Astrid Panosyan-Bouvet va lancer une négociation sur les reconversions professionnelles

La ministre du Travail annonce le lancement de négociations sur les reconversions professionnelles, confiées aux partenaires sociaux pour un atterrissage espéré en juin avec une transposition législative. Objectif : simplifier un système jugé peu lisible et peu efficace, à l’image des transitions collectives qui n’ont pas trouvé leur public. 

Un taux de chômage qui remonte mais des financements publics en baisse (lire notre article du 6 mars)... C’est dans ce contexte défavorable que la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, doit désormais manœuvrer. Jeudi 3 avril, elle s’est exprimée sur ses dossiers en cours, devant l’Association des journalistes de l’information sociale. 

En matière de politiques d’emploi et de la formation, c’est désormais sur l’optimisation des dispositifs existant qu’elle met le cap. Alors que le taux de jeunes ni en études, ni en emploi ni en formation continue d’être particulièrement élevé en France (lire notre article du 17 mars), révélant des "difficultés structurelles" selon la Cour des comptes (lire notre article du 19 mars), la ministre estime qu’il faudrait "une stratégie plus globale". "Il faut qu’on travaille tout l’écosystème." 

Elle appelle ainsi à sortir d’une logique de "comptage". Si des jeunes sont effectivement accompagnés par les missions locales et France Travail, "on se soucie moins bien de la sortie, vers des solutions qu’on peut dire structurantes, que ce soit pour les jeunes, le raccrochage scolaire ou la formation, en apprentissage ou à l’école de la deuxième chance". 

Sur le sujet de l’apprentissage, elle annonce vouloir "donner beaucoup plus la main aux branches pour fixer les coûts contrat en fonction des besoins des entreprises et des compétences d’avenir". Par ailleurs, l’État se réservera aussi le droit de flécher vers "certains secteurs, certaines formations dont on a aujourd’hui besoin", a-t-elle dit, citant l’industrialisation et la décarbonation. Quant au sujet de la qualité de l’entreprise, la ministre renvoie au renforcement de la certification Qualiopi, un travail déjà en cours. La proposition de loi Cazenave contre toutes les fraudes aux aides publiques qui a été votée dans la nuit du 2 ou 3 avril au Sénat, permettra d’agir contre les fraudes à l’apprentissage, a-t-elle expliqué.

L’insertion par l’activité économique sommée de "sortir d’une logique d’entrée"

"Arrêtons d’être dans une logique d’entrée et soyons dans une logique d’accompagnement", a-t-elle appelé, s’agissant des bénéficiaires du RSA, public au cœur des objectifs de la loi pour le plein emploi. Malgré l’appel à un moratoire sur le futur décret "sanction" dans le secteur associatif (lire notre article du 26 mars), la ministre maintient ses orientations, dévoilées par la presse via un document de travail envoyé aux départements (lire notre article du 24 mars). "C’est quelque chose qui sera collégial et progressif", précise-t-elle concernant les futures décisions de sanction-remobilisation. Pour déterminer la part de l’allocation qui pourra être suspendue (entre 30% et 100%), la ministre indique "faire confiance aux agents de première ligne", qui seront chargés de placer le curseur. 

La ministre ne semble pas tout à fait satisfaite des résultats de l’insertion par l’activité économique en termes de retour à l’emploi. "On peut sortir d’une logique d’entrée et améliorer la logique de sortie", indique-t-elle, prenant pour modèle les entreprises de travail temporaire d’insertion, plus proches de l’emploi que les ateliers et chantiers d’insertion. Il faudrait, selon elle, "des structures d’accompagnement qui s’inscrivent dans des logiques de filière (…) plus en capacité d’accompagner les plus éloignés de l’emploi vers une reprise d’activité", donnant l’exemple des activités de recyclage ou des circuits courts. Le secteur lui apparaît comme étant, à ce jour, très "morcelé". 

Négociation sur les reconversions professionnelles

En matière d’accompagnement aux reconversions professionnelles, un sujet de préoccupation dans le contexte de hausse des licenciements économiques et des plans sociaux, la ministre va lancer des négociations entre partenaires sociaux "dans les prochains jours". L’objectif serait d’en intégrer les résultats dans le futur projet de loi prévu pour juin prochain qui transposera plusieurs accords nationaux interprofessionnels (en matière de dialogue social, d’emploi des seniors, et d’assurance-chômage) conclus entre syndicats et organisations patronales.

Sur ce dossier, Astrid Panosyan-Bouvet estime qu’on peut "faire très largement mieux". Elle se positionne en faveur d’un regroupement entre le dispositif des transitions collectives (Transco) et la promotion par l’alternance, lequel permet aux salariés en emploi de changer de métier ou d’être promu dans son travail via une formation prise en charge par l’opérateur de compétence. Le contrat de professionnalisation pourrait être le "bon réceptacle" pour simplifier.

 

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