Aménagement - Axe Seine : redonner un cap aux villes portuaires
L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a présenté le 20 septembre une étude sur la compétitivité des villes portuaires de l'axe Seine (Le Havre, Rouen, Paris, Caen). Elle inaugure une série d'une dizaine d'études sur les villes portuaires dans le monde. Premier constat : cet axe dispose d'indéniables atouts. La bonne accessibilité nautique du port du Havre en est un, tout comme la proximité de cette ville portuaire avec une métropole non-portuaire (Paris), ce qui fait de cet ensemble se présentant sous la forme d'un "corridor étendu" un cas "relativement unique dans le monde". Reste qu'après une décennie de taux de croissance jugés "décevants", la performance des ports normands n'est pas à la hauteur.
Pour expliquer ce déclin, l'argument souvent avancé est celui de la désindustrialisation. Mais l'OCDE le bat en brèche et en avance un autre : un "arrière-pays naturel" sur lequel ces ports n'ont plus la main et où des concurrents étrangers ont nettement percé. Le risque est que l'arrivée du canal Seine-Nord accentue encore cette situation. D'ici là, l'OCDE préconise donc de développer une stratégie commerciale portuaire proactive, afin qu'un port comme celui du Havre ne soit plus perçu négativement par ses usagers et armateurs. Selon l'étude, il serait actuellement considéré comme un "hub portuaire européen mineur". "L'absence d'innovation institutionnelle ayant aussi freiné le développement du report modal et les ports s'étant peu impliqués dans les politiques d'hinterland et l'articulation des chaînes logistiques, il devient impératif de coordonner leurs initiatives", ajoute ce rapport.
Les défauts d'intégration régionale
Dans son analyse de l'impact qu'ont ces ports sur le territoire normand, l'OCDE n'est pas moins sévère. "La valeur ajoutée des clusters portuaires du Havre et de Rouen représentaient environ 7 milliards d'euros en 2005, soit 21,3% du PIB régional. Mais la plupart de ces effets économiques indirects ont un impact sur la région parisienne, sur le reste de la France, et pas en Normandie." Avares en données économiques, les administrations portuaires auraient tout intérêt, selon l'étude, à plus de production, de transparence et de mise en avant de leur valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée, ce rapport l'analyse et la remet en perspective, en la comparant à celle que génère d'autres zones portuaires d'Europe. A Rotterdam par exemple, des synergies ont été explorées, que le port de Rouen pourrait lui-même mieux exploiter, avec les secteurs de la logistique et le secteur agricole. "Rouen est le premier port français de céréales mais cela ne crée guère de valeur ajoutée pour l'économie régionale dans son sens large", note l'étude. Elle recommande par ailleurs d'améliorer dans ces ports les partenariats avec le secteur privé, d'envisager des stratégies de diversification économique dans les villes du Havre et de Rouen, d'améliorer l'interface entre mer et fleuve au Havre, de promouvoir des systèmes de gouvernance plus efficaces et "d'encourager les collectivités le long de l'axe Seine à se regrouper en association pour faire entendre leur voix et développer des actions de groupe".
Le verdissement de l'axe Seine
Au Havre, les autorités portuaires ont porté leur effort sur la gestion des déchets pour les navires desservant le port et mis sous contrôle l'activité portuaire elle-même, indique le rapport. Des programmes de mesure ont par ailleurs été conduits, sur le bilan carbone des activités ou sur le fonctionnement de l'Estuaire. A Rouen, un comité de suivi du dragage et des projets d'expérimentation de clapage (immersion) des sédiments ont été mis en place. Et à Caen et Ports de Paris, des efforts ont été également déployés pour améliorer la prévention, la gestion des produits dangereux et développer le management environnemental. "Mais il serait utile et efficace que ces quatre ports et surtout les trois ports maritimes améliorent leur communication extérieure et affinent leur image en tant que port vert", conclut l'étude.