeanne Carrez-Debock rejoint en 2005 le cabinet EY en tant que directrice de missions, spécialisée dans le développement territorial. Entrée en 2011 à la Caisse des Dépôts, elle est désormais responsable du programme Innovation territoriale et Smart city.

Voir son profil LinkedIn

 

Marie Aboulker

Experte territoriale à la Banque des Territoires

Marie Aboulker a rejoint la Caisse des Dépôts en 2017, puis le programme Action Cœur de Ville en 2018. Précédemment, elle fut chargée de mission au sein du Commissariat général à l’égalité des territoires. Elle est diplômée de masters de Sciences Po en stratégies territoriales et urbaines et de l’EHESS en sciences sociales.

Voir son profil LinkedIn